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mardi 12 décembre 2023

Bild Lilli, la mère de toutes les Barbie

Bild Lilli  (Hong Kong)

Les poupées existent depuis toujours, dans toutes les cultures du monde. Chez nous, elles ont longtemps représenté des bébés, des poupons, puisque les fillettes pré-pubères devaient forcément s’identifier à leur futur rôle de mère. L’avènement de Barbie est venu bouleverser ce paradigme, comme le démontrent les premières minutes du récent blockbuster de Greta Gerwig, où l’on reconnaît aisément les premières images de 2001 Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick: de sages petites filles jouent à la maman avec des poupées traditionnelles, jusqu’à ce qu’un monolithe surgi de nulle part leur adresse un sourire charmeur et un clin d’œil. A partir de ce moment-là, ces mini-femmes en devenir démolissent le destin traditionnel qui leur est assigné avant même qu’elles ne sachent lire et écrire, pour s’identifier à une irrésistible séductrice portant des escarpins assortis à une garde-robe illimitée. 

Mais revenons au commencement. Dans les années -50, le journal allemand Bild a lancé une caricature coquine en guise de Page 3 Girl : une secrétaire avenante, blonde et coquine, pas bégueule, plutôt dévêtue et croqueuse d’homme, qui s’appelait Lilli. Elle est rapidement devenue populaire, au point qu’une poupée à son effigie a été créée. Ce qui est étonnant est que ladite poupée s’adressait à un public d’hommes adultes. Elle était vendue dans des bars, des boîtes de nuit et des bureaux de tabac. C’était un jouet gag qu’on offrait, par exemple, lors d’enterrements de vie de garçon.


1965 Barbie originale, photo : Nelson Tiffany, Los Angeles Times


L’été 1956, Ruth Handler, co-fondatrice de Mattel, passe devant la vitrine d’un magasin de jouets à Lucerne avec sa fille et toutes deux restent scotchées devant une poupée Lilli. Cela faisait des années qu’elle tentait de convaincre ses collègues masculins de créer un jouet représentant une femme adulte plutôt qu’un bébé. L’idée était de permettre à sa fille, Barbara, de se projeter dans l’avenir, comme pouvaient le faire les garçons qui s’imaginent volontiers pompier ou astronaute, mais certainement pas papa. Grâce à la figurine Lilli existante, Ruth Handler a enfin réussi à convaincre l’équipe de Mattel de se lancer dans cette aventure. La poupée a été légèrement adaptée pour la rendre légèrement moins vulgaire et sexuelle ; les boucles d’oreilles et les escarpins de Lilli étaient peints, alors que Barbie a des orteils et une kyrielle d’escarpins - qui se perdent et qu’il faut racheter, voilà qui est bien commode ! Lilli portait une queue de cheval, Barbie aussi, mais par la suite, ses longs cheveux libres flottaient librement. Toutes deux ont une silhouette en sablier et de longues jambes dénuées de cellulite. 

Barbara Millicent Roberts, alias Barbie, est officiellement née le 9 mars 1959, lorsqu’elle a été présentée à la New York Toy Fair par Ruth Handler en tant que « Teenage Fashion Model ». Greiner et Hausser, créateurs de Bild Lilli, ont intenté un procès contre Handler pour plagiat en 1961. Le litige a pu être réglé à l’amiable et c’est ainsi que Mattel a pu acheter les droits sur Lilli en 1964 pour 21.600 USD. A partir de ce moment-là, Lilli quitte la scène et disparaît à tout jamais. Un tel jouet pour hommes ne pourrait de toute manière plus exister de nos jours, ce serait bien trop sexiste. 


éditions Assouline

Toutes les fillettes du monde occidental - ou presque - ont eu une Barbie, certaines en ont des dizaines, ainsi que tous les habits et accessoires qui vont avec (maison, voiture, cheval ….). Toute femme normalement constituée a également un partenaire masculin et c’est ainsi que Ken a vu le jour en 1961. Mais comme il s’agit d’un joujou pour fillettes, celui-ci est évidemment dépourvu de tout attribut viril. On a amplement critiqué le physique impossible de Barbie, mais personne ne semble s’offusquer du corps glabre et non-binaire de son petit ami. 


