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vendredi 7 juin 2024

La Fondation Baur à Genève

La Fondation Baur, sise à la rue Munier-Romilly à Genève, regroupe une imposante collection d’art d’extrême-orient. On y trouve essentiellement des objets de Chine et du Japon. 

Alfred Baur est né en 1865 à Andelfingen, dans le canton de Zurich. A cette époque - on a tendance à l’oublier - la Suisse était un pays pauvre et ses habitants devaient souvent s’exiler pour survivre. C’est ainsi qu’Alfred Baur est parti pour Ceylan (Sri Lanka) pour chercher un sort meilleur. Il y a fait pousser des noix de coco et, pour améliorer sa production, il s’est mis à leur chercher des engrais. C’est ainsi qu’est née la compagnie Baur & C° (https://www.baurs.com/about-us/) qui a fait sa fortune et qui existe encore de nos jours. 


Au cours de ses voyages dans cette partie du globe, il s’est passionné pour les arts orientaux. Sa collection est considérée comme l’une des plus belles en Europe à l’heure actuelle. A l’époque du séjour de Baur à Ceylan, le Japon et la Chine étaient très à la mode et suscitaient beaucoup d’intérêt. Ne parlant aucune langue orientale, il a pu compter sur l’aide précieuse de Tomita Kumasaku, un expert japonais qui lui servait d’intermédiaire et de traducteur.  


A l’étage consacré au Japon, on peut voir toutes sortes d’objets extrêmement fins et subtils, aussi beaux qu’étranges : des sabres et des gardes sabre (tsubas), des netsuke, des boîtes laquées, des pinceaux en cheveux de femme, des pipes, des estampes, un énorme paravent magnifique, des boîtes à thé, des vases et des plats en porcelaine. On y découvre également le concept du wabi-sabi, à savoir la beauté de l’imperfection, la grâce d’une fêlure, l’émoi que provoque un craquèlement. Il est frappant de constater à quel point les échanges et les voyages étaient fréquents à l’époque. Alfred Baur était très déterminé et d’une patience infinie lorsqu’il s’agissant d’acquérir telle ou telle pièce exceptionnelle.


L’art japonais et chinois se sont influencés mutuellement, suite à de nombreux contacts et échanges entre ces deux cultures. La production de céramique en Chine remonte au 5ème millénaire avant J-C. Céramique est le terme générique englobant des objets en argile cuite, tels que faïence et porcelaine. Le grès résulte d’une argile riche en silice, cuite à très haute température. La porcelaine, quant à elle, doit ses qualités, sa finesse et sa beauté au kaolin, une argile blanche, friable et réfractaire, composée essentiellement de silicates d’aluminium. Un important gisement a été découvert à Jingdezhen, dans la province de Jiangxi, et ce lieu était le centre de la production impériale dès 1004. Sa production est longtemps restée confinée à la Chine et sa recette un secret bien gardé. Du kaolin a toutefois été découvert à Meissen (Allemagne) en 1709, puis à Limoges (France), ce qui a permis à ces deux villes de devenir d’importants producteurs de porcelaine en Europe. Le musée expose également des céladons, nés d’un accident de cuisson, ainsi que des objets en jade d’une finesse extraordinaire. Les porcelaines aux motifs blancs et bleus ont connu leur apogée au cours de la dynastie Ming (1368-1544). Les faïences de Delft et les azulejos ibériques tirent certes leur origine de ces céramiques d’extrême-orient, mais il s’agissait au départ d’une production destinée aux marchés moyen-orientaux, amateurs de ces motifs bleus et blancs. Comme quoi la beauté naît des échanges pacifiques entre cultures parfois très éloignées. 


Peu avant sa mort, Alfred Baur fit l’acquisition de l’hôtel particulier qui abrite le musée de la Fondation. Aujourd’hui, le public peut non seulement visiter les collections, mais aussi participer à toutes sortes d’activités culturelles : cérémonie du thé, atelier de dessin ou de haïku, visites thématiques et conférences. En cette année 2024, la Fondation fête son 60ème anniversaire. Pour célébrer cette date, l’accès au musée est libre tous les samedis ! Qu’on se le dise !


fondation-baur.ch 


Estampe créée par ChatOn 😀


Jardin japonais à la Fondation Baur



lundi 19 avril 2021

J’habite une rue de femme


En 2019, le Canton de Genève a décidé de frapper un grand coup en faveur de l’égalité entre hommes et femmes, une thématique d’une grande actualité, à peine éclipsée par la pandémie de la Covid-19. Des mesures ont-elles été prises pour faciliter la garde d’enfants, afin que les femmes puissent travailler sans devoir cumuler des doubles journées ? A-t-on décidé de soutenir et de soulager les proches-aidants, qui sont quasi-exclusivement des proches-aidantEs, afin de leur épargner épuisement et burn-out ? A-t-on décidé d’imposer l’égalité salariale ? Oh que non, on a fait bien mieux que ça : on a rebaptisé dix rues pour leur attribuer le nom d’une femme. Et ce n’est qu’un début, il est question de renommer 100 rues au total, de quoi déboussoler tout le monde. À une époque où nous sommes tous en manque de repères, où les budgets publics sont saignés à blanc à cause de la pandémie, où les restaurants, petits commerces et artistes sont à genoux, l’Etat juge opportun de gloser sur le sexe des rues…..

