La délinquance, le vol, l’abus de faiblesse peuvent revêtir de nombreuses formes. On connaissait déjà l’arnaque du faux neveu: une personne, généralement d’Europe de l’est, parlant l’allemand, contacte une personne âgée, seule et isolée et joue la comédie du lointain neveu perdu de vue. La langue allemande sert ici de preuve de parenté et renforce l’illusion du lien de famille. Mais il apparaît bien vite que ce pauvre parent lointain a des soucis d’argent, qu’il est malade, qu’il a besoin d’acheter une villa et la pauvre mamie ou le pauvre pépé qui a le cœur sur la main vole immédiatement au secours de son cher neveu, qu’il n’a jamais vu et qu’il ne reverra bien évidemment jamais. En effet, aussitôt l’argent liquide encaissé - souvent des montants considérables - le neveu retourne dans sa pampa imaginaire et ciao bonsoir! Et voilà les économies de toute une vie envolées en quelques secondes.
Une variante de la fausse familiarité se fait jour et il semble à nouveau que ce soit une spécialité qui nous vient d’Europe de l’est. Des personnes faussement bienveillantes offrent leurs services à des personnes âgées, à nouveau seules, isolées et idéalement souffrant de solitude, en échange d’un toit sur leur tête d’hypocrite. Il peut s’agir de menus travaux, de faire les courses ou le ménage, voire simplement de tenir compagnie. La personne âgée est ravie, elle n’est plus seule et cette personne serviable est si gentille!
Mais il faut bien vite déchanter. L’invité devient petit à petit envahissant, prend des libertés, achète pour quatre en allant faire les courses, utilise le téléphone pour des appels à l’étranger, installe de plus en plus de meubles et de fourbi, commence à inviter ses amis.... La pauvre mamie n’est plus chez elle, mais elle est trop polie et trop gentille pour oser se plaindre. Elle commence à avoir peur de son invité(e) et ne parvient plus à reconquérir son espace. L’incruste utilise la voiture de son hôte, lui emprunte de l’argent, voire se sert carrément dans le portemonnaie.
La Tribune de Genève a déjà consacré deux articles à ce phénomène (26.9 et 24.10.2013). Une dame de 88 ans a fini par se jeter par la fenêtre de désespoir. Une autre octogénaire a hébergé une femme et son fils pendant cinq ans, à ses frais, bien entendu.
En règle générale, il faut se méfier des inconnus qui sont gentils et qui vous offrent spontanément leur aide sans prétendument rien demander en retour. Les personnes qui vous aident à porter votre valise à la gare vous feront les poches. D’autres, qui aident les personnes âgées à porter leurs courses à la maison, les agresseront aussitôt la porte de l’appartement ouverte. Adieu liquidités et bijoux de famille! La pauvre victime se retrouve souvent frappée et bâillonnée et décède quelques mois plus tard.
Il faut se méfier d’une personne dont on ne sait rien. Quelqu’un que personne d’autre que vous ne connaît. Quelqu’un qui refuse de vous donner le numéro de téléphone d’un proche, au cas où... Quelqu’un dont rien n’est vérifiable, quelqu’un qui vous raconte avoir travaillé ici ou avoir une maison quelque part. Quelqu’un qui a une Jaguar ou un manteau de fourrure, alors qu’elle pleure misère.
Apprendre à vivre seul(e) est difficile à tout âge, mais dans ses vieux jours, ça l’est tout particulièrement. Comment concilier le désir d’avoir de la compagnie et la nécessité impérieuse de se protéger? Comme le veut la sagesse populaire, mieux vaut être seul que mal accompagné. Et comme disent les Américains: You’ve gotta learn to be your own best friend.
A noter qu’il n’est pas nécessaire pour la victime de porter plainte. En effet, elle craint généralement les représailles et reste enfermée dans sa peur. Un voisin, un travailleur social et, bien sûr, les proches, les membres de la famille peuvent alerter la police.
Voir aussi: Vivre seule au troisième âge et Fêlures