Aujourd’hui, Barbie est décriée comme étant le stéréotype sexiste de la femme objet, mais on oublie qu’au départ, elle offrait une perspective nouvelle de la femme, libérée des fourneaux, des bébés et du ménage. Le slogan de Barbie n’est-il pas : You can be anything you want ? Cette poupée a représenté une hôtesse de l’air, une astronaute, une policière, une zoologiste, une candidate aux élections présidentielles, une chimiste, une joueuse de baseball, une chirurgienne ….. liste non-exhaustive. Oui, mais toutes ces représentations sont toujours jeunes, belles et minces. Certes, mais est-ce bien différent dans les magazines féminins, les publicités, les films ? Barbie et tous ses avatars ont un physique impossible, aucune femme qui leur ressemblerait ne pourrait ni marcher ni tenir debout. De nos jours, Photoshop et les filtres glamour des réseaux sociaux ont pris le relais pour ce qui est de proposer des idéaux inatteignables aux jeunes filles et aux femmes, Barbie est finalement assez inoffensive de ce point de vue-là. Qui donc s’imagine ne mesurer que 29 centimètres ?




L’existence des Barbies dans le monde n’a en rien empêché de nombreuses femmes de devenir médecin, avocat, premier ministre ou lauréate du Prix Nobel. Les stéréotypes ont la vie dure et perdureront tels des cafards, même si toutes les Barbies devaient disparaître demain. Les religions et les traditions y veilleront. Dans le monde de Barbie tel que décrit dans le film éponyme, ce sont les Kens qui occupent la place des femmes : ils n’ont aucun pouvoir et ils consacrent tous leurs efforts à plaire au sexe opposé, ils ne sont que des faire-valoir. Le film aura au moins le mérite de nous faire rêver à un monde où les stéréotypes de genre auront disparu et où chacun et chacune sera libre d’être qui il ou elle souhaite être, en toute sincérité. 


https://bild-lilli.com/ 






lundi 11 décembre 2023

L’engagement personnel pour atteindre ses objectifs



Prof. Steve Alban Tineo et Martin Perrier, ont eu l’occasion de présenter le concept de COACHFERENCE® devant une centaine de personnes à l’occasion de la foire d’automne de Genève, Les Automnales, qui s’est tenue à Palexpo en novembre 2023. Ils sont tous les deux actifs - entre autres - dans le coaching ou l’enseignement et leur présentation portait sur l’engagement personnel, la motivation, l’estime de soi et la ténacité dans la poursuite de ses objectifs. Comment aller jusqu’au bout, comment ne pas baisser les bras, comment croire en soi… Tous deux ont une vaste expérience dans ces thématiques et ont l’habitude de présenter leurs méthodes face à un public - qui était nombreux et très varié en cette occasion, parrainée par l’Etat de Genève et plus particulièrement par le programme Level Plus, dont le but est d’aider les chômeurs de plus de 50 ans à retrouver un travail. 