C’est ainsi que depuis le 1er mars 2020, la place de Chevelu s’appelle place Ruth Bösiger. Une illustre inconnue, au nom très laid (elle n’y peut rien, la pauvre….) dont le mérite pour passer à la postérité est d’avoir été vendeuse. Oui mais attention : vendeuse anarchiste ! Les bras m’en tombent…. Un peu plus loin, il est proposé de rebaptiser la rue des Etuves : Rue Cécile-Biéler-Butticaz. C’est simple, facile à retenir, facile à épeler pour le chauffeur de taxi qui doit venir vous chercher. Et qu’a fait cette délicieuse personne pour avoir une rue à son nom ? Elle était ingénieure. Ingénieure en quoi, on ne le saura pas, mais on félicitera cette représentante du sexe faible d’avoir réussi à occuper un métier généralement perçu comme masculin. Pourrait-on imagine l’inverse ? Un homme aurait-il droit à une rue à son nom parce qu’il était jardinier d’enfant  ou infirmier ? D’autres nouveaux noms de rue sont : les Trois-Blanchisseuses, une directrice de musée, une cheffe d’un service de  

sténographie. Parmi les « plaques roses », c-à-d les projets de changement qui ne sont pas encore officiels, il y a de nombreuses candidates à une élection, des noms à coucher dehors comme Marie Goegg-Pouchoulin, militante féministe et fondatrice du
Journal des femmes, Eva Evdokimova, danseuse étoile états-unienne dont le seul lien avec la ville de Genève est qu’elle y est née; Marie-Sidonia de Lenoncourt, une aventurière et héritière dont je peine à comprendre le lien avec Genève; Mary Wollstonecraft Godwin, qu’il serait bien plus simple d’appeler Mary Shelley, le nom par lequel elle est connue pour être l’auteur de Frankenstein, mais évidemment, on ne va pas lui donner le nom d’un homme….; deux prostituées, Grisélidis Réal et Anna S. qui s’est suicidée en se jetant par la fenêtre d’une maison close. Voilà qui mérite clairement une rue à son nom… On notera également que 2% des femmes ainsi honorées sont des putes.

Pourquoi remplacer un peintre par une musicienne ?
Des ouvrières, des péripatéticiennes, des vendeuses anarchistes, des personnes qui sont nées ou décédées à Genève ou alors qui y ont fait un bref séjour, quel palmarès ! Il y a évidemment une bonne raison à cela : autrefois, les femmes ne pouvaient pas être écrivain, artiste, chercheur, mathématiciennes, pilote d’avion, athlète …. Certaines y sont certes parvenues, soit parce qu’elles ont eu la chance de naître dans une famille ou un milieu plus tolérant et libéral, soit parce qu’elles étaient dotées d’une personnalité hors normes. Il me semble que cet exercice un peu vain ne fait que souligner l’absence des femmes parmi les grands noms de l’histoire et je ne pense pas que ce soit vraiment constructif ni favorable à la cause féministe. En outre, c’est là le résultat des revendication d’une minorité d’excitées qui pensent ainsi changer la face du monde. Sur la page Facebook Ville de Genève Officiel, il n’y a que des commentaires outragés, choqués par ce gaspillage des deniers publics et qui disent véhémentement que c’est parfaitement débile. Parmi les voix critiques, il y a également des femmes. 



Le féminisme prend actuellement une tournure vraiment hystérique, c’est bien le cas de le dire. Les hommes affirment d’ailleurs ouvertement qu’ils ne peuvent plus rien dire, le simple fait d’être mâle les disqualifie d’office, tout comme le fait d’être blanc, ce qui n’est même pas pertinent en l’espèce, puisque les cultures non-occidentales sont bien plus patriarcales et machistes. Une paroi violette, couleur de la Grève des Femmes, portant le titre « Quelle est ta colère » sert d’exutoire aux femmes brimées de Genève. On peut y lire des jérémiades telles que « le non-remboursement de la pilule » ou encore « on ne me demande pas de goûter le vin ». Ciel, dans quel monde machiste vivons-nous ! Ces pauvre chéries ne se doutent pas qu’il fût un temps où la pilule n’existait même pas et qu’il fallait être mariée pour l’obtenir une fois qu’elle existait. Et il n’y a qu’à se proposer de goûter le vin, c’est ta faute si tu t’entoures de machos, ma cocotte ! En Afrique, les femmes n’ont pas ce genre de problèmes. 



La ville de Berlin a voulu harmoniser les feux pour piétons, c-à-d supprimer les petits bonshommes (Oh ! Encore des hommes !) verts et rouges de Berlin-Est, pour les remplacer par le modèle dominant, celui de Berlin-Ouest. Cela a provoqué une levée de bouclier et des actions citoyennes. J’espère que les citoyen·x·nes de notre bonne ville de Genève se soulèveront comme une seule femme pour que nous puissions garder les noms de rues que nous connaissons tous·x·tes (je crois que c’est comme ça qu’on doit écrire pour parvenir à l’égalité entre les sexes).


