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samedi 15 mai 2010

La longue marche

...pour devenir traductrice-jurée

Il arrive régulièrement qu’on m’appelle pour me demander de faire des traductions « officielles », c’est-à-dire de traduire des actes de naissance ou des certificats de décès, de finnois en français, avec le sceau prouvant que la traduction est fidèle et qu’elle a la même valeur juridique que l’original. Jusqu’à présent, ça m’a toujours cassé les pieds mais j’ai finalement décidé de franchir le pas. Finalement, pourquoi pas ? On ne sait jamais, ça peut déboucher sur des expériences intéressantes.

La fonction de traducteur-juré n'existe que dans les cantons de Genève et de Neuchâtel. Il doit y avoir des raisons historiques à cela, certainement liées à la France, car les TJ existent bel et bien dans le pays voisin.

La porte est étroite et le chemin ardu pour parvenir à cet immense privilège. Il faut montrer patte blanche et surtout, faire preuve d’une détermination sans faille. En sus du curriculum vitae, lettre de motivation, photocopie d’une pièce d’identité et des diplômes de traducteur ou de tout autre titre universitaire, il faut fournir :

- une attestation de non-poursuites (17,-)
- un extrait du casier judiciaire fédéral (20,-)
- un certificat de bonnes vies et mœurs, document cantonal (50,-). Pour l’obtenir, il faut présenter l’extrait de casier judiciaire. Il vous en coûte donc 70,- pour prouver que vous n’avez commis aucun délit
- une attestation de domicile (25,-), car il faut obligatoirement résider dans le canton de Genève. Pourquoi … ? Mystère et boule de gomme.

Ayant rassemblé tout un dossier, je me suis mise à attendre…. Mais voilà, mon dossier était incomplet. La Chancellerie d’Etat veut une lettre de motivation en finnois, qu’ils devront faire traduire par quelqu’un d’autre, même si je ne veux traduire que vers le français. Il fallait aussi que je présente des traductions, 3 par an pour les 5 années écoulées, pour prouver ma pratique du métier de traductrice, mes diplômes et lettres de recommandation ne suffisant visiblement pas. Le fait que je sois interprète depuis bientôt 20 ans compte pour beurre. Visiblement, le style compte pour beaucoup dans la traduction de jugements de divorce.

Fort heureusement, j’avais de quoi leur fournir 15 textes, que j’ai dû sérieusement caviarder, vu la nature hautement confidentielle de ces documents (une affaire pénale encore en cours). Cela dit, je me demande si les traducteurs-jurés du serbo-croate ou du farsi ont des diplômes de traducteur et 3 textes de nature juridique par an à présenter.

Je ne suis toutefois pas encore au bout de mes peines. Mon dossier sera instruit, enquête de police & C°, puis je devrai passer un examen et payer un émolument de 300,-, renouvelable tous les cinq ans. Après quoi, je devrai prêter serment et j’obtiendrai le sceau magique faisant de moi une traductrice assermentée.

Il ne me restera plus qu’à attendre les mandats, pour amortir tout cet investissement… !

www.ge.ch/traducteurs



PS: je viens de recevoir (15.7.2010) une lettre m'annonçant que mon dossier est complet et qu'il sera soumis au Département de la sécurité, police et environnement pour l'enquête de police; de là, il sera transmis à la Commission d'examen des traducteurs-jurés.

PPS: A compter d'aujourd'hui, 10 mars 2011, c'est-à-dire un an après avoir entamé les démarches, me voilà traductrice-jurée. J'ai prêté serment et, en échange, j'ai reçu un tampon portant mon nom me permettant d'officialiser mes traductions.

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