
Environ une fois par mois et pas plus tard qu’avant-hier, on me demande si le finnois ressemble au hongrois, si je comprends le hongrois et si le finnois est apparenté au basque ou à l’albanais. Ensuite, je dois expliquer qu’il y a une minorité d’expression suédoise en Finlande et, non, je ne parle pas le russe. Je tiens toutefois à dire à quel point je suis épatée que les gens sachent que le finnois n’est pas une langue indo-européenne et que c’est une langue bizarre qui ne ressemble à rien.
Les langues scandinaves – suédois, norvégien, danois et dans une certaine mesure l’islandais – se ressemblent ou appartiennent en tous cas au même groupe. Dans les îles Féroé, on parle le féroïen, qui est la seule langue qui soit extrêmement proche de l’islandais et qui n'a rien à voir avec les trois autres, si ce n’est qu'elles en sont dérivées. A ma connaissance, le finnois n’a aucun rapport avec le basque ni avec le turc, même si cette langue comporte aussi deux catégories de voyelles, aou d’une part et ieyäö d’autre part, qui déterminent la forme que prendra la terminaison des mots, je vous épargne les détails.
Le finnois et le hongrois appartiennent au groupe des langues finno-ougriennes, ça tombe bien. L’estonien, qui ressemble fortement au finnois, en fait partie également. Non, je ne comprends pas un traître mot de hongrois, mais j’en reconnais la mélodie et la sonorité. Si j’entends parler hongrois quelque part, j’ai l’impression d’entendre du finnois, comme un enregistrement qu'on passerait à l'envers, mais ça s’arrête là.
Quelques exemples, finnois/hongrois : kiitos / köszönöm : merci ; maanantai / hétfö : lundi ; mansikka / eper : fraise ; rakkaus / szerelem : amour ; kauppa / bolt ou csemege ou áruház : magasin ; käsi / kéz : main ; vesi / viz : eau ; ces deux derniers mots ont une vague similitude.
La même chose, finnois/estonien cette fois-ci : kiitos / kiit : merci ; maanantai / esmaspäev (littéralement : le premier jour): lundi ; mansikka / maasikas : fraise ; rakkaus / armastus (terme vielli en finnois) : amour ; kauppa / kaup ou kauba : magasin ; käsi / käsi : main ; vesi / vesi : eau.
Fasten your seatbealt while seated - Life vest located under your seat en estonien
L’estonien est une source d’amusement intarissable pour quiconque sait le finnois. Saksus signifie à la fois être allemand et être seigneur (en finnois, saksalainen = allemand). Raamattu signifie bible en finnois et livre en estonien. Nahkhiir est une chauve-souris estonienne, littéralement : souris en cuir (peau) pour les Finlandais. J’imagine une sorte de James Dean avec de grandes oreilles et de petites dents.
Ce n’est pas pour autant que je comprenne l’estonien. Je comprends bien mieux le néerlandais ou l’italien, sans doute parce que je les entends plus souvent.
Le finnois a la réputation d’être impossible à apprendre, eh bien, c’est faux. De nombreux interprètes l’ont appris, mais ce sont des fadas des langues, alors ça ne compte pas vraiment. Un jour que je flânais au marché de Helsinki, j’ai vu deux Africains qui regardaient l’étal d’un marchand de poisson. Celui-ci, pensant avoir affaire à des touristes, commence à leur présenter sa marchandise en anglais. Et les clients de lui répondre : suomeksi ! suomeksi ! (en finnois !). C’étaient des Africains francophones, qui ne savaient pas l’anglais (c’est souvent pour eux que nous travaillons en conférence) mais qui, établis en Finlande, avaient appris le finnois.
Comme quoi, quand on veut, on peut !
*) littéralement: la ville de Pori interdit de sauter du pont, autrement dit: E pericoloso sporgersi; le graffiti dit: "les habitants de Rauma ne sont pas concernés"

(ravintola signifie restaurant en finnois)