A noter que, suite à l’invitation du Département du Territoire à leur adresser des questions, j’ai eu droit à une réponse personnalisée du Conseiller d’Etat compétent en la matière : 




https://www.geneve.ch/fr/actualites/ville-geneve-feminise-noms-rues


https://www.geneve.ch/sites/default/files/2020-08/la-ville-de-geneve-feminise-10-noms-de-rue-2020-communique-de-presse.pdf


https://www.geneve.ch/fr/actualites/dossiers-information/objectif-zero-sexisme-ville/espace-public/noms?fbclid=IwAR1VyjPAGyzfwQig7DZJWh_f4JRNVlgaJrOWeLZkYGlx_bO2ZHFTxxogewI


https://www.ghi.ch/le-journal/geneve/la-feminisation-des-rues-sinvite-dans-les-municipales


https://100elles.ch


https://www.ghi.ch/le-journal/geneve/noms-de-rues-femmes-vous-aime 


https://plr-villedegeneve.ch/2020/02/feminiser-les-noms-des-rues-a-geneve-ou-les-dernieres-frasques-de-salerno/ 


Ne vaudrait-il pas mieux jouer les œuvres de cette femme pour la faire connaître ?


Voici un texte de la journaliste Anne Cendre, qui décrit les dix femmes dont les noms figurent dorénavant parmi les rues de Genève

https://annecendre.blog.tdg.ch/archive/2021/06/07/baptemes-de-rues-315718.html#c586046


mercredi 2 janvier 2019

Une nuit blanche avec Nez Rouge



Cela fait maintenant onze ans que je participe à l’opération Nez Rouge qui a lieu chaque année en décembre à Genève. Cette phrase d’ouverture est quasiment identique à celle que j’ai écrite en décembre 2010 sur le même sujet. Au fil des ans, l’expérience s’accumule, la technologie embarquée dans les voitures est de plus en plus pointue, mais le scénario des nuits blanches, la collaboration avec de parfaits inconnus et les surprises à chaque coin de route font partie du tableau, de façon immuable.


Mes premières courses, en 2007, se déroulaient surtout dans le canton de Genève, ma toute première destination étant le domaine de Châteauvieux. Nous allions de Dardagny à Hermance, avec parfois une incursion à Annemasse. Au fil des ans, les trajets s’allongent étrangement. Nous allons très souvent en France voisine et, pour moi, cette nuit du 31 décembre 2018 s’est essentiellement déroulée dans le canton de Vaud. Il devrait y avoir un poste relais à Gland pour prendre en charge les automobilistes qui vont plus loin vers l’est. Visiblement, ils manquent de bénévoles, raison pour laquelle nous, une équipe genevoise, sommes tout d’abord allées de Gingings à Céligny, ensuite de Châtelaine à Renens, puis de là, nous avons fait une course de Marchissy (Mais où est donc ce bled perdu ???) à Genolier. La mission suivante nous envoyait chercher nos « clients » à Longirod: quand j’ai programmé mon GPS, j’ai cru qu’il était détraqué: nous retournions exactement là d’où nous étions venus ! Les deux localités sont sur la route du col du Marchairuz, une chaussée étroite qui serpente dans la nuit et qui semble jamais n’en finir. Qu’à cela ne tienne, après avoir décidé de faire confiance au GPS, nous avons attaqué le même itinéraire, qui entretemps nous était devenu familier. Une fois arrivées à Nyon (Ouf! une destination à peu près normale !), la centrale à voulu nous envoyer à Saint-Cergues….. Oh là! Pas d’ça, l’ami ! La plaisanterie avait assez duré, surtout qu’il était passé 05:00, heure à laquelle les missions sont normalement terminées. Le compteur indiquait déjà plus de 200km, effectués en pleine nuit, une nuit d’autant plus noire qu’il fallait attentivement fixer les lacets que dessinait la route et éviter, du mieux possible, d’éventuels sapins ou ravins trompeurs.

Zone couverte par l'Opération Nez Rouge Genève

Ces dernières années, j’ai d’ailleurs observé que nos clients sont le plus souvent des personnes qui habitent dans des lieux extrêmement reculés, au bout de longues routes interminables, dans les montagnes ou au fin fond d’une campagne oubliée de tous. Ce sont évidemment les routes les plus difficiles à gérer en cas de fatigue ou d’ébriété. Ce qui est certain, c’est que, contrairement à d’autres années où nous allions chercher nos clients au ByPass ou à l’Usine, cette fois-ci, je n’ai pas vu passer le réveillon. Notre paysage se limitait à des décorations de Noël éparses, quelques sapins illuminés ici ou là qui éclairaient un peu l’obscurité ou alors le panorama lémanique, qui nous rappelait l’existence de la civilisation, quelque part là-bas, très loin, dans la vallée. C’est un véritable challenge que de passer la nuit sur des routes inconnues, en résistant au coup de barre et en gérant sa vessie du mieux qu’on peut. La contrepartie, si vous êtes « chauffeur utilisateur », c’est qu’il peut vous arriver de conduire une magnifique Mercedes, si sophistiquée qu’elle fait le voyage quasiment toute seule. Les voitures autonomes signeront la mort de Nez Rouge, puisqu’il sera alors possible de rentrer chez soi même en étant complètement caisse. Il suffira de dire à son véhicule Retour maison ! et il fera même le créneau tout seul. 

