dimanche 1 mai 2011
The Royal Wedding
Il y a certains événements qu’on ne peut tout simplement pas ignorer, même si on s’en fiche royalement, c’est bien le cas de le dire. Je veux bien sûr parler du mariage du siècle – il y en aura certainement encore d’autres au cours des 89 années restantes – le mariage de Kate et de William, ci-devant duc et duchesse de Cambridge. A noter que Kate Middleton, roturière de son état, n’est pas devenue princesse, les règles techniques de la noblesse n’ayant pas prévu le cas de figure de la bergère qui épouse le Prince Charmant.
Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais parfaitement pu oublier ce qui se passait en cet an de grâce 2011 à l’Abbaye de Westminster. La radio, les journaux, internet, les manchettes des quotidiens dans la rue, tout contribuait à faire converger l’humanité tout entière vers un seul pôle, l’union de deux mortels, faits de chair et d’os comme vous et moi. Au cours de la réunion où je travaillais l’après-midi, les délégués n’arrivaient pas à se mettre d’accord. L’un d’entre eux a dit : "Il y a au moins deux personnes qui ont dit oui aujourd’hui", ce qui a provoqué l’hilarité générale dans la salle, démontrant bien que tout le monde avait compris à quoi il faisait allusion. Les débats n’avaient bien entendu rien à voir avec le carnet rose du Gotha. Il n’en n’allait pas autrement ailleurs, d’après ce que m’ont raconté mes amies : une autre conférence très sérieuse a carrément été suspendue le temps de la cérémonie nuptiale et dans une étude d’avocat de la ville, un écran géant a été installé dans une salle de travail qui a dû en voir d’autres, afin de permettre aux employés de suivre le match : "Alors, ils en sont où ?" On n’imagine pas le nombre de smartphones, de iPad et d’ordinateurs branchés sur WiFi au travail ou au bistrot qui ont également participé à cette communion planétaire.
Le lendemain soir, en zappant paresseusement, je suis tombée sur la cérémonie du mariage sur BBC Entertainment. L’événement est décidément incontournable. Ce qui m’a frappée, c’est que parmi les invités, personne ne semblait capable de chanter le psaume, ils bougaient timidement les lèvres, heureusement qu’il y avait un chœur pour faire les bruits qu’il fallait. Pas même Sir Elton John, quelle arnaque !
C’est aussi l’occasion d’apprendre plein de choses : la veille de son mariage, Kate Middleton aurait fait du shopping, mais le pantalon aurait été trop grand. L’a-t-elle laissé au magasin pour une retouche ? On ne le saura sans doute jamais. Les mariés ont quitté l’Abbaye dans l’Aston Martin de Papa, qui a été transformée pour rouler au bioéthanol distillé avec des surplus de vin britannique, ce qui n’est certainement pas dommage. Des mouvements anti-monarchistes ont certes tenté de profiter de l’événement mais apparemment en vain. Kate a une très jolie sœur, Philippa : va-t-elle, à son tour, trouver noble chaussure à son pied ?
Inévitablement, le faste et le côut indécent de tout ce tralala font débat dans une Angleterre confrontée aux coupes budgétaires en tous genre. Paradoxalement, il semblerait que le peuple apprécie d’oublier ses soucis avec des rêves de princesse. La seule robe de la mariée aurait coûté 30.000 euros ou livres, je ne sais plus (le double de celle de sa soeur), ses chaussures 4.500 CHF, sacrées pompes! D’autre part, le merchandising rapporte des millions, si ce n’est des milliards : mugs et assiettes commémoratives, affiches, cartes postales, t-shirts, chapeaux et tout ce que l’imagination humaine pourra concevoir. On trouve même des objets hyper-collector, comme ce mug Made in China, qui marie Kate à Harry. Mais attention : si l’éventuelle future reine s’appelle Kate sur les tea towels, il faudra dorénavant l’appeler Catherine – ou, mieux encore, duchesse de Cambridge.
La frénésie n’est pas moindre sur facebook, où les liens, vidéos et gags en tous genre pulullent. Un jeu très drôle consiste à se fabriquer un nom d’invité au Mariage Princier, en prenant le prénom de sa grand-mère, le nom de son premier animal de compagnie, suivi de l’adresse où on a habité dans son enfance, le tout précédé de Lord ou Lady. Cela donne, par exemple : Doña Josefa Periquito de Riant-Mont, Lord Victor Pétolu de Belles-Roches ou encore Doña Herminia Tucho de Conde Jordana et Lord Henry Yorick de Faguillon.
Reste à voir si Albert et Charlene parviendront à monopoliser l’attention planétaire de la même manière. Le défi est de taille!
vendredi 29 avril 2011
Parlez-vous chien?
Vous rappelez-vous le bon Dr Doolittle, l’homme qui savait parler aux animaux ? C’est sans doute un des fantasmes éternels de l’homme que de parvenir à lire dans les pensées des bêtes qui lui sont proches. Savoir ce que mijote un grizzli ou un aigle nous intéresse certainement moins que de comprendre Médor ou Minet, dont la pensée est toutefois assez aisément accessibles. Pas exactement du Kierkegaard. J’ai connu des chiens qui comprenaient immédiatement des mots tels que promener, chocolat ou encore chat ; leur vocabulaire s’étend bien sûr aussi à Couché ! Platz ! ou Sit ! Les chats, quant à eux, comprennent peut-être l’humain mais n’en laissent rien paraître. Ah ? Je n’ai pas le droit de me faire les griffes sur le canapé ? Tiens… c’est nouveau… ::prend un air d’ennui blasé :: En revanche, ils savent très bien faire passer leurs revendications: miauler bruyamment devant la porte, fût-ce au milieu de la nuit, est un message que même le dernier des idiots comprendra sans peine.
Les chevaux saisissent très bien l’intonation de la voix humaine. J’ai vu des Japonais parler leur langue à leur monture pendant la leçon d’équitation et elle les comprenait sans doute mieux que moi. Il arrivait aussi que mon cheval se mette à galoper avant que je ne lui en donne l’ordre, uniquement parce que le professeur annonçait le changement d’allure à la lettre H1). Les chevaux savent aussi compter 60x60 : ils savent parfaitement quand la leçon touche à sa fin et à partir de ce moment, ils deviennent sourds comme des pots et n'entendent même plus le japonais.
Un ami vient d’adopter une jeune chienne à la SPA. Elle est très bien élevée, ne mendie pas à table, ne tire pas sur la laisse. Mais que peut-il bien se passer dans sa tête et comment diable lui expliquer ce qui se passe ? Dans un premier temps, elle a dû penser qu’on l’emmenait promener ou qu’on allait simplement quelque part. Mais comme la même personne semblait être à ses côtés de façon plutôt durable, elle a dû commencer à faire 1+1 et se dire que ça ne se passait pas comme d’habitude. Une première tentative de la laisser, ne serait-ce que 20 minutes à quelqu’un a été un véritable fiasco : elle a refusé d’avancer du moindre centimètre, tirant désespérément dans la direction de celui dont elle commençait à subodorer qu’il était son nouveau maître. Comment lui dire que papa va revenir ? Et ensuite, comment lui apprendre qu’il ne faut pas aboyer chaque fois qu’un inconnu passe près d’elle ? A la SPA, son univers était minuscule et voilà qu’elle découvre les vitrines, le bus, plein d’autres chiens, des odeurs et des couleurs entièrement nouvelles. Elle a bien essayé le regard implorant, façon S’il vous plaît, Madame ! quand nous étions à table et elle donne souvent la papatte, l’air de dire : Ecoute, j’ai quelque chose à te raconter, mais le dialogue humano-canin reste à un niveau très rudimentaire.