Martin Perrier est un athlète d’élite en ultra-trail et participe régulièrement à des courses d’endurance extrêmement dures, plusieurs centaines de kilomètres sur plusieurs jours. Il sait ce que cela signifie que de surmonter la douleur, la fatigue et la peur de l’échec. Il sait comment programmer son mental pour ne pas abandonner, pour y croire envers et contre tout et aller jusqu’au bout. Il ne demande certes pas au public de se mettre au triathlon, mais il l’encourage à tenter l’expérience de l’engagement total. Il nous a suggéré de choisir une habitude de vie que nous aimerions changer en y consacrant au maximum 15 minutes par jour pendant un mois. Cet engagement à changer sa vie - qu’il s’agisse d’arrêter de fumer, faire du sport, de lire un livre, de passer plus de temps avec ses enfants ou de se lever plus tôt - doit être concret et tangible, il doit être réaliste, il doit avoir du sens pour vous et, idéalement, cela devrait être une bonne résolution dans laquelle vous avez déjà échoué. Il nous a ensuite expliqué la différence entre une intention et un engagement, en ajoutant à l’intention de changer son habitude de vie la volonté d’en faire une priorité et le refus catégorique de se chercher des excuses. Ne dites pas que vous n’avez pas le temps, pas l’énergie, que vous manquez de discipline ou que vous avez oublié. Si vous êtes vraiment engagé, aucune excuse ne tiendra la route. Pour nous faire intégrer encore davantage la notion d’engagement, il nous a présenté sa méthode Q3 No Limit™, qui repose sur trois questions simples, mais essentielles pour (re)découvrir le pouvoir virtuellement infini de l’engagement personnel. 

Steve Alban Tineo est négociateur, expert en gestion de crises et enseigne la négociation et la gestion de conflits dans des universités en Ukraine et en Hollande. Au moyen d’exemples tirés notamment de la Formule1, où il a collaboré et accompagné une dizaine de pilotes, Steve explique l’importance de bien se connaître soi-même. Nos croyances, nos peurs, nos conditionnements nous entraînent dans des comportements inconscients de soumission, de peur ou d’abandon. Et c’est en prenant conscience de ces limitations, que nous pouvons les dépasser afin de créer pour soi, une réalité positive. Ainsi, des études américaines ont démontré que, parmi les femmes agressées, celles qui étaient accompagnées de leur enfant s’en sortaient bien mieux que les autres, alors qu’elles ne parviennent pas, dans 95% des cas, à le faire pour elles-mêmes. Autrement dit, l'amour et la responsabilité qu’elles portent envers leur enfant est plus fort que leur conviction qu’elles ne peuvent pas se défendre. En dépassant nos croyances, nous accédons à notre propre pouvoir intrinsèque. Les universités américaines de Stanford, Harvard et Carnegie sont toutes parvenues à la conclusion que le succès dépendait à 15% de l’aptitude et à 85% de l’attitude. Il est bien sûr important d’avoir une formation, de l’expérience, des aptitudes, mais quelqu’un qui n’aurait que cela et qui manquerait totalement de sensibilité, d’introspection, d’ouverture à autrui, d’instinct, de feeling de résilience, d’intelligence émotionnelle et de compréhension de ses propres comportements destructeurs ne peut pas être quelqu’un de complètement fonctionnel et intégré. L’intelligence interpersonnelle étant un prérequis à l’intégration sociale et au succès. Les cours de formation sont essentiels lors d’une recherche d’emploi, mais le développement personnel est encore plus important. Il ne faut pas négliger son pouvoir personnel. Tous les chefs devraient apprendre à être à l’écoute de leurs subordonnés, ils doivent savoir prêter l’oreille même aux collaborateurs qu’ils pourraient considérer les plus insignifiants. Il faut aussi avoir l’humilité d’accepter de ne pas toujours avoir raison. Les chômeurs doivent miser sur leurs 85% d’aptitudes personnelles, leurs qualités humaines et surtout garder la motivation. Comment voulez-vous qu’un employeur croie en vous, si vous-mêmes ne le faites pas ? Comment voulez-vous trouver un emploi, si tout en vous vibre le rejet et l’échec ? 

Le public était très attentif et a également participé de façon très active et interactive à cette leçon de vie. Il est difficile, mais possible, de garder la tête haute lorsqu’on reçoit des centaines de réponses négatives à des postulations auprès d’entreprises et de conserver une bonne estime de soi. Espérons que les participants auront quitté Palexpo plus sages et plus engagés. Steve et Martin se sont engagés, eux, à offrir un debrief personnalisé à chaque participant qui a pris un engagement pour un mois. Espérons surtout que le programme Level Plus permettra aux chômeurs senior de faire valoir et de faire apprécier leur expérience et leurs compétences.