Nez Rouge est un service entièrement gratuit et bénévole, financé par de nombreux sponsors. Les voitures sont aimablement prêtées par des garagistes, le tout étant intégralement assuré, les frais d’essence et de parking sont pris en charge. La bienséance voudrait toutefois que les clients donnent un pourboire (destiné à une bonne cause, cette année Courir Ensemble) ou un don (qui sert à financer Nez Rouge). Ce n’est jamais dit expressément, car on ne veut pas mendier ni soutirer de l’argent aux gens, le but premier étant de faire de la sensibilisation et de la prévention anti-alcool. Là aussi, par rapport à mes premières années, je constate que les gens sont de moins en moins généreux. C’est sans doute la faute à internet, Easy Jet, Uber et tous ces trucs qui, de nos jours, sont complètement cheap ou alors carrément gratuits. Ainsi, il est parfaitement normal que trois personnes vous conduisent de Genève à Renens, avec une voiture mise à disposition pour récupérer l’équipe; l’essence, l’assurance et l’usure ne coûtent bien évidemment rien ! Nous avons trouvé un peu radin un jeune homme qui nous a donné 5,- (pour un trajet court, il est vrai), mais il était néanmoins plus généreux que d’autres. 


Faire du bénévolat est gratifiant tant qu’on y trouve son compte: l’amusement, l’aventure, la rencontre avec des personnes qu’on ne croiserait jamais autrement, la découverte de lieux où on n’irait jamais de sa propre initiative. Il faut toutefois qu’un certain équilibre, un certain rapport effort-plaisir soit préservé. A partir du moment où on a l’impression que les gens profitent de vous, parce que vous êtes une bonne poire qui offre son temps et son énergie, ça devient légèrement irritant, voire dégradant. Raison pour laquelle j’ai refusé la dernière course à Saint-Cergues à 5h du matin, alors que j’avais déjà grimpé la moitié du Jura à deux reprises et que le canton de Vaud ne fait normalement pas partie de notre cahier des charges. 


Comme le disait si bien Oscar Wilde, a cynic is a man who knows the price of everything and the value of nothing. C’est malheureusement le triste sort qui attend le bénévolat, car ce qui est gratuit est sans valeur. Peut-être faudrait-il rendre ce service payant, même s’il restait bon marché. Cela rappellerait aux gens qu’il y en a d’autres qui se mettent volontairement à leur service et que c’est quelque chose qu’il convient d’apprécier. On trouve ce même état d’esprit chez ceux qui abandonnent leur canette de bière et leur carton à pizza sur la place publique: J’ai du personnel qui se chargera de venir ramasser tout ça, ou plutôt: Je m’en fiche, il n’y a que moi et mon nombril qui comptent

En attendant, je sais maintenant où se trouve Longirod et je me dis qu’il faudrait aller déguster des malakoffs à Bursins ou à Vinzel un de ces jours…. afin d’admirer le panorama du Léman par une belle journée ensoleillée. 




Le succès de Nez Rouge ne cesse de grandir. Plus de 35'000 personnes ont été raccompagnées à bon port en 2018. …
Le nombre de transports a augmenté de 3% à 16'900 courses, indique mardi l'organisation. Pour la 29e édition, 10'400 bénévoles, soit une légère hausse de 1%, ont sillonné les routes pour ramener en toute sécurité les fêtards dans leur propre véhicule.

Le Réveillon de la St-Sylvestre a été une fois de plus la soirée la plus chargée pour les chauffeurs de Nez Rouge. Plus de 1600 bénévoles ont ramené à bon port 8800 personnes.
… Côté romand, le Jura arrive en tête (1610), suivi du Valais (1349) et de Neuchâtel (899). Genève et Lausanne viennent ensuite avec respectivement 775 et 637 courses.
… Pour la fédération à but non lucratif, Nez Rouge a une portée symbolique qui vise à habituer les citoyens à trouver le moyen de rentrer chez soi en toute sécurité tout au long de l'année après une soirée bien arrosée. Cela peut consister à choisir un chauffeur désigné, soit une personne qui reste sobre pour ramener les autres, appeler un taxi, prendre les transports publics, dormir sur place ou appeler un proche pour venir nous chercher.


Lancée au Québec, l'Opération Nez Rouge a débuté en 1990 en Suisse, dans le canton du Jura. Depuis la première édition, 159'600 bénévoles ont été engagés et 457'700 personnes ont été raccompagnées à leur domicile. Ce service compte 23 sections régionales chapeautées par une Fédération suisse. (ats/nxp) Tribune de Genève, 1.1.2019

vendredi 24 juillet 2015

Qui a tué le petit commerce ?



De tous temps, j’ai plutôt eu une bonne opinion des syndicats, même s’ils sont à l’origine de grèves qui emmerdent tout le monde. Il m’arrive même de travailler pour les fédérations syndicales internationales, qui prennent la défense de travailleurs vulnérables qui sont au service de grandes multinationales, considérées, de façon pavlovienne, comme des monstres qui exploitent le prolétariat. Les syndicats sont des empêcheurs de tourner en rond, qui, comme toute forme d’opposition, ont au moins le mérite de susciter le débat et de faire bouger les choses, dans le bon sens, peut-on espérer. 

Mais voilà. Il arrive aussi que le syndicalisme se trompe de cible, en prenant aveuglément la défense du pauvre travailleur vis-à-vis du vil employeur, qui est, forcément, une créature dickensienne qui fouette sa main-d’œuvre pour la faire travailler plus dur, tout en la privant de sa dignité d’être humain. Pourtant, combien de fois n’ai-je entendu dire, en conférence, que les PME sont les principales créatrices d’emploi? En effet, sans odieux employeur capitaliste, pas de travail non plus et, par conséquent, pas de revenus pour les gentils travailleurs victimes de la cupidité de leur patron.