Les chiens ont des maîtres, les chats ont des serviteurs. L’homme leur apporte leur nourriture quotidienne. Le chien pense : cet homme trouve ma nourriture, il doit être dieu. Le chat pense : cet homme m’apporte de la nourriture, je dois être un dieu. Que les gens choisissent plutôt un chien ou plutôt un chat comme animal de compagnie en dit long sur leur personnalité. Les chats viennent souvent en multi-pack : soit on en a un, soit on en a douze ou quarante-sept. Mais que ce soit un chien, un (des) chat(s), des gerbilles ou des canaris, les animaux nous réchauffent le cœur et nous apportent quelque chose que les humains ne peuvent tout simplement pas offrir, à cause des convenances, à cause du qu’est-ce-qu’il-va-penser-si-je fais-ça, à cause de notre timidité et de nos inhibitions. Les animaux nous aiment sans complications, sans poser de questions, sans chantage émotionnel. Ils connaissent toutefois la jalousie et il n’est pas toujours facile de se refaire une vie de couple une fois qu’on a bâti une relation avec toutou ou minou.
Avoir un compagnon, qu’il ait deux ou quatre pattes, entraîne certaines contraintes mais apporte aussi beaucoup de joie et de plaisir. Etre seul, c’est être libre, mais c’est aussi être seul. Ma foi, on ne peut pas tout avoir.
2)
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1)Des lettres au bord du manège servent de repères pour les figures à faire ou pour les changements de direction
2) www.icanhascheezburger.com Le succès de ce site réside certainement dans le fait qu’il joue sur l’idée d’un dialogue avec les chats.
http://www.sgpa.ch/
et voici un minet qui sait très bien se faire comprendre!
http://www.youtube.com/watch?v=JhlfT-x6Ys0&feature=player_embedded
dimanche 17 avril 2011
La banalisation de la violence
Une affiche visible dans les rues de Genève ces jours est particulièrement dérangeante : on y voit une femme subissant un acte de torture, étouffée par une toile en plastique. Elle vante une pièce de Harold Pinter, l’Etau 1), d’après One For The Road. Selon Wikipedia, ladite pièce dénonce la violence de l’Etat, mais sans jamais la montrer ; seuls les dialogues des personnages y font allusion. Il semble cependant que de nos jours, pour attirer le chaland, il faut du sexe et/ou de la violence. Il faut la montrer explicitement, sinon le citoyen lambda risque de ne pas comprendre qu’on va lui offrir un moment de voyeurisme. Peut-être même qu’on assistera à un séance de simili-noyade dans une baignoire. Chic !
Un soir, en zappant, je suis tombée sur un vidéo clip d’une chanteuse qui s’appelle Gabriela Climi : Nothing Sweet About Me. On y voit cette jolie jeune femme, un peu boudeuse, qui pousse la chansonnette dans une cave plutôt sordide. Elle est entourée de ses musiciens et de six ou sept hommes attachés et baillonnés, l’un est scotché au sol, un autre est ligoté et suspendu par les pieds. Elle déverse une bouteille d’eau sur un de ces prisonniers qui a visiblement soif, l’air de le narguer. Et à la fin de la chanson, elle défait le crochet qui retient le bonhomme suspendu, ce qui équivaut à le tuer. Tout ça en chantant et en souriant à la caméra. Et ça fait un tube. Est-ce choquant ou est-ce que c’est moi qui suis hyper-sensible ? A noter aussi Disturbia de Rihanna : l’ambiance Hostel et Saw, esthétisée, glamourisée, fashion à mort 2).
Les films d’horreur et de torture sont librement disponibles dans les grands magasins et les locations de vidéos. Les scènes de torture sont de plus en plus courantes, voire inévitables dans les films policiers ou d’action (le récent Casino Royale, par exemple ou The Life of David Gale où, précisément, la victime a été tuée étouffée par un sac en plastique). Quand on allume la télé au hasard le soir, on tombe inévitablement sur un flingue dirigé sur la tempe de quelqu’un, une femme qui hurle, l’ambulance et la police, du sang partout, la morgue. Faut-il alors s’étonner que les écoliers se filment les uns les autres avec leurs téléphones mobiles pendant qu’ils tabassent ou violent leurs camarades de classe ?
Orange mécanique, le film de Stanley Kubrick, est sorti en 1972. Je l’ai vu en 1976, à 16 ans, ayant perdu le vote d’un trio d’amis, s’agissant du choix du film de la soirée. Je refusais de voir un film connu pour être hyper-violent. Il était d’ailleurs interdit aux moins de 16 ans à l’époque. Sa réputation n’était pas usurpée, mais bien que la violence dépeinte dans le film soit totalement gratuite, elle est néanmoins porteuse d’un message. Le film m’avait énormément marquée. Je l’ai revu récemment, 35 ans plus tard et sa violence est toujours aussi choquante et dérangeante. Ce qui a changé toutefois, c’est que j’ai pu l’acheter pour 10,- dans une solderie, sans le moindre avertissement en couverture. A l’époque, le film avait fait des émules en Angleterre, causant des morts, comme dans le film. Le réalisateur avait alors demandé que son film soit retiré des salles en Grande-Bretagne. Cette censure n’a pris fin qu’à la mort de Kubrick.
Un soir, en zappant, je suis tombée sur un vidéo clip d’une chanteuse qui s’appelle Gabriela Climi : Nothing Sweet About Me. On y voit cette jolie jeune femme, un peu boudeuse, qui pousse la chansonnette dans une cave plutôt sordide. Elle est entourée de ses musiciens et de six ou sept hommes attachés et baillonnés, l’un est scotché au sol, un autre est ligoté et suspendu par les pieds. Elle déverse une bouteille d’eau sur un de ces prisonniers qui a visiblement soif, l’air de le narguer. Et à la fin de la chanson, elle défait le crochet qui retient le bonhomme suspendu, ce qui équivaut à le tuer. Tout ça en chantant et en souriant à la caméra. Et ça fait un tube. Est-ce choquant ou est-ce que c’est moi qui suis hyper-sensible ? A noter aussi Disturbia de Rihanna : l’ambiance Hostel et Saw, esthétisée, glamourisée, fashion à mort 2).
Les films d’horreur et de torture sont librement disponibles dans les grands magasins et les locations de vidéos. Les scènes de torture sont de plus en plus courantes, voire inévitables dans les films policiers ou d’action (le récent Casino Royale, par exemple ou The Life of David Gale où, précisément, la victime a été tuée étouffée par un sac en plastique). Quand on allume la télé au hasard le soir, on tombe inévitablement sur un flingue dirigé sur la tempe de quelqu’un, une femme qui hurle, l’ambulance et la police, du sang partout, la morgue. Faut-il alors s’étonner que les écoliers se filment les uns les autres avec leurs téléphones mobiles pendant qu’ils tabassent ou violent leurs camarades de classe ?
