Depuis le semi-confinement du mois de mars 2020, nous avons tous pris le pli de ralentir nos activités, de réduire nos contacts et les voyages sont devenus un lointain souvenir, quelque chose qui appartient à une époque révolue. Tout comme le travail, pour pas mal de gens, surtout les indépendants.
Mais voilà que j’ai eu - de façon un peu inespérée et confirmé last minute - un engagement à Luxembourg, pour l’Union européenne, ce qui signifie un voyage et des nuitées d’hôtel. Juste ciel ! ça ne m’était plus arrivé depuis le mois de janvier.
A l’hôtel, il fallait sonner pour qu’on vous ouvre la porte, on ne laisse pas entrer n’importe qui. Gel désinfectant et paroi en plexiglas pour le personnel à la réception. Le bar-restaurant était fermé, son accès barré, il n’ouvrait que pour le petit-déjeuner. Aucune femme de chambre n’est passée pendant tout mon séjour, ceci afin de minimiser les contacts. Quant à moi, j’ai renoncé à dîner au restaurant, je n’ai fait que pique-niquer dans ma chambrette. L’ascenseur était limité à une personne, mais une fois, un autre client s’est plus ou moins imposé avec sa valise - ça ne vous dérange pas ? - dans cet espace vraiment très exigu. Typiquement femme, j’ai été trop polie pour lui dire que Je ne vous connais pas et oui, ça me dérange. La prochaine fois, je sortirai de façon démonstrative de l’ascenseur pour laisser la place au macho impatient. Le Covid-19 va nous accompagner encore un certain temps, alors autant commencer à apprendre à mettre les points sur les i, avec politesse mais fermeté et conviction.
Au travail, on nous prenait la température chaque fois qu’on entrait dans le bâtiment, des distributeurs de gel désinfectant étaient à disposition, les distances étaient respectées, un interprète par cabine et, cette fois-ci, les participants étaient dans la salle. Mais le travail s’est déroulé comme d’habitude, comme quoi, c’est possible, il suffit d’avoir suffisamment de place pour tout le monde.
A Luxembourg, tout le monde porte le masque, même dans la rue. Les gens sont très calmes et disciplinés, tout le monde semble comprendre que c’est dans l’intérêt général. Finalement, j’avais l’impression de courir moins de risques qu’à Genève…
Le voyage du retour s’est fait en avion, comme dans le bon vieux temps. Sauf que je suis arrivée dans un aéroport parfaitement vide, le kiosque à journaux et la petite boutique avaient tiré leur rideau, Starbucks était fermé aussi. Aucune attente au dépôt de bagage, mais un pilote a tout de même réussi à avoir le culot de me bousculer parce qu’il était pressé. Vous voulez passer avant moi ? lui ai-je demandé poliment. Oui ! m’a-t-il répondu, sans dire ni bonjour, ni pardon, ni s’il vous plaît. Quand on est un homme, surtout en uniforme, on est important ! Ce que m’a confirmé l’employée au guichet : Mais le soir, quand ils se couchent et qu’ils enlèvent leur uniforme, ils sont comme nous, hein ? Oui, enfin presque….
A l’arrivée à Genève, j’ai retrouvé la même ambiance d’aéroport de pandémie, j’avais l’impression d’être dans un film de science-fiction : des corridors vides, des portes automatiques, des tapis ne roulant pour personne, des publicités qui envoient leur message au vide intersidéral et, malgré tout, un employé qui nettoyait les sols propres en solitaire. Ici aussi, un rideau de fer protégeait la marchandise du magasin hors-taxe que personne ne convoitait, à nouveau cette ambiance de couvre-feu, presque de pénurie. Deux vols seulement s’affichaient au-dessus des tapis de distribution des bagages.
De retour chez moi, j’aurais dû me sentir à l’écart de tout danger, étant donné que je venais de quitter une zone rouge. Mais voilà qu’en Suisse, plus particulièrement à Genève, le nombre d’infections augmente de façon exponentielle, ce qu’on cherche à éviter depuis environ six mois. Il n’y a donc pas d’autre option que de continuer à respecter les gestes barrières et la distanciation sociale. Ma foi, on s’habitue à tout.
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