Par ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas appris à gérer leurs émotions ni leurs frustrations. Tout leur est dû, sur un plateau d’argent, s’il vous plaît, et à la première contrariété, ils explosent, provoquant une avalanche, doublée d’un tsunami. Ils ne discutent pas, ils attaquent. Certains partent même faire le djihad, tellement ils ont la haine. Ils n’ont aucune idée des réalités du monde du travail: il faut se lever tôt, tous les jours, il faut arriver à l’heure et non, on ne peut pas prendre de pauses à tout bout de champ. Et puis, il faudrait travailler aussi.... mais bof.... c’est trop ennuyeux et puis, c’est fatiguant. 


Alors quand ils se font licencier parce qu’ils ne fichent rien et ignorent les instructions de leur employeur, ils s’estiment victimes de la plus grande des injustices. Ils sont incapables de se demander si leur licenciement pourrait, éventuellement, être la conséquence de leur attitude au boulot et de faire le lien entre la cause et l’effet. Et, au lieu d’en parler, au lieu de discuter ou de dialoguer, ils vont pleurer dans le giron du syndicat, qui volera immédiatement au secours de ces pauvres chous sans défense, sans douter un seul instant de leurs dires, ni vérifier si leurs accusations sont fondées.

C’est ainsi qu’un tout petit patron, qui a de la peine à survivre face aux loyers qui explosent et face à la concurrence féroce du e-commerce, reçoit, début décembre pour des faits remontant à la deuxième moitié du mois de novembre, un courrier comminatoire l’accusant de «faits pénalement répréhensibles» et le sommant de se présenter à une séance de conciliation, avec ordre de donner réponse dans les trois jours. Le syndicat refuse de se rendre compte que le petit patron devra fermer boutique pour répondre à ces injonctions, étant donné qu’il ne peut pas s’absenter de son poste, contrairement à bon nombre de salariés et contrairement au secrétaire syndical, dont c’est le boulot.



Lors de la séance de conciliation, on comprendra rapidement que «les faits pénalement répréhensibles» ne sont que le fruit de l’incompréhension des quatre jeunes (de 19 à 27 ans) qui attaquent celui qui était leur ami encore quelques jours plus tôt. Ils accusaient leur patron de ne pas payer leurs charges sociales, croyant sans doute que ces charges sociales viendraient s’ajouter à leur salaire. Cela a permis de découvrir que l’un d’entre eux, qui pleurait à chaudes larmes parce que son patron ne respectait pas une loi dont celui-ci ignorait l’existence, était plutôt en situation indélicate lui-même – mais nous ne nous étendrons pas sur le sujet.

Le patron sera alors le seul à se faire remonter les bretelles et il fera ce qu’il faut pour se mettre en règle. En effet, il ignorait que la Convention collective de travail (CCT) pour le secteur de la vente de détail, négocié entre les syndicats et les mastodontes du commerce de détail (Migros, Globus et consorts), s’applique exactement de la même manière aux petits commerces de quartier. Personne ne l’en a informé, mais nul n’est censé ignorer la loi. Le citoyen lambda qui essaiera de se renseigner découvrira qu’un arrêté d’extension est entré en vigueur le 1er octobre 2014, mais ça signifie que la CCT s’appliquait à tous les commerces déjà bien avant cette date. Logique et parfaitement clair. 



La CCT impose un salaire minimum obligatoire, pourtant refusé en votation populaire au printemps 2014, précisément parce que cela allait pousser les petits exploitants et les petites entreprises à la faillite. La CCT augmente ce salaire minimum chaque année, le but étant de parvenir à 4000,-/mois en 2018, auxquels il faut ajouter les charges sociales, qui augmentent proportionnellement. Autant dire que tous les petits commerces auront disparu d’ici-là, la tendance est déjà clairement visible.

Avec l’extension de la CCT, une Commission paritaire syndicats-employeurs a été créée, dont le but est de surveiller les employeurs et les entreprises. Les travailleurs, quant à eux, sont forcément purs comme la blanche colombe qui vient de naître.

Du fait de cette même CCT qui a force de loi, il n’existe plus de petits boulots d’étudiants. Les gamins n’ayant aucune expérience du monde du travail doivent être rémunérés exactement de la même manière que des adultes responsables et mûrs. Faut-il dès lors s’étonner que personne ne souhaite les embaucher? Sachant, de plus, que ces jeunes enfants gâtés iront vous dénoncer au syndicat dès le moindre malentendu. On feint ensuite de s’étonner face au phénomène du chômage des jeunes. Evidemment qu’ils arrivent dans le monde professionnel sans avoir la moindre idée de quoi que ce soit, comment pourrait-il en aller autrement?   

A l’avenir, nous irons faire nos courses chez Migros, Manor et Interdiscount, sur amazon et eBay. Les grands magasins ont des pointeuses qui décomptent les arrivées tardives et les pauses cigarette, ils ont aussi des départements juridiques capables d’affronter le syndicat. Quant au e-commerce, fini les flâneries et les achats sur impulsion, les surprises qu’on découvre au hasard d’une vitrine. Finie l’animation dans les quartiers, les arcades seront remplacées par des bureaux ou par Starbucks & C°.