Orange mécanique, le film de Stanley Kubrick, est sorti en 1972. Je l’ai vu en 1976, à 16 ans, ayant perdu le vote d’un trio d’amis, s’agissant du choix du film de la soirée. Je refusais de voir un film connu pour être hyper-violent. Il était d’ailleurs interdit aux moins de 16 ans à l’époque. Sa réputation n’était pas usurpée, mais bien que la violence dépeinte dans le film soit totalement gratuite, elle est néanmoins porteuse d’un message. Le film m’avait énormément marquée. Je l’ai revu récemment, 35 ans plus tard et sa violence est toujours aussi choquante et dérangeante. Ce qui a changé toutefois, c’est que j’ai pu l’acheter pour 10,- dans une solderie, sans le moindre avertissement en couverture. A l’époque, le film avait fait des émules en Angleterre, causant des morts, comme dans le film. Le réalisateur avait alors demandé que son film soit retiré des salles en Grande-Bretagne. Cette censure n’a pris fin qu’à la mort de Kubrick.
Il est d’ailleurs étrange qu’un film aussi désagréable soit aussi populaire. Même Hello Kitty s’y met. La musique de Purcell 3), adaptée au synthétiseur, est particulièrement puissante pour créer une ambiance d’angoisse et de malaise. Le personnage principal est parfaitement odieux, ses agissements immondes et impardonnables. Mon ami Wikipedia donne une explication intéressante quant au titre quelque peu étrange de cette œuvre. Orange Mécanique viendrait d'une vieille expression cockney : He’s as queer as a clockwork orange. D’autre part, Anthony Burgess, auteur du roman éponyme, a vécu en Malaisie où orang signifie homme (orang outan = l’homme des bois). L’homme mécanique est l’homme conditionné, manipulé.
Bon, maintenant il faut que je revoie le Dernier Tango à Paris pour mesurer la distance parcourue depuis les années -70 dans une autre catégorie. Je l’ai vu vers 18-19 ans, bien des années après sa sortie et je me suis mortellement ennuyée. Tout ça pour ça…
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Ce qui est amusant c'est que, s'agissant d'un film qui était d'anticipation à l'époque, on y voit: une minicassette, un magnétophone de type ReVox (c koi?) et un projecteur de diapositives!
Bon, maintenant il faut que je revoie le Dernier Tango à Paris pour mesurer la distance parcourue depuis les années -70 dans une autre catégorie. Je l’ai vu vers 18-19 ans, bien des années après sa sortie et je me suis mortellement ennuyée. Tout ça pour ça…
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Ce qui est amusant c'est que, s'agissant d'un film qui était d'anticipation à l'époque, on y voit: une minicassette, un magnétophone de type ReVox (c koi?) et un projecteur de diapositives!
1) Affiche pour la pièce "L'Étau, une histoire articulée autour de «Un pour la route» de Harold Pinter, une réflexion caustique, tantôt cruelle, tantôt sombre, sur les manipulations et les oppressions dont nous sommes ou pourrions être les victimes." Au théâtre des Grottes, du 12 avril au 1er mai 2011
2) Sur YouTube: Gabriela Climi, Sweet About Me et Rihanna, Disturbia
3) Music for the Funeral of Queen Mary
2) Sur YouTube: Gabriela Climi, Sweet About Me et Rihanna, Disturbia
3) Music for the Funeral of Queen Mary
dimanche 3 avril 2011
Fêlures
Ma mère est veuve depuis un peu plus d’un an et, bien qu’ayant trouvé un nouveau modus vivendi, elle souffre malgré tout de solitude. C’est pourquoi elle a répondu à la petite annonce d’une jeune fille au pair allemande, pensant que celle-ci pourrait lui faire la conversation en guise de cours de langue, contre rémunération s’entend. L’au pair en question a répondu qu’elle avait déjà trouvé du travail. Cependant, peu de temps après, elle a repris contact avec ma mère, car elle n’avait plus où se loger. Ma mère lui a proposé une chambre, pensant que par la même occasion, elle aurait ainsi auprès d’elle quelqu’un qui pourrait l’aider avec de menues tâches, une présence rassurante.
Déjà, l’urgence dans laquelle la jeune fille avait besoin de se loger aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. La première drôle de surprise a été de découvrir qu'elle avait 41 ans. Elle voulait postuler pour un job au Salon de l’Auto, à la veille de l’ouverture de celui-ci et sans aucun moyen de locomotion pour s’y rendre. Ses prétendues recherches d’emploi aboutissaient toujours dans une impasse, car elle s’estimait sur- ou sous-qualifiée. Le principal problème était surtout qu’elle dormait quasiment toute la journée.
Petit à petit, il est devenu assez évident qu’elle avait trouvé une bonne planque chez ma mère, qui a regretté de lui avoir offert la chambre gratuitement. En effet, ma mère n’a pas besoin de toucher de loyer, mais elle peut confirmer que ce qui est gratuit est sans valeur aux yeux de la plupart des gens. Son "invitée" avait non seulement la chambre, mais aussi l’internet, la cuisinière et le lave-linge gratuit. Il a même fallu que je lui précise que les repas n’étaient pas inclus dans l’arrangement. Elle n’allait certainement pas être pressée de trouver une autre solution, car ses journées s’écoulaient, ma foi, fort agréablement: grasse matinée, puis copieux petit-déjeuner pendant une heure ou deux, après quoi elle se rendait à son cours de yoga ou à son cours de peinture sur porcelaine.
Il a fallu mettre le holà à cette situation avant qu’elle ne s’éternise ni ne pourrisse. L’incruste s’est montrée fort marrie, surprise et déçue d’apprendre qu’elle ne pouvait pas prendre racine. Pour se défendre, elle a même dit qu’il était normal qu’elle ne fasse rien pour ma mère, puisque ce genre de service est normalement rémunéré: puisqu’elle ne paie rien pour la chambre, il n’est que normal qu’elle ne travaille pas bénévolement non plus. Logique ! Elle a soudainement commencé avoir toutes sortes de jobs potentiels : l’école enfantine d’en-face l’aurait engagée au 1er avril, un hôtel de la place au 1er mai. Une famille de très bon niveau l’aurait engagée pour qu’elle les suive à Londres et à Paris et lui aurait envoyé son billet d’avion; elle devait partir le surlendemain de notre ultimatum, espérant ainsi grapiller encore deux nuitées de plus.
Aux dernières nouvelles, elle est toujours dans la bourgade où vit ma mère. Elle prend des cours d’improvisation théâtrale, ce qui est approprié quand on n’a ni revenu, ni logement, ni travail et qu’on a laissé sa veille voiture en panne chez son précédent employeur. Les courriers électroniques qu’elle m’a envoyés me permettent sérieusement de douter de sa santé mentale. Elle a l’intention d’écrire aux Prince des Pays-Bas, qu’elle trouve fort sympathique pour l'avoir vu à la télé, pour lui demander d’intervenir auprès d’Angela Merkel afin que celle-ci intercède en faveur de sa mère (qui doit avoir autour de 60 ans) pour lui permettre de faire l’apprentissage de fleuriste qui lui a été refusé dans sa jeunesse. La Chancelière est une femme très compréhensive qui, entre les élections perdues en faveur des Verts et la guerre en Libye, n’a sans doute pas encore assez d’autres chats à fouetter.
