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dimanche 18 octobre 2020

Voyager au temps du COVID-19


Depuis le semi-confinement du mois de mars 2020, nous avons tous pris le pli de ralentir nos activités, de réduire nos contacts et les voyages sont devenus un lointain souvenir, quelque chose qui appartient à une époque révolue. Tout comme le travail, pour pas mal de gens, surtout les indépendants.


Mais voilà que j’ai eu - de façon un peu inespérée et confirmé last minute - un engagement à Luxembourg, pour l’Union européenne, ce qui signifie un voyage et des nuitées d’hôtel. Juste ciel ! ça ne m’était plus arrivé depuis le mois de janvier.


A moins d’une semaine avant le début de mon contrat, je constate qu’il n’y a aucun vol direct la veille de mon engagement (un dimanche). En effet, les compagnies aériennes ont dû fortement réduire la voilure pour cause de pandémie. Alors plutôt que de prendre un vol via Rome pour arriver à Luxembourg, je choisis de passer une journée dans le train. C’était comme d’aller à Strasbourg, avec juste un petit bout en plus, via Metz. L’avantage de cette option terrestre est que je n’ai dû subir aucun contrôle en franchissant la frontière. S’il est vrai que le Luxembourg est sur liste rouge pour la Suisse, le contraire est vrai également, plus particulièrement pour Genève, où la prévalence des contaminations est sans doute encore plus élevée. En cas de contrôle, j’aurais dû justifier le motif de mon voyage en présentant mon contrat - idem à mon retour en Suisse. Dans les deux cas, j’aurais été tenue de me mettre en quarantaine si mon voyage n’avait pas été de nature professionnelle.



A l’hôtel, il fallait sonner pour qu’on vous ouvre la porte, on ne laisse pas entrer n’importe qui. Gel désinfectant et paroi en plexiglas pour le personnel à la réception. Le bar-restaurant était fermé, son accès barré, il n’ouvrait que pour le petit-déjeuner. Aucune femme de chambre n’est passée pendant tout mon séjour, ceci afin de minimiser les contacts. Quant à moi, j’ai renoncé à dîner au restaurant, je n’ai fait que pique-niquer dans ma chambrette. L’ascenseur était limité à une personne, mais une fois, un autre client s’est plus ou moins imposé avec sa valise - ça ne vous dérange pas ? - dans cet espace vraiment très exigu. Typiquement femme, j’ai été trop polie pour lui dire que Je ne vous connais pas et oui, ça me dérange. La prochaine fois, je sortirai de façon démonstrative de l’ascenseur pour laisser la place au macho impatient. Le Covid-19 va nous accompagner encore un certain temps, alors autant commencer à apprendre à mettre les points sur les i, avec politesse mais fermeté et conviction. 


Au travail, on nous prenait la température chaque fois qu’on entrait dans le bâtiment, des distributeurs de gel désinfectant étaient à disposition, les distances étaient respectées, un interprète par cabine et, cette fois-ci, les participants étaient dans la salle. Mais le travail s’est déroulé comme d’habitude, comme quoi, c’est possible, il suffit d’avoir suffisamment de place pour tout le monde. 

A Luxembourg, tout le monde porte le masque, même dans la rue. Les gens sont très calmes et disciplinés, tout le monde semble comprendre que c’est dans l’intérêt général. Finalement, j’avais l’impression de courir moins de risques qu’à Genève…

Le voyage du retour s’est fait en avion, comme dans le bon vieux temps. Sauf que je suis arrivée dans un aéroport parfaitement vide, le kiosque à journaux et la petite boutique avaient tiré leur rideau, Starbucks était fermé aussi. Aucune attente au dépôt de bagage, mais un pilote a tout de même réussi à avoir le culot de me bousculer parce qu’il était pressé. Vous voulez passer avant moi ? lui ai-je demandé poliment. Oui ! m’a-t-il répondu, sans dire ni bonjour, ni pardon, ni s’il vous plaît. Quand on est un homme, surtout en uniforme, on est important ! Ce que m’a confirmé l’employée au guichet : Mais le soir, quand ils se couchent et qu’ils enlèvent leur uniforme, ils sont comme nous, hein ? Oui, enfin presque….



De l’autre côté du contrôle de sécurité, un bar était ouvert, ainsi que le magasin hors-taxe. Nous étions deux pelés et trois tondus à vagabonder dans les rayons, limités et restreints par un ordre de circulation, ce qui n’encourageait pas vraiment le shopping. Nous étions six passagers en tout et pour tout et j’étais la seule femme, Luxembourg étant une destination pour banquiers et hommes d’affaires. Lors de l’enregistrement, il avait été impossible de changer de siège, je pensais que c’était précisément pour imposer une distance entre les passagers. Or, étrangement, le logiciel de check-in nous avait tous agglutinés au même endroit. Nous nous sommes bien sûr espacés. Luxair nous a aimablement offert des masques, ainsi que du désinfectant, en sus du petit snack.
 

A l’arrivée à Genève, j’ai retrouvé la même ambiance d’aéroport de pandémie, j’avais l’impression d’être dans un film de science-fiction : des corridors vides, des portes automatiques, des tapis ne roulant pour personne, des publicités qui envoient leur message au vide intersidéral et, malgré tout, un employé qui nettoyait les sols propres en solitaire. Ici aussi, un rideau de fer protégeait la marchandise du magasin hors-taxe que personne ne convoitait, à nouveau cette ambiance de couvre-feu, presque de pénurie. Deux vols seulement s’affichaient au-dessus des tapis de distribution des bagages. 


La porte automatique s’est ouverte sur le hall des arrivées et….. absolument personne. Aucun chien haletant attendant impatiemment son maître bien-aimé, aucun bouquet de fleurs, pas besoin de me faufiler parmi la foule pour essayer d’atteindre mon bus. En revanche, j’ai croisé mon voisin, chauffeur de taxi, à qui j’ai demandé en plaisantant s’il voulait me reconduire à la maison. Mais lui, et tous ses collègues, attendaient désespérément des clients qui n’arrivaient pas et tuaient le temps vers le petit bar à café qui avait ainsi au moins un peu de clientèle.

De retour chez moi, j’aurais dû me sentir à l’écart de tout danger, étant donné que je venais de quitter une zone rouge. Mais voilà qu’en Suisse, plus particulièrement à Genève, le nombre d’infections augmente de façon exponentielle, ce qu’on cherche à éviter depuis environ six mois. Il n’y a donc pas d’autre option que de continuer à respecter les gestes barrières et la distanciation sociale. Ma foi, on s’habitue à tout.




Mise à jour : le taux de contamination est désormais si élevé en Suisse qu'il n'y a plus de quarantaine pour quiconque arrive sur le territoire

La page d'information du Luxembourg pour le Covid-19


L'ordonnance fédérale dans le domaine des transports internationaux