Et si d’aventure vous étiez tenté d’engager du personnel, soyez prudent ! Il est moins risqué de tuer quelqu’un en roulant bourré (l’ébriété étant considérée comme une circonstance atténuante) ou encore de dealer de la coke (il suffit de perdre ses papiers et on vous relâchera illico). Il est aussi recommandé d’engager un juriste et un comptable, afin de ne pas se tromper dans le calcul des charges sociales, des vacances, du 13ème mois, de la LPP et n’oubliez surtout pas l’assurance perte de gain en cas de maladie, sinon, vous vous ferez taper sur les doigts !



A noter que les kiosques ne sont pas tenus de l’appliquer, ce qui explique leur prolifération. Les accordeurs de piano non plus…




Un SMIC à 3300 euros, le point de vue français : ICI

Même Migros et Globus tirent la langue: ICI

Les Suisses disent non à 76% au salaire minimum : ICI
« Les milieux économiques, le gouvernement et les partis de centre et de droite ont au contraire fait valoir que ce salaire minimum, «le plus élevé du monde», n’aurait pas été supportable pour de nombreuses entreprises. Celles-ci auraient été contraintes de se restructurer, de délocaliser à l’étranger voire même de mettre la clé sous la porte. »

CQFD

Voir aussi: Une ville en voie de disparition


dimanche 22 février 2015

Au Paradoxe Perdu

photo Jérôme Piroué
Il existe à Genève une petit échoppe un peu mythique, un de ces vétérans comme il n’en reste plus beaucoup dans notre bonne ville. En effet, les magasins ayant une certaine ancienneté disparaissent les uns après les autres. Qui se souvient encore de la mercerie à la rue Céard, devenue une boutique Emporio Armani ou encore du poissonnier Ziwi qui est maintenant une pizzeria de luxe? En face, La Gaieté doit être le doyen des petits commerces (1928), surtout depuis le décès d’Henri Zwicky et l’évacuation de son stock Au Vieux Paris. Ce magasin, qui affiche quasiment l’âge du Christ, c’est Au Paradoxe Perdu , autrefois à la place Grenus, avant cela à la rue des Etuves et actuellement au 23, rue des Bains, qui sera sa dernière demeure.

Jérôme, Carl, Patrick et Douglas en 1982
Le Paradoxe a été créé en 1982 par Jérôme Piroué, Patrick Bertholet et Carl de Boulloche. Passionné par le cinéma et grand lecteur de science-fiction, Jérôme rêvait de devenir metteur en scène, écrivain ou libraire. C’est cette dernière option qui se réalisera. Etant devenu orphelin très jeune, il a pu se lancer dans cette aventure grâce à un héritage.
 
Jérôme et Patrick travaillaient auparavant à la libraire La Marge, au passage Malbuisson, les dinosaures se souviendront. A sa création en novembre 1982, Au Paradoxe Perdu a pris ses quartiers à la rue des Etuves, juste à côté de Cumulus (ouvert depuis 1976 !), une librairie spécialisée dans la BD franco-belge. Les deux commerces ont conclu une sorte d’accord de Yalta pour ne pas empiéter l’un chez l’autre: Au Paradoxe Perdu ne touchera pas à Tintin, Spirou, Gaston Lagaffe & C° et Cumulus ne s’intéressera pas aux comics américains ni à la science-fiction. Cet arrangement aurait pu cesser de fonctionner lorsque Au Paradoxe Perdu a déménagé quelques mètres plus loin, à la place Grenus, mais étant donné que L’Oreille Cassée n’était pas très loin non plus, ce partage à l’amiable est resté en vigueur.

Patrick Bertholet derrière la caisse du Paradoxe aux Etuves
Le magasin a tourné à la rue des Etuves de novembre 1982 à fin 1992 (30m2), puis à la place Grenus dès février 1993 (100m2 + 90m2 à l’étage, comme bureaux). Il s’est installé au 23, rue des Bains (90m2) en avril 2011, à son corps défendant. En effet, le propriétaire de l’arcade de Grenus, le patron du cinéma porno voisin, le Splendid, n’a eu de cesse d’obtenir l’évacuation de son locataire. La jouissance de la cave et de l’étage lui ont été retirés et le loyer augmenté, cela va de soi ; puis encore quelques augmentations de loyer et l’expulsion. Résultat des courses: après le départ du Paradoxe, l’arcade est restée vide une bonne année. Elle est maintenant occupée par des bijoux fantaisie. Il se dit que le patron du Splendid aurait voulu installer un club d’un genre particulier dans ce local, mais qu’il n’en n’aurait pas obtenu l’autorisation. Il aura en tout cas réussi à se débarrasser de la librairie qui lui déplaisait tant. Les bijoux fantaisie lui rapportent-ils un juteux loyer? Qui le saura... ?

The place to be !
Les débuts à la rue des Bains ont été difficiles. Les clients ne connaissaient pas la nouvelle adresse, le propriétaire de l’ancienne arcade n’ayant pas accepté l’affichage de l’information «Nous avons déménagé....» dans la vitrine, de toute manière borgne pendant un an. C’est une rue sans beaucoup de passage, même si elle encore relativement au centre-ville et proche de l’université. En face, il y a eu le chantier du nouveau Musée d’ethnographie pendant trois ans. Puis bingo: un arrêt de bus a été installé pile devant la vitrine. Certains anciens clients sont revenus, de nouveaux sont arrivés. On y voit parfois des parents, qui fréquentaient déjà Au Paradoxe Perdu quand ils étaient eux-mêmes gamins, y venir avec leurs propres enfants.