Bref, voici une femme ni jeune ni vieille, qui n’a plus toute sa tête, qui n’a pas de revenus et qui n’a certainement pas l’intention de chercher de travail (trop ennuyeux, trop fatigant, il faut se lever le matin et il faudrait renoncer aux cours de yoga, pffh !) et qui arrive à apitoyer les gens pour qu’ils la logent. Elle semble avoir des économies, peut-être que ses parents lui envoient de l’argent. Mystère et boule de gomme.
Elle a toutes ses possessions terrestres dans une multitude de sacs. Plus de voiture, pas de travail et une sérieuse fêlure entre les oreilles. Quand ses ressources seront taries, elle finira sans doute sur un banc, dans un parc, avec ses baluchons dans un caddie pour toute compagnie. Peut-être même qu’elle parcourra les rues en haranguant la foule de ses quatre vérités, comme le fait une femme dans les rues de Genève. Qui sont-ils, ces personnages qui vivent sous les ponts ou sur les trottoirs ? Il y en a plusieurs à Genève. Un Grison qui vivait dans un kiosque et qui a refusé le logement propre, chaud, aseptisé et solitaire que les services sociaux lui ont proposé ; le monsieur japonais du square derrière le monument Brunswick ; la dame française et son fils qui vivent dans les toilettes publiques vers les Halles de l’Ile ; le peintre africano-belge qui vivait sous la gare et qui a fini par être rapatrié en Belgique ; et combien d’autres encore. Je n’inclus pas dans ce groupe les djeuns à chiens, tatoués et piercés qui font la manche devant la Coop : ils ont sûrement une chaîne stéréo et une télé à écran plat qui les attend chez papa et maman. Ceux-là ne méritent qu’un coup de pied au cul, pardon my french ! Les Roms forment une catégorie à part aussi.
On a vite fait de se retrouver à la rue : on perd son emploi, on ne peut plus payer son loyer. On loge chez des amis, ça va pendant quelques semaines. Sans logement, impossible d’avoir des chemises repassées, d’être présentable pour les entretiens d’embauche qui sont de toute manière impitoyables, même si on a tout pour soi. On se décourage, on n’a plus l’énergie de prendre soin de son apparence. A partir de là, tout dégringole. On finit par perdre tout espoir, toute dignité, on cesse de lutter et, avec un peu de chance, l’Armée du Salut vous tend la main.
Quand j’étais plus jeune, j’avais parfois le fantasme de sauver un clochard, d’aider ceux dans le besoin. Ça peut certainement être gratifiant, si on arrive à sortir quelqu’un de la déchéance. Toutefois, ceux qui finissent dans la rue sont sans doute souvent responsables de leur sort, comme semble le prouver la jeune fille au pair dont il est question plus haut. Il est difficile de passer froidement devant les mendiants, mais à quoi sert-il de leur donner deux francs ? Ils achèteront des cigarettes et resteront sur le trottoir. Alors que faire ?
Déjà, l’urgence dans laquelle la jeune fille avait besoin de se loger aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. La première drôle de surprise a été de découvrir qu'elle avait 41 ans. Elle voulait postuler pour un job au Salon de l’Auto, à la veille de l’ouverture de celui-ci et sans aucun moyen de locomotion pour s’y rendre. Ses prétendues recherches d’emploi aboutissaient toujours dans une impasse, car elle s’estimait sur- ou sous-qualifiée. Le principal problème était surtout qu’elle dormait quasiment toute la journée.
Petit à petit, il est devenu assez évident qu’elle avait trouvé une bonne planque chez ma mère, qui a regretté de lui avoir offert la chambre gratuitement. En effet, ma mère n’a pas besoin de toucher de loyer, mais elle peut confirmer que ce qui est gratuit est sans valeur aux yeux de la plupart des gens. Son "invitée" avait non seulement la chambre, mais aussi l’internet, la cuisinière et le lave-linge gratuit. Il a même fallu que je lui précise que les repas n’étaient pas inclus dans l’arrangement. Elle n’allait certainement pas être pressée de trouver une autre solution, car ses journées s’écoulaient, ma foi, fort agréablement: grasse matinée, puis copieux petit-déjeuner pendant une heure ou deux, après quoi elle se rendait à son cours de yoga ou à son cours de peinture sur porcelaine.
Il a fallu mettre le holà à cette situation avant qu’elle ne s’éternise ni ne pourrisse. L’incruste s’est montrée fort marrie, surprise et déçue d’apprendre qu’elle ne pouvait pas prendre racine. Pour se défendre, elle a même dit qu’il était normal qu’elle ne fasse rien pour ma mère, puisque ce genre de service est normalement rémunéré: puisqu’elle ne paie rien pour la chambre, il n’est que normal qu’elle ne travaille pas bénévolement non plus. Logique ! Elle a soudainement commencé avoir toutes sortes de jobs potentiels : l’école enfantine d’en-face l’aurait engagée au 1er avril, un hôtel de la place au 1er mai. Une famille de très bon niveau l’aurait engagée pour qu’elle les suive à Londres et à Paris et lui aurait envoyé son billet d’avion; elle devait partir le surlendemain de notre ultimatum, espérant ainsi grapiller encore deux nuitées de plus.
Aux dernières nouvelles, elle est toujours dans la bourgade où vit ma mère. Elle prend des cours d’improvisation théâtrale, ce qui est approprié quand on n’a ni revenu, ni logement, ni travail et qu’on a laissé sa veille voiture en panne chez son précédent employeur. Les courriers électroniques qu’elle m’a envoyés me permettent sérieusement de douter de sa santé mentale. Elle a l’intention d’écrire aux Prince des Pays-Bas, qu’elle trouve fort sympathique pour l'avoir vu à la télé, pour lui demander d’intervenir auprès d’Angela Merkel afin que celle-ci intercède en faveur de sa mère (qui doit avoir autour de 60 ans) pour lui permettre de faire l’apprentissage de fleuriste qui lui a été refusé dans sa jeunesse. La Chancelière est une femme très compréhensive qui, entre les élections perdues en faveur des Verts et la guerre en Libye, n’a sans doute pas encore assez d’autres chats à fouetter.
Bref, voici une femme ni jeune ni vieille, qui n’a plus toute sa tête, qui n’a pas de revenus et qui n’a certainement pas l’intention de chercher de travail (trop ennuyeux, trop fatigant, il faut se lever le matin et il faudrait renoncer aux cours de yoga, pffh !) et qui arrive à apitoyer les gens pour qu’ils la logent. Elle semble avoir des économies, peut-être que ses parents lui envoient de l’argent. Mystère et boule de gomme.
