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dimanche 16 mai 2010

Rendez-vous manqués

... ou Mission Impossible

Avez-vous déjà essayé de fixer un rendez-vous avec un interprète (1) ? Y êtes-vous parvenus? C’est un véritable casse-tête. Quand deux interprètes essaient de se rencontrer pour boire un café, c’est déjà compliqué, mais à partir de trois ou plus, mieux vaut laisser tomber.

Les interprètes ont des horaires et des jours de travail irréguliers et imprévisibles. Ils savent qu’ils travaillent le 15 mars, mais s’ils savent à quelle heure ils commencent – et ce n’est pas toujours le cas – ils ne savent généralement pas à quelle heure ils terminent. L’heure de la pause-déjeuner dépend des délégués. Il est par conséquent impossible de rencontrer un ami à midi un jour où on travaille. Si l’ami est flexible et qu’il se trouve à proximité du lieu de la conférence, ça peut à la rigueur se faire.

Prendre rendez-vous chez le dentiste ou se faire livrer un nouveau frigo : mieux vaut attendre l’été ou la période des fêtes de fin d’année, périodes creuses où les contrats se font rares. Si nous disons à l’électricien qui doit venir chez nous que nous sommes absents la semaine prochaine, il nous répondra « Alors, bonnes vacances ! ». Ça ne rate jamais. Chez le commun des terriens, les voyages, ce sont forcément des vacances.

Si un interprète décline une rencontre avec vous parce qu’il travaille, mais que vous le croisez malgré tout dans la rue, ne vous offusquez surtout pas ! Sa réunion s’est tout simplement terminée plus tôt. Il aurait pu prendre ce rendez-vous chez le gynécologue, si seulement il avait su, cinq semaines plus tôt, qu’il serait libre à 11h ce jour-là. Peut-être même qu’il avait pris rendez-vous précisément ce jour-là et qu’il a dû annuler parce qu’on lui a offert un contrat qui tombait justement à cette date.

Mais ce qu’il y a de pire, ce sont les séances du soir, la relève. On vous dit de rappeler le répondeur (2), qui vous confirmera si vous travaillez à 18h ou à 20h. Dans ce cas-là, vous annulez la soirée au restaurant avec les copines, vous dites à vos enfants de réchauffer le repas au micro-ondes, vous programmez l’enregistrement de votre émission préférée. Je ne sais pas vraiment quel est le pire des scénarios : la réunion qui se termine à 18h45 et vous avez tout annulé pour rien ; l’ami à qui vous avez posé un lapin vous croise ensuite dans la rue et pense que vous n’êtes vraiment pas sympa. Ou alors, la séance qui s’éternise jusqu’à 21h et vous tenez le coup grâce au dernier sandwich que vous avez réussi à attraper au bar, juste avant qu’il ne ferme, ou grâce au Bounty acheté à l’automate. Encore mieux : grâce au sandwich longue conservation acheté à l’automate (encore faut-il avoir de la monnaie). Troisième option : la relève de 21h à 24h, le cauchemar… impossible de s’endormir avant 2h du matