Parmi toutes les organisations qui utilisent les services d’interprètes de conférence, les Fédérations syndicales internationales sont peu connues. Elles ont pourtant, elles aussi, négocié et conclu un accord régissant les conditions de travail des interprètes qui travaillent pour elles.
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L’Association
internationale des interprètes de conférence (AIIC) rassemble des interprètes
du monde entier, qui travaillent sur différents marchés et
principalement dans deux secteurs: le secteur non-conventionné - qui connaît
différentes dénominations, telles que marché privé ou PRIMS, dans notre jargon
- d’une part et le secteur conventionné d’autre part.
Comme son
nom l’indique, le secteur
conventionné englobe tous les engagements
professionnels qui se font dans le cadre d’un accord négocié entre les
interprètes (l’AIIC) et l’organisation qui les emploie. Sur le marché du
travail, on appelle cela généralement une convention collective. En échange
d’un certain volume de travail et d’une certaine fidélité (parfois relative) de
l’employeur vis-à-vis de ses prestataires linguistiques, ceux-ci s’engagent à
travailler dans un cadre convenu lors de négociations. L’employeur, quant à
lui, s’engage à respecter certaines conditions de travail, telles que la durée
des séances ou les périodes de repos. Selon les secteurs (UE, GUF),
l’employeur verse une contribution à la prévoyance vieillesse. La rémunération
journalière est également définie. Ces accords ou conventions encadrent ainsi
toutes les facettes et toutes les situations qui peuvent se poser lors d’une
conférence avec interprétation simultanée.
Tout le
monde connaît l’ONU ou l’UE comme débouché professionnel pour des interprètes.
Il est toutefois un secteur mystérieux et peu connu, même au sein de l’AIIC, et
qui porte un acronyme étrange: le secteur GUF. Alors késaco?
GUF est le
sigle de Global
Union Federation, qui se traduit en français par Fédérations
syndicales internationales. De par leur
nature internationale, ces grandes fédérations sont forcément appelées à se
réunir en plusieurs langues et aux quatre coins du monde. Elles font donc
régulièrement appel à des interprètes. La majorité des GUFs - ou FSI - ont leur
siège à Genève ou à Bruxelles, où se déroulent la plupart de leurs réunions. Il
leur arrive parfois de tenir une réunion régionale ou thématique dans un autre
pays et, tous les quatre ou cinq ans, elles ont un congrès qui se tient sur
l’un des cinq continents, généralement par rotation.
Les
réunions et conférences des FSI se font généralement avec les grandes langues
habituelles (en Europe): anglais, français, allemand, souvent l’espagnol,
parfois l’italien. Les pays nordiques ayant une longue tradition syndicale et
comptant parmi les principaux sponsors du mouvement syndical international ont
souvent voix au chapitre et il n’est pas rare d’avoir de l’interprétation
suédoise, soit active, c-à-d
qu’il y a une cabine suédoise, soit passive, ce qui signifie que les délégués
peuvent s’exprimer en suédois, mais doivent écouter une autre cabine lorsqu’ils
ne comprennent pas les langues parlées. Il arrive ensuite souvent que, par
exemple, la délégation turque ou hongroise ait son propre interprète, souvent
un camarade syndicaliste, qui chuchote à côté de ses compatriotes et offre une
interprétation en consécutive si celui-ci souhaitait s’exprimer dans sa langue.
Chaque
fédération internationale est une organisation qui regroupe, à l’échelle
mondiale, les confédérations syndicales nationales, ainsi que les syndicats des
branches correspondantes. Ainsi, l’Internationale
des Services Publics (PSI) aura comme
organisations affiliées les syndicats représentant les fonctionnaires et agents
de la fonction publique des différents pays du monde. L’Internationale des
travailleurs du bâtiment et du bois (IBB)
rassemble, comme son nom l’indique, les travailleurs de la foresterie et de la
construction.
Certaines
fédérations syndicales sont très puissantes, comme par exemple AFL-CIO aux
Etats-Unis, dont les cinéphiles connaissent le logo, étant donné qu’il apparaît
toujours à la fin des génériques des films américains. D’autres grandes
confédérations qui ont rang d’interlocuteur dans le débat national sont, par
exemple Ver.di ou
encore IG-Metall en
Allemagne. Ces grandes confédérations syndicales surveillent le monde du
travail dans leur pays respectifs et lancent également de nombreux projets
d’aide au développement (formation syndicale, aide à la création de syndicats,
recrutement de membres etc....), surtout celles des pays du nord ou nordiques (LO-TCO en Suède,
par exemple). La Fondation Friedrich Ebert est
aussi souvent mentionnée dans les réunions où travaillent les
interprètes.
Les
fédérations syndicales internationales suivantes sont celles qui ont conclu un
accord avec les interprètes de conférence, représentés par leur association,
l’AIIC :
·
Fédération internationale des syndicats de
travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines et des industries diverses ; Fédération internationale des ouvriers de la métallurgie ; Fédération
internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir [i]
internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir [i]
·
Union internationale des travailleurs de
l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des
branches connexes (UITA)
L’AIIC
fonctionne, elle aussi, telle une GUF pour les membres qu’elle représente,
étant donné qu’elle négocie les conditions de travail avec les grands
employeurs que sont les organisations internationales, l’Union européenne
et d’autres. L’AIIC ne chapeaute cependant pas de
syndicats nationaux d’interprètes, qui n’existent pas, mais plutôt des régions
et des secteurs. Il n’a jamais été possible de faire de l’AIIC un véritable
syndicat, les collègues s’y opposant et la nature de la profession ne le
permettant pas (trop grande variété de circonstances, selon les continents, les
clients/employeurs et le type de réunion).
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Voir
aussi:
[i] A noter que la FIOM
(Fédération internationale des ouvriers de la métallurgie) a englobé ICEM (chimie et mines) et ITGLWF
(textiles, cuir, chaussures) pour former un nouveau mégasyndicat appelé IndustriALL
Global Union.
UNI est également le fruit d’une fusion entre la FIET (International
Federation of Employees, Technicians and Managers), MEI (Media and
Entertainment International), IGF (International Graphical Federation and CI
(Communications International) et s’appelle Uni Global Union depuis
2009.