Elle a toutes ses possessions terrestres dans une multitude de sacs. Plus de voiture, pas de travail et une sérieuse fêlure entre les oreilles. Quand ses ressources seront taries, elle finira sans doute sur un banc, dans un parc, avec ses baluchons dans un caddie pour toute compagnie. Peut-être même qu’elle parcourra les rues en haranguant la foule de ses quatre vérités, comme le fait une femme dans les rues de Genève. Qui sont-ils, ces personnages qui vivent sous les ponts ou sur les trottoirs ? Il y en a plusieurs à Genève. Un Grison qui vivait dans un kiosque et qui a refusé le logement propre, chaud, aseptisé et solitaire que les services sociaux lui ont proposé ; le monsieur japonais du square derrière le monument Brunswick ; la dame française et son fils qui vivent dans les toilettes publiques vers les Halles de l’Ile ; le peintre africano-belge qui vivait sous la gare et qui a fini par être rapatrié en Belgique ; et combien d’autres encore. Je n’inclus pas dans ce groupe les djeuns à chiens, tatoués et piercés qui font la manche devant la Coop : ils ont sûrement une chaîne stéréo et une télé à écran plat qui les attend chez papa et maman. Ceux-là ne méritent qu’un coup de pied au cul, pardon my french ! Les Roms forment une catégorie à part aussi.
On a vite fait de se retrouver à la rue : on perd son emploi, on ne peut plus payer son loyer. On loge chez des amis, ça va pendant quelques semaines. Sans logement, impossible d’avoir des chemises repassées, d’être présentable pour les entretiens d’embauche qui sont de toute manière impitoyables, même si on a tout pour soi. On se décourage, on n’a plus l’énergie de prendre soin de son apparence. A partir de là, tout dégringole. On finit par perdre tout espoir, toute dignité, on cesse de lutter et, avec un peu de chance, l’Armée du Salut vous tend la main.
Quand j’étais plus jeune, j’avais parfois le fantasme de sauver un clochard, d’aider ceux dans le besoin. Ça peut certainement être gratifiant, si on arrive à sortir quelqu’un de la déchéance. Toutefois, ceux qui finissent dans la rue sont sans doute souvent responsables de leur sort, comme semble le prouver la jeune fille au pair dont il est question plus haut. Il est difficile de passer froidement devant les mendiants, mais à quoi sert-il de leur donner deux francs ? Ils achèteront des cigarettes et resteront sur le trottoir. Alors que faire ?
samedi 19 mars 2011
Le bonheur de chanter ♪♪♫♪♫
It ain't over till the fat lady sings!
Depuis quelques années, le chant occupe une place prépondérante dans ma vie. La musique a bien sûr toujours été présente autour de moi, sous une forme ou sous une autre. Comme toute jeune fille bien élevée, j’ai reçu des cours de piano, puis je me suis mise à la flûte traversière. Ensuite, quelques années au Chœur Universitaire m’ont initiée au chant choral. Après une longue pause, au cours de laquelle ma pratique musicale s’est tournée vers le flamenco, je suis revenue au chant. Ayant voulu perfectionner mes compétences vocales, j’ai pris quelques leçons. Bien m’en a pris, car cela m’a ouvert la porte à toute une série d’expériences aussi nouvelles qu’enrichissantes.
Il n’est pas facile de trouver un bon professeur. Savoir chanter est en partie un don inné, un talent naturel, qu’on peut développer grâce à l’acquisition de certaines ficelles. Un bon chanteur n’est toutefois pas forcément un bon pédagogue. L’élève doit comprendre certaines techniques physiques et physiologiques, qui ont ceci de particulier qu’elles sont très subjectives et immatérielles. On vous dira de lever le voile de votre palais, le B-A-BA du chant. Oui, mais comment faire ? Comment diriger une partie de son corps dont on ne sait même pas trop où elle se trouve ? On vous dira de sourire, de mettre ce sourire dans vos yeux, d’imaginer un immense gateau au chocolat recouvert de crème fouettée, qui vous fait dire : Ôh !!! , mais tout en baillant, pour éviter toute crispation de la mâchoire. Vous avez une cathédrale dans la tête et une ficelle qui vous tire la tête par le haut. Vous lancez votre note vers la dernière rangée de la Scala de Milan, si possible même au-delà, même si le son doit passer derrière votre tête pour y parvenir. Vous imaginez que vous humez un parfum divin. La note doit sortir de vos pommettes et vous n’arrêtez jamais de sourire, même si vous chantez Jésus sur la croix.
L’autre base absolue du chant est le soutien. Je n’ai pas encore vraiment bien saisi de quoi il s’agit. Il faut tenir son ventre, son diaphragme, sans toutefois crisper les abdos ; pousser dans les lombaires, comme si on voulait déplacer un meuble, tout en restant droit et en ouvrant sa cage thoracique pour bien remplir ses poumons. Pour sentir et muscler son diaphragme, il faut pousser des Rre-Kke-Ffe-Tte ou chanter Frère Jacques en faisant brbrbrbrbrbrbr avec les lèvres fermées. Il faut penser à monter quand on chante des notes descendantes; inversément, pour pousser des notes aiguës, il faut enfoncer ses pieds dans le sol, quitte à fléchir légèrement les genoux ; éviter de ralentir dans les descrescendo et ne pas chanter plus fort parce que la cadence s’accélère.
Même si je ne maîtrise pas encore parfaitement toutes ces techniques, il est apparu assez rapidement que j’allais passer de la tessiture alto à celle de soprano. Selon le credo You Can Do It, j’ai changé de pupitre, ce qui équivaut quasiment à changer de personnalité. Les voix alto sont aussi discrètes qu’indispensables, comme la contrebasse de Patrick Süskind. Elles remplissent l’œuvre d’une ligne harmonique insoupçonnée, mais qui apporte tout son sel à la pièce. Quant aux soprano, elles ont la ligne mélodique, celle qui brille par sa flamboyance par-dessus toutes les autres. Chanter soprano est par ailleurs bien plus facile, étant donné que nous avons la ligne mélodique : il suffit d’écouter le disque 2-3 fois sur son iPod ou dans la voiture et c’est dans la poche !
Je ne cesse de m’étonner que l’opéra soit si populaire, notamment parmi les jeunes. C’est un art vieux de plusieurs siècles, qui raconte des histoires à la fois niaises et universelles – l’amour, la rivalité, le pouvoir, les héritages, la folie, la mort, la vengeance – mais la force de la musique déchaîne les émotions à tous les étages, peu importe l’âge ou la classe sociale. Les cinémas du monde entier cartonnent avec leur projections en direct du Metropolitan Opera de New York.
Enfin, je me rends compte que j’ai un véritable plaisir à chanter : le plaisir de pouvoir produire des œuvres sublimes, qui résonnent dans de belles églises et qui rendent les gens heureux ; le plaisir tout simplement physique de sentir la musique vibrer dans mon corps ; le plaisir de boire et de manger avec mes amis choristes ; enfin le plaisir totalement jouissif de pousser un si bémol qui n’a pas été mis là par hasard. Mon prochain grand projet : chanter dans les chœurs de Roméo et Juliette de Gounod, à nouveau sur la scène de l’Alhambra. Une histoire mythique, de la musique grandiose, de beaux costumes et, une fois de plus, une collaboration avec de vrais professionnels. Un changement bienvenu par rapport aux discours monotones et répétitifs qu’ânnonnent nos chers délégués…
N'est malheureux que celui qui ne sait pas chanter (proverbe égyptien)
Depuis quelques années, le chant occupe une place prépondérante dans ma vie. La musique a bien sûr toujours été présente autour de moi, sous une forme ou sous une autre. Comme toute jeune fille bien élevée, j’ai reçu des cours de piano, puis je me suis mise à la flûte traversière. Ensuite, quelques années au Chœur Universitaire m’ont initiée au chant choral. Après une longue pause, au cours de laquelle ma pratique musicale s’est tournée vers le flamenco, je suis revenue au chant. Ayant voulu perfectionner mes compétences vocales, j’ai pris quelques leçons. Bien m’en a pris, car cela m’a ouvert la porte à toute une série d’expériences aussi nouvelles qu’enrichissantes.