Depuis 1987, Jérôme Piroué est le seul maître à bord du vaisseau spatial Paradoxe. En 1986, alors qu’il séjournait en prison pour objection de conscience, il a été remplacé par un certain Marcello, qui a ensuite continué à faire quelques heures après le retour de son patron. Il est ainsi devenu le premier employé de la boutique. Après le départ des deux autres partenaires, c’est le modèle patron + employés qui a prévalu.

A la rue des Etuves, la librairie vendait essentiellement des livres de science-fiction et des polars jusqu’en 1986, des livres d’illustration, de photo et des importations USA. Des mangas dès 1985-86, lorsque les Etats-Unis ont commencé à publier Akira. Il y avait une demande pour des mangas en japonais aussi, jusqu’en 1996. A l’époque, rien ne paraissait en français et 100 exemplaires de Dragonball en japonais partaient en deux à trois mois. A l’époque, il fallait attendre trois mois pour une commande de comics américains, le magasin a pu en vendre dès décembre 1982. Les ventes ont toutefois rapidement décollé. Les VHS sont apparus dans les années -80, ils étaient achetés directement à Londres, puis importés. Il n’y avait que très peu de t-shirts et de jouets.

Jérôme Piroué (photo Laurent Guiraud, Tribune de Genève)

Autour de cette époque, Jérôme Piroué a fait un voyage aux Etats-Unis, pour refaire le parcours d’un héros d’un roman de Philip K. Dick, de Boise, Idaho à San Francisco. Son fournisseur US a attiré son attention sur la convention de San Diego (Comic-Con), qui se tient chaque été en Californie. Jérôme a fini par devenir un visiteur et un client régulier de cette convention, où il se fournissait notamment en planches originales. Il en a d’ailleurs monté la première exposition dans la minuscule échoppe de la rue des Etuves.

L’épisode de Star Wars, le Retour du Jedi, est sorti en 1983. Les figurines et les jouets ont commencé à sortir dès avant la sortie du film. Le magasin a été obligé de prendre un présentoir spécial pour cette marchandise, qui devait être plein (2000,- à 3000,- de marchandise). Les figurines sont parties en quelques semaines, puis un roulement s’est mis en place. Au bout d’un an, le fournisseur a informé Jérôme que Au Paradoxe Perdu était le plus gros vendeur de Suisse romande. Il a continué à en vendre, même après que La Placette (aujourd’hui Manor) avait arrêté.



Certaines commandes faites pour le magasin ont parfois causé des ennuis avec la douane: une commande du film Maladolescenza (Jeux interdits de l’adolescence, 1977) avec la jeune Eva Ionesco a été saisie pour cause de pornographie. Il est vrai que le film est actuellement interdit dans plusieurs pays pour cause de pédo-pornographie et le DVD est introuvable sauf une version édulcorée disponible en France. Un roman et un film comme Lolita seraient-ils encore possibles de nos jours ?

Certains créneaux sont devenus porteurs tout à fait par accident. Par exemple, lorsqu’un client a voulu commander des VHS de catch féminin, que le magasin n’avait pas en rayon. Le Paradoxe a commencé à stocker du catch, ainsi que les figurines correspondantes. Jusqu’à la fin des années -90, ces produits ont permis de dégager de très bonnes ventes. Il est arrivé la même chose avec les cartes de sport de chez Diamond : le magasin en a commandé trop par erreur, mais elles se sont très bien vendues quand même. Sur la base de cette expérience, Jérôme s'est mis à vendre des cartes Magic et Yu-Gi-Oh!, qui sont très populaires et très demandées. A la rue des Etuves, on trouvait déjà quelques cartes à collectionner Marvel ou DC Comics.

A l’inverse, certains rayons meurent à petit feu, les romans de science-fiction, par exemple. Ce rayon était important jusqu’au début des années -90. Puis, les seuls livres qui se vendaient encore étaient Star Wars ou Donjons et Dragons. Ce rayon a été éliminé lors du déménagement à la rue des Bains, mais en réalité, il était déjà mort depuis un certain temps. Les mangas continuent de se vendre, mais Au Paradoxe Perdu n’en n’a plus l’exclusivité, ce genre de marchandise étant désormais disponible dans les grandes surfaces.

 Au 23, rue des Bains (photo Laurent Pugin)

Les ventes de DVD ont également fortement chuté et le magasin n’en vend plus, sauf quelques exemplaires survivants qui sont en solde. Quand le DVD de Matrix est sorti, il s’en est vendu 120 exemplaires en quelques semaines, puis encore deux ou trois exemplaires par mois. Depuis que les films se téléchargent soit illégalement, soit via Swisscom ou Netflix, les DVD ne se vendent plus du tout. La librairie n’est pas la seule à en pâtir, les cinémas et les vidéos clubs tirent la langue également.

La situation est plus ou moins la même pour les CD de musique de film: il reste encore quelques clients mordus, mais le rayon est faible. Là aussi, iTunes et internet tuent le petit commerce, avec l’aimable concours d’Amazon.

