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lundi 23 janvier 2012

De l’enfer au paradis


On n’est jamais si bien que chez soi, comme je le disais déjà dans un de mes précédents textes. Mais si l’envie nous prend de voyager, on est bien obligé de loger à l’hôtel, à l’auberge, en chambre d’hôtes ou en Bed & Breakfast. Il n’est pas toujours facile de trouver l’endroit idéal, près de la gare ou près du centre, le petit hôtel original et sympathique ou la chaîne internationale et anonyme. Les guides de voyage offrent des suggestions et tripadvisor.com permet d’éclairer quelque peu notre lanterne, mais ce n’est pas toujours suffisant pour trouver chaussure à son pied.

Ainsi, lors de mon récent voyage à Naples, j’avais choisi l’hôtel - appelons-le: The Business Hotel, recommandé par le guide de voyage Hachette (Un grand week-end à Naples) et ne recevant que des avis dithyrambiques sur tripadvisor. Trois étoiles et 86€ la nuit, je me suis dit que ça devait être correct et confortable. Mon désenchantement a été inversement proportionnel à mes attentes. La porte de l’hôtel était certes constellée de macarons Michelin, Petit Futé et autres, mais j’ai eu de la peine à lui trouver la moindre qualité. J’y étais si malheureuse que j’ai décidé de déménager dès le premier jour.

Tout ça pour un téléphone qui ne fonctionne pas!

Tout d’abord, l’accueil à la réception a été exécuté rapidement, sans chichis, du genre: voici votre clé et votre télécommande, au revoir. La chambre était petite et sombre, mais avec double vitrage, du côté petite rue et non pas du côté grand boulevard. Toutefois, l’ennui avec les villes du sud, c’est qu’elles ne connaissent pas le chauffage, car pour quelques mois dans l’année, ça n’en vaut pas la peine. Ma chambre, constamment du côté de l’ombre, était aussi froide qu’une cave. Pour ne rien arranger, la fenêtre de la salle de bain n’était pas isolante du tout et laissait passer un joli petit filet d’air froid. La température en journée était de 14°, mais descendait à 6° la nuit. Il ne pouvait pas faire beaucoup plus chaud dans ma chambre qu’à l’extérieur. Il y avait bien une climatisation bruyante, mais qui ne soufflait que de l’air froid. Voilà qui est suffisant pour vous déprimer complètement et pour gâcher votre séjour. La télévision n’offrait que des chaînes italiennes. La WiFi n’était gratuite que dans le lobby, avec la porte ouverte en permanence sur le froid et plein de gens bruyants. Le petit-déjeuner était servi par une porte de prison, qui posait la boisson chaude sur le comptoir en gueulant «Cappuccino!», au client de venir le chercher.

Tout ça pour 86€ la nuit, alors que ça n’en valait que 50 maximum, hors saison et sans chauffage. J’avais si froid la nuit que je dormais toute habillée. Ça ne correspondait vraiment pas à ce que je croyais trouver, raison pour laquelle j’ai décidé de déménager au Mercure 2), dans la rue d’à-côté. Lorsque j’ai quitté l’hôtel, le réceptionniste m’a demandé, plutôt sèchement: «Pourquoi partez-vous?» J’avais envie de lui répondre: «Parce que votre hôtel est merdique» mais j’ai simplement dit que j’avais d’autres projets, ce qui était parfaitement vrai.



L’hôtel Mercure ★★★★ coûtait le même prix et c’était un vrai bonheur: une chambre moderne et propre, silencieuse, chaude, avec une belle salle de bains, une bouilloire, autre chose que des chaînes italiennes à la télé et l’internet gratuit et qui fonctionne dans la chambre; un magnifique buffet de petit-déjeuner, dans une grande pièce claire, il y aurait même une terrasse, si nous étions en été. Le genre de chambre dans laquelle on pourrait envisager de passer la journée s’il pleuvait des cordes. Le genre d’hôtel dans lequel on aurait envie de revenir, alors que l’autre, je n’avais qu’une seule envie, c’était d’en fuir.

Breakfast with a view !

Reste le mystère de tripadvisor: qui sont ces gens qui ont trouvé The Business Hotel merveilleux et sympathique? Ils y ont sûrement séjourné en été. Ou alors, ce sont des amis des patrons, qui remplissent le site de leurs avis enchantés. Un autre client qui était tout aussi malheureux que moi a aussi déménagé au Mercure. Il m’a dit que le patron du Business l’avait encouragé à écrire un avis sur son hôtel, il semblait en avoir besoin. Reste à voir si le client déménageur écrira un avis poli ou sincère....

Ce qui est incompréhensible, c’est que deux hôtels, qui sont comme le jour et la nuit, sont offerts au même prix. En Italie du sud, les autorités responsables du tourisme ont sans doute d’autres chats à fouetter que de vérifier les prix demandés et le classement par étoiles. Et puis, pour avoir trois étoiles, il suffit sans doute d’avoir une télé (avec un maigre choix de chaînes), un coffre-fort (ridicule, plus petit qu’une boîte à chaussures, avec une drôle de clé qu’on doit sûrement demander à la réception et qui sera certainement aussi payante), un téléphone (qui ne fonctionne pas), un mini-bar (vide, sauf une bouteille d’eau plate) et un chauffage fictif. Au Mercure, le coffre était assez grand pour que j’y mette mon petit Mac. Et la bouilloire, c’est hyper trop cool! Je n’ai pas pour habitude de loger dans des chaînes quand je suis en vacances, mais après tout, pourquoi pas: on sait au moins à quoi s’attendre et si on est mal accueilli, il y a toujours moyen de se plaindre à la direction centrale.

Struffoli, spécialité napolitaine du nouvel an, servie au petit-déjeuner

Quant au nombre de fois où on m’a dit: «ah! toi qui viens du nord, tu supportes bien le froid!», les gens n’y comprennent vraiment rien. C’est dans les pays du sud qu’on vit toutes portes et fenêtre ouvertes en décembre et en janvier, ce n’est qu’un mauvais moment à passer...
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Voir aussi: Voir Naples et mourir

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