Il n’est pas facile de trouver un bon professeur. Savoir chanter est en partie un don inné, un talent naturel, qu’on peut développer grâce à l’acquisition de certaines ficelles. Un bon chanteur n’est toutefois pas forcément un bon pédagogue. L’élève doit comprendre certaines techniques physiques et physiologiques, qui ont ceci de particulier qu’elles sont très subjectives et immatérielles. On vous dira de lever le voile de votre palais, le B-A-BA du chant. Oui, mais comment faire ? Comment diriger une partie de son corps dont on ne sait même pas trop où elle se trouve ? On vous dira de sourire, de mettre ce sourire dans vos yeux, d’imaginer un immense gateau au chocolat recouvert de crème fouettée, qui vous fait dire : Ôh !!! , mais tout en baillant, pour éviter toute crispation de la mâchoire. Vous avez une cathédrale dans la tête et une ficelle qui vous tire la tête par le haut. Vous lancez votre note vers la dernière rangée de la Scala de Milan, si possible même au-delà, même si le son doit passer derrière votre tête pour y parvenir. Vous imaginez que vous humez un parfum divin. La note doit sortir de vos pommettes et vous n’arrêtez jamais de sourire, même si vous chantez Jésus sur la croix.
L’autre base absolue du chant est le soutien. Je n’ai pas encore vraiment bien saisi de quoi il s’agit. Il faut tenir son ventre, son diaphragme, sans toutefois crisper les abdos ; pousser dans les lombaires, comme si on voulait déplacer un meuble, tout en restant droit et en ouvrant sa cage thoracique pour bien remplir ses poumons. Pour sentir et muscler son diaphragme, il faut pousser des Rre-Kke-Ffe-Tte ou chanter Frère Jacques en faisant brbrbrbrbrbrbr avec les lèvres fermées. Il faut penser à monter quand on chante des notes descendantes; inversément, pour pousser des notes aiguës, il faut enfoncer ses pieds dans le sol, quitte à fléchir légèrement les genoux ; éviter de ralentir dans les descrescendo et ne pas chanter plus fort parce que la cadence s’accélère.
Même si je ne maîtrise pas encore parfaitement toutes ces techniques, il est apparu assez rapidement que j’allais passer de la tessiture alto à celle de soprano. Selon le credo You Can Do It, j’ai changé de pupitre, ce qui équivaut quasiment à changer de personnalité. Les voix alto sont aussi discrètes qu’indispensables, comme la contrebasse de Patrick Süskind. Elles remplissent l’œuvre d’une ligne harmonique insoupçonnée, mais qui apporte tout son sel à la pièce. Quant aux soprano, elles ont la ligne mélodique, celle qui brille par sa flamboyance par-dessus toutes les autres. Chanter soprano est par ailleurs bien plus facile, étant donné que nous avons la ligne mélodique : il suffit d’écouter le disque 2-3 fois sur son iPod ou dans la voiture et c’est dans la poche !
Je ne cesse de m’étonner que l’opéra soit si populaire, notamment parmi les jeunes. C’est un art vieux de plusieurs siècles, qui raconte des histoires à la fois niaises et universelles – l’amour, la rivalité, le pouvoir, les héritages, la folie, la mort, la vengeance – mais la force de la musique déchaîne les émotions à tous les étages, peu importe l’âge ou la classe sociale. Les cinémas du monde entier cartonnent avec leur projections en direct du Metropolitan Opera de New York.
Enfin, je me rends compte que j’ai un véritable plaisir à chanter : le plaisir de pouvoir produire des œuvres sublimes, qui résonnent dans de belles églises et qui rendent les gens heureux ; le plaisir tout simplement physique de sentir la musique vibrer dans mon corps ; le plaisir de boire et de manger avec mes amis choristes ; enfin le plaisir totalement jouissif de pousser un si bémol qui n’a pas été mis là par hasard. Mon prochain grand projet : chanter dans les chœurs de Roméo et Juliette de Gounod, à nouveau sur la scène de l’Alhambra. Une histoire mythique, de la musique grandiose, de beaux costumes et, une fois de plus, une collaboration avec de vrais professionnels. Un changement bienvenu par rapport aux discours monotones et répétitifs qu’ânnonnent nos chers délégués…
N'est malheureux que celui qui ne sait pas chanter (proverbe égyptien)
samedi 12 mars 2011
facebook est mon ami
A force d’entendre dire pis que pendre de ce réseau social, de ce phénomène de société, je me dois de briser une lance pour ce club, que dis-je : cette tribu des facebookers. Aux Etats-Unis, la moitié des personnes ayant une connexion internet auraient une page fb, ça me paraît presque peu. Ce qui m’a décidée à rejoindre cette grande famille, c’est le fait qu’on y trouve des groupes qui demandent ceci ou cela. Sans page facebook toutefois, impossible de voir quoi que ce soit et encore moins de participer. Cela dit, ces groupes n’ont pas beaucoup d’influence sur la marche du monde. En ce moment, la maman de Livia et Alessia, les jumelles disparues, recueille des témoignages et des messages de sympathie sur la page de soutien. La révolte des pays arabes doit aussi beaucoup à ces fameux réseaux sociaux, qui permettent aux gens de communiquer très facilement et très rapidement, où qu’ils se trouvent dans le monde (pour autant que les autorités ne bloquent pas internet). Après le tremblement de terre au Japon, les téléphones ne fonctionnant plus, les gens donnent de leurs nouvelles via facebook et twitter.
Evidemment, tout ceci n’a d’intérêt que si on a des amis actifs, c’est-à-dire qui écrivent ou qui affichent des choses, et qui réagissent à ce que font les autres. Bien des personnes ont leur page, mais n’y vont jamais, un peu comme ces gens qui ont un téléphone mobile, mais qui ne l’allument jamais et qui ne donnent leur numéro à personne, pour ne pas être dérangés. Parmi mes amis, 50% environ sont inactifs, autant dire morts et sans intérêt (au sens de facebook, s’entend ; je les fréquente évidemment bien volontiers IRL *). L’amitié facebook, virtuelle, n’a en effet pas grand-chose à voir avec l’amitié réelle. C’est une forme de communication un peu distancée, comme le serait l’échange de SMS par rapport à une conversation face à face. On consulte sa page fb quand on veut, on ne peut donc pas être dérangé par ce qui s’y passe. La vie sur facebook regorge de ce genre d’humour que les gens s’échangent par le biais de mails collectifs, avec des photos rigolotes ou des Power Points débordant de sagesse américaine et qui se terminent inmanquablement par Envoie ceci à dix de tes amis dans l’heure qui suit et quelque chose de merveilleux t’arrivera. Sauf que là, pas besoin d’envoyer le message plus loin, une fois qu’il est affiché, tous vos amis le verront.