Les baguettes Harry Potter ont rencontré un vif succès, mais le marché genevois est petit et il est maintenant saturé pour ce genre de produit. Les pipes du Seigneur des Anneaux sont encore recherchées et il y a eu un véritable engouement pour les masques de V for Vendetta, qui ont été récupérées par le mouvement Anonymous. Le Paradoxe continuait de répondre à la demande il y a quelques mois encore.



Bref, entre la concurrence d’internet, les loyers qui explosent et le salaire minimum obligatoire*), qui atteindra 4000,-/mois (+ charges sociales + assurances) d’ici à 2018, le petit commerce est mal barré. Le franc fort et le tourisme d’achat contribuent, eux aussi, à ce lent travail de sape. Si vous observez le paysage urbain de Genève, vous constaterez qu’il n’y aura bientôt plus que des grandes chaînes et des dépanneurs (alcool et cigarettes 24h sur 24). Au Paradoxe Perdu finira par tomber sur l’autel du Dieu Argent, après avoir fait rêver des clients de 7 à 77 ans. Un témoignage d’un client fidèle :
"To all my friends that I have ever bored with tales of THE English-language comic shop in Geneva, have a look at the last-but-one venue and owner, friend and all-around dude Jérôme Piroué. If you know your recent comics movies skip to 1 minute 55 seconds to see owner and shop, a home away from home to me in three locations now over three decades, somewhere I feel comfortable and unafraid to be me the way others do in pubs or at sports stadiums or wherever, Oh, and it's in French, no English subs. But I know that's not really a problem for those on my [facebook] feed"
https://www.youtube.com/watch?v=g139Lvl9iIE


Where's Superman when you need him ?


Voir aussi :

www.auparadoxeperdu.com

Le blog d'un grand fan:
https://sadfran.wordpress.com/2016/05/10/souvenirs-dun-comic-shop-au-paradoxe-perdu/ 

Article paru dans la Tribune de Genève le 11 mars 2015 ICI


Revue Point Final N° 1 : ICI

Le Paradoxe Perdu est le titre d’un roman de science-fiction de Fredric Brown

  
A la rue des Bains (photo Arthur Tourtellotte)

* ) le salaire minimum à 4000 CHF/mois a été refusé en votation populaire au printemps 2014, au motif que cela mettrait en danger les petites entreprises et les exploitations agricoles (CQFD). Le Conseil d’Etat genevois a adopté un arrêté en vertu duquel la convention collective pour le secteur de la vente de détail a force de loi et, partant, s’applique à tous les commerces. Les petits commerçants n’en n’ont pas été informés. L’arrêté a été publié dans la Feuille d’avis officielle et nul n’est censé ignorer la loi.

  

Arcades genevoises disparues et remplacés par de grandes enseignes: 

-       Literart, librairie allemande, avalée par Payot et qui sera remplacée, dit-on, par une pharmacie (il y en a déjà 5 ou 6 dans un périmètre de 300 m)

-       Le Radar et la Crémière, remplacés par Benetton

-       Le Relais de l’Entrecôte, remplacé par un restaurant concurrent identique. Forte augmentation de loyer plus que vraisemblable

-       La poissonnerie Ziwi, à la rue de la Rôtisserie a cédé la place à la pizzeria Quirinale, tenue par le prince Emmanuel-Philibert de Savoie - qui est maintenant fermé (4.2016) et sera remplacé par un autre restaurant

-       Au Vieux Paris, liquidation en cours. L’immeuble et les arcades vont subir une rénovation radicale. Les paris sont ouverts : Starbucks, Dessange, un dépanneur…. ? Mise à jour: un salon de beauté et une auto-école occupent dorénavant les deux arcades (4.2016)

-       le très populaire bar à café Cristallina à la rue du Rhône (probablement une bijouterie….)

-       la Coutellerie des rues basses a permis à PKZ de s’étendre

-       les deux restaurants Mövenpick : l’une des arcades abrite maintenant une horlogerie de grand luxe, l’autre a vu défiler une kyrielle de restaurants, actuellement un Mike Wong (fast food asiatique), alors que Mövenpick a très bien survécu à cet emplacement pendant des décennies

-       Tati et toute la galerie annexe de Malbuisson est devenue le très chic Fourty-Two, rue du Rhône , avec une bijouterie Harry Winston. A un jet de pierre de là, on trouve Tiffany. A 500m, un magasin de fringues cède la place à un troisième diamantaire.

-       le tea-room la Biscotte au rond-point de Plainpalais s'est fait déloger. Remplacé par un autre tea room (mais pourquoi diable avoir chassé les tenanciers historiques?)

-       l'antiquaire scientifique à la rue du Perron sera remplacé par un marchand de vélo. Voir ICI

-     La Gaité, magasin de farces et attrapes à la rue de la Rôtisserie. Le magasin aurait fêté son centenaire en 2028. 



Parmi les survivants:
-       L’Araignée rouge aux Eaux-Vives
-       La Gaieté, rue de la Rôtisserie
-       Votre Santé, magasin diététique au Bd Carl-Vogt (1974) 
-       le cinéma porno Le Spendid, voir ICI
-       Informatika, 65 Bd de Saint-Georges, qui existe depuis 22 ans (1993)
-       Cycles Girard, 3-5 rue Hoffmann, depuis 56 ans (1959)

et plusieurs drôles de magasins à la rue des Corps-Saints : une boucherie, un luthier, un grainetier, l’épicerie Lyzamir, un magasin qui vend des machines à écrire….

Sur ce sujet, voir aussi:
et