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vendredi 14 mai 2010

Techno-freaks

Qui parmi vous utilise encore le fax ? Qui se souvient encore du temps où on avait ce petit appareil qui faisait une petite musique permettant de consulter son répondeur à distance ? C’était aussi l’époque où on glissait des pièces de monnaies dans des cabines téléphoniques. Les enfants vont bientôt nous demander ce qu’est une cabine téléphonique. D’ailleurs, y a-t-il encore des gens qui écoutent leur répondeur ? Qui se souvient des téléphones à cadran rotatif, sur lesquels on mettait une éternité à composer des numéros internationaux, à cause du zéro qui faisait tout le tour ? Et pas de bouton redial, si ça sonnait occupé !

La technique évolue si rapidement que pas un jour ne passe sans qu’on ne nous annonce une nouvelle fonctionnalité sur iPhone ou des cartes GPS à télécharger par SMS. A quand le MP3 qui vous massera les pieds ? A quand le notebook qui remplira vos grilles de sudoku pendant que vous dormez ?

Les interprètes n’échappent bien sûr pas à cette vague galopante de modernité, qui met à jour un intéressant fossé des générations. A l’apparition d’internet et du courrier électronique, nombre de collègues ont pris peur et se sont sentis écartés par ces nouvelles technologies étranges et quelque peu effrayantes. Certains s’y sont mis très vite et les réticents ont été bien obligés de prendre le train en marche, s’ils ne voulaient pas rester sur le bord du chemin.

Tous les interprètes de moins de 35 ans ont un ordinateur portable en permanence sur eux et la première chose qu’ils font en arrivant au travail est de l’allumer. Plus l’interprète est âgé et moindre est la probabilité qu’il ait un ordinateur en cabine. J’ai vu une (jeune) collègue parler tendrement à son ordinateur dans un corridor : elle était en train de téléphoner avec skype. D’autres communiquaient d’une cabine à l’autre par le biais d’un chat (non, pas celui qui fait miaou !) : un mode de conversation silencieux, la solution idéale pour les cabines d’interprètes.

Les ordinateurs servent donc à téléphoner, à converser à travers les vitres ou encore à accepter des offres de travail reçues par e-mail ; ils permettent bien sûr aussi de découvrir quelle est la devise du Yémen ou la capitale de la Lituanie, de consulter ses glossaires, de vérifier ce qu’est la coumarine et si Couchepin est encore / à nouveau président de la Confédération. De nombreuses chaînes de radio sont accessibles sur internet, un outil formidable pour l’apprentissage des langues, surtout pour se former l’oreille aux différents accents et prononciations.

Malheureusement, les délégués ont eux aussi des ordinateurs. De plus en plus souvent, au lieu de parler de façon naturelle, ils lisent un texte directement sur leur écran, ce qui signifie qu’il nous est impossible d’en recevoir une copie sur papier. Certains délégués viennent vers les cabines en montrant fièrement une clé usb contenant leur exposé, afin que les interprètes le transfèrent sur l’ordinateur qu’ils ont intérêt à avoir. Certains groupes de délégués travaillent ensemble sur le même texte par le biais d’un groupe Google, certainement très pratique pour eux, mais dont les interprètes sont exclus. Ils savent tous que could a été remplacé par should, mais comment faire pour le savoir ? Récemment, il est même arrivé qu’une déléguée lise aux participants un projet de communiqué de presse qu’elle venait de recevoir sur son téléphone à grand écran, pour obtenir leur accord. Je l’ai vue ensuite pianoter la réponse avec un stylet.

Cela dit, l’interprétation automatique n’est pas encore pour demain !

Texte paru dans la revue Hieronymus (juin 2009), www.astti.ch


1 commentaire:

fireatheart a dit…

Belle chute! :D

Cependant, Star Trek a imaginé l'interprète instantané, et quand Star Trek l'imagine, il faut se méfier.

Ses concepteurs ont imaginé le "communicateur", et 30 ans plus tard, les fabricants de téléphone portable s'en sont inspirés dans leur design.

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