Les cassandres qui poussent des cris d’orfraie vous diront que facebook vous vole vos données privées, alors qu’on peut s’y inscrire sous le nom de Belle Auboidorman, dire qu’on est née Rostopchine en 1910, qu’on est végétarien et monarchiste. Ils vous diront qu’on espionne tous vos faits et gestes : tout dépend de ce qu’on écrit sur sa page et comment on verrouille ses paramètres de confidentialité. Oui, mais et les hackers ? Les hackers ont accès à votre courrier électronique, qui contient certainement des infos bien plus compromettantes que: Coincée dans les bouchons à cause du Salon de l’Auto ! Alors quel est l’intérêt de s’échanger des infos et des commentaire aussi banals ? Je comparerais ça à du bavardage de pause café, c’est un moyen de détente, d’amusement et à la pause non plus, vous n’allez pas dire que vous souffrez d’incontinence, que votre collègue vous emm…. ou que vous êtes tenté(e) de voter pour Ségolène. L’ambiance sur facebook a quelque chose de Disneyland : on est tous là pour dire coucou et bravo et J’aime à ses amis. Ce n’est pas par hasard que le bouton J’aime pas n’existe pas. Vos amis fb vous donnent de ces Streicheleinheiten #) dont la vie réelle est si avare.
On entend dire énormément de bêtises sur facebook. L’éternel scenario de votre patron qui lit que vous le traitez de gros porc ou qui voit des photos de vous à moitié nu et complètement ivre. Tout comme dans la vie réelle, il ne faut jamais insulter son patron en pensant qu’il n’en saura jamais rien et si vous menez une vie de bâton de chaise, les photos compromettantes peuvent atterrir sur le bureau de qui-il-ne-faut-pas même sans le concours de Mark Zuckerberg. Toute invention a ses bons et ses mauvais côtés : faut-il interdire le téléphone à cause du démarchage ou des appels obscènes ? Faut-il interdire internet parce qu’on y trouve les instructions pour fabriquer une bombe ? Faut-il interdire les voitures parce qu’on risque d’avoir un accident ?
Il y a surtout beaucoup d’ignorance et de fantasmes qui circulent. Les gens ne comprennent tout simplement pas comment ça fonctionne et échafaudent toutes sortes de scénarios catastrophe, où vous vous dévoilez devant le monde entier. Ils s’imaginent que n’importe qui peut écrire n’importe quoi sur votre « mur » et que tout le monde peut le lire. Que n’importe qui peut afficher des photos horribles qui détruiront votre réputation, votre carrière et qui pousseront votre conjoint / partenaire / chien à vous quitter à tout jamais. Comme dans la vraie vie, il faut choisir ses amis avec discernement et chasser ceux qui vous font du mal. Les artistes, écrivains, acteurs ont compris que facebook peut leur servir à la fois de vitrine et de fan club. Le service d’interprétation de la Commission européenne a d'ailleurs saisi cette perche: ils cherchent à attirer la relève, par définition jeune et branchée internet, par le biais de leur page Interpreting for Europe.
Facebook n’est ni un forum de discussion, ni un chat, ni une page internet ordinaire. C’est devenu pour moi comme un petit carré de chocolat que je consulte plusieurs fois par jour, je l’avoue (avec le iPhone, c’est si facile !), pour voir si mes amis ont encore affiché des photos marrantes, des liens intéressants ou s’ils ont réagi à ce que j’ai écrit. C’est un peu comme de jouer au ballon, on reçoit quelque chose en retour, une réaction, un contact, un dialogue. Alors pourquoi s’en priver ?
Voir aussi: http://tiina-gva.blogspot.com/2010/08/i-internet.html
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*) In Real Life
#) littéralement : unité de caresse, la monnaie de l’amour et de l’amitié. Comme quoi Schadenfreude n’est pas le seul mot allemand qui soit intraduisible et sans équivalent dans les autres langues
lundi 28 février 2011
Relais, pivots et retours (3) : les consoles
Ici, le canal français - votre serviteur - est en train de travailler: on voit le signe + devant FR
Jamais deux sans trois, dit le dicton populaire. Voici donc le troisième et dernier volet de cette série *). Lorsqu’un interprète ne comprend pas la langue parlée dans la salle, il doit chercher un relais dans une autre cabine. Pour cela, il doit manier sa console, dont il existe différents modèles. Les anciens équipements ont des boutons avec des langues pré-programmées qui s’enfoncent bruyamment (ONU, BIT). Fort heureusement, il suffit de nos jours d’une légère pression du doigt pour activer le canal de la langue-pivot, que l’interprète programme selon son choix. Personnellement, je mets toujours les langues que je prends en relais dans le même ordre (DE, EN, ES, FI), car tout automatisme permet d’économiser ses efforts. Dès que l’orateur parle une langue que je ne comprends pas – le russe, l’arabe, le polonais – je choisis le canal anglais ou allemand, selon le cas. Il est plus rare que je me branche sur l’espagnol et encore plus rare que je choisisse le finnois, non pas que ces langues me plaisent moins, mais simplement parce qu’il est rare que la cabine finnoise offre le grec ou le portugais.
La manipulation mécanique de boutons se situe probablement dans une autre partie du cerveau que l’analyse d’une langue et du message qu’elle véhicule, car on a vite fait de commettre une erreur de manipulation. Il arrive souvent qu’on oublie d’allumer le micro, puisqu’on a déjà activé un bouton pour choisir le canal du relais. L’inverse arrive aussi, à savoir qu’on oublie soit de se remettre sur floor (la langue originale) soit d’éteindre le micro. Et gare au désir irrépressible de dire tout ce qu’on pense de ce qu’on vient d’entendre ! A l’ère d’internet et de YouTube, ce genre de boulette devient très vite un buzz, comme cela a récemment été le cas avec la cabine française au Parlement européen.
Ceci n'est PAS une console du Parlement européen!
Les interprètes des cabines qui font un retour (prenons l’exemple de l’arabe) doivent, quant à eux, enclencher le bouton ou la manette qui permet à leur voix de sortir sur le canal p.ex. anglais, car autrement ils ne parleront cette langue qu’aux seuls arabophones. Une fois leur retour terminé, ils ne doivent pas oublier de revenir au canal de leur langue (l’arabe, dans le présent exemple) s’ils ne veulent pas abreuver ceux qui écoutent l’anglais d’une langue qui leur paraîtrait être de l’hébreu. Ceux-ci pourront alors dire : It’s all Greek to me !
Les anciennes consoles ont parfois le micro fixé au casque, ce qui est bien pratique, puisque cela permet de farfouiller dans son sac ou de ramasser un stylo tombé par terre sans s’interrompre. Oui, les interprètes sont capables non seulement d’écouter et de parler en même temps, mais aussi de demander quelque chose à leur concabin en langues des signes. J’ai même vu une collègue faire de la broderie tout en interprétant, ça l’aidait à se concentrer. De nos jours, la plupart des interprètes ont leurs propres écouteurs #), en général des Bang & Olufsen, qui jouissent d’une très grande popularité. La qualité du son est réputée excellente, mais ces accessoires sont fragiles. On a aussi vite fait de les perdre et ils ne sont pas exactement bon marché.
Les consoles sont toutes équipées d’un bouton-toussoir, dont il vaut mieux se méfier, une défaillance technique étant toujours possible. A n’utiliser qu’en cas de chat dans la gorge. Pour les médisances ou les coups de gueule, il est recommandé de fermer le micro. Se méfier aussi d’un journal posé négligemment sur les boutons : un micro allumé quand il ne faut pas, ça n’arrive pas qu’aux autres… Le bouton-toussoir est plus agréable pour le "client" qui nous écoute, car il n’a alors que le silence dans son oreillette. Toutefois, lorsqu’il y a des applaudissements ou des rires, il vaut mieux fermer le micro, pour que nos auditeurs – y compris les procès-verbalistes et ceux qui nous écoutent éventuellement sur internet, ce qui est de plus en plus fréquent – aient l’ambiance de la salle en direct live.
Selon une anecdote qui circule dans la profession, deux interprètes faisant une séance où il ne fallait allumer le micro que de temps en temps (votes, rédaction ou autre) avaient commis cette négligence regrettable qui faisait que leur micro était ouvert quand il devait être éteint et vice versa. Entre deux interventions, l’un donnait une recette de cuisine à l’autre : " … et alors tu ajoutes les œufs, les uns après les autres – qui est pour ? – puis tu verses le beurre fondu – contre ? – et ensuite, tu mets le sucre – abstentions ? – puis les amandes moulues." Un délégué aurait alors demandé : "Et on fait cuire combien de temps et à quelle température ?" Se non e vero, e ben trovato !
Console au BIT (1974, aucune modernisation depuis !), les boutons à enfoncer correspondent aux langues qu’on peut entendre dans les écouteurs : 1 floor, 2 anglais, 3 français, 4 espagnol, 5 russe, 6 allemand, 7 arabe, 8 japonais
Texte paru dans la revue Hieronymus (mars 2011), www.astti.ch
*) http://tiina-gva.blogspot.com/2010/09/relais-pivots-et-retours-1.html
http://tiina-gva.blogspot.com/2010/12/relais-pivots-et-retours-2.html
#) http://tiina-gva.blogspot.com/2010/05/chacun-ses-ecouteurs.html
Jamais deux sans trois, dit le dicton populaire. Voici donc le troisième et dernier volet de cette série *). Lorsqu’un interprète ne comprend pas la langue parlée dans la salle, il doit chercher un relais dans une autre cabine. Pour cela, il doit manier sa console, dont il existe différents modèles. Les anciens équipements ont des boutons avec des langues pré-programmées qui s’enfoncent bruyamment (ONU, BIT). Fort heureusement, il suffit de nos jours d’une légère pression du doigt pour activer le canal de la langue-pivot, que l’interprète programme selon son choix. Personnellement, je mets toujours les langues que je prends en relais dans le même ordre (DE, EN, ES, FI), car tout automatisme permet d’économiser ses efforts. Dès que l’orateur parle une langue que je ne comprends pas – le russe, l’arabe, le polonais – je choisis le canal anglais ou allemand, selon le cas. Il est plus rare que je me branche sur l’espagnol et encore plus rare que je choisisse le finnois, non pas que ces langues me plaisent moins, mais simplement parce qu’il est rare que la cabine finnoise offre le grec ou le portugais.
La manipulation mécanique de boutons se situe probablement dans une autre partie du cerveau que l’analyse d’une langue et du message qu’elle véhicule, car on a vite fait de commettre une erreur de manipulation. Il arrive souvent qu’on oublie d’allumer le micro, puisqu’on a déjà activé un bouton pour choisir le canal du relais. L’inverse arrive aussi, à savoir qu’on oublie soit de se remettre sur floor (la langue originale) soit d’éteindre le micro. Et gare au désir irrépressible de dire tout ce qu’on pense de ce qu’on vient d’entendre ! A l’ère d’internet et de YouTube, ce genre de boulette devient très vite un buzz, comme cela a récemment été le cas avec la cabine française au Parlement européen.
Ceci n'est PAS une console du Parlement européen!
Les interprètes des cabines qui font un retour (prenons l’exemple de l’arabe) doivent, quant à eux, enclencher le bouton ou la manette qui permet à leur voix de sortir sur le canal p.ex. anglais, car autrement ils ne parleront cette langue qu’aux seuls arabophones. Une fois leur retour terminé, ils ne doivent pas oublier de revenir au canal de leur langue (l’arabe, dans le présent exemple) s’ils ne veulent pas abreuver ceux qui écoutent l’anglais d’une langue qui leur paraîtrait être de l’hébreu. Ceux-ci pourront alors dire : It’s all Greek to me !
Les anciennes consoles ont parfois le micro fixé au casque, ce qui est bien pratique, puisque cela permet de farfouiller dans son sac ou de ramasser un stylo tombé par terre sans s’interrompre. Oui, les interprètes sont capables non seulement d’écouter et de parler en même temps, mais aussi de demander quelque chose à leur concabin en langues des signes. J’ai même vu une collègue faire de la broderie tout en interprétant, ça l’aidait à se concentrer. De nos jours, la plupart des interprètes ont leurs propres écouteurs #), en général des Bang & Olufsen, qui jouissent d’une très grande popularité. La qualité du son est réputée excellente, mais ces accessoires sont fragiles. On a aussi vite fait de les perdre et ils ne sont pas exactement bon marché.
Les consoles sont toutes équipées d’un bouton-toussoir, dont il vaut mieux se méfier, une défaillance technique étant toujours possible. A n’utiliser qu’en cas de chat dans la gorge. Pour les médisances ou les coups de gueule, il est recommandé de fermer le micro. Se méfier aussi d’un journal posé négligemment sur les boutons : un micro allumé quand il ne faut pas, ça n’arrive pas qu’aux autres… Le bouton-toussoir est plus agréable pour le "client" qui nous écoute, car il n’a alors que le silence dans son oreillette. Toutefois, lorsqu’il y a des applaudissements ou des rires, il vaut mieux fermer le micro, pour que nos auditeurs – y compris les procès-verbalistes et ceux qui nous écoutent éventuellement sur internet, ce qui est de plus en plus fréquent – aient l’ambiance de la salle en direct live.
Selon une anecdote qui circule dans la profession, deux interprètes faisant une séance où il ne fallait allumer le micro que de temps en temps (votes, rédaction ou autre) avaient commis cette négligence regrettable qui faisait que leur micro était ouvert quand il devait être éteint et vice versa. Entre deux interventions, l’un donnait une recette de cuisine à l’autre : " … et alors tu ajoutes les œufs, les uns après les autres – qui est pour ? – puis tu verses le beurre fondu – contre ? – et ensuite, tu mets le sucre – abstentions ? – puis les amandes moulues." Un délégué aurait alors demandé : "Et on fait cuire combien de temps et à quelle température ?" Se non e vero, e ben trovato !
Console au BIT (1974, aucune modernisation depuis !), les boutons à enfoncer correspondent aux langues qu’on peut entendre dans les écouteurs : 1 floor, 2 anglais, 3 français, 4 espagnol, 5 russe, 6 allemand, 7 arabe, 8 japonais
Texte paru dans la revue Hieronymus (mars 2011), www.astti.ch
*) http://tiina-gva.blogspot.com/2010/09/relais-pivots-et-retours-1.html
http://tiina-gva.blogspot.com/2010/12/relais-pivots-et-retours-2.html
#) http://tiina-gva.blogspot.com/2010/05/chacun-ses-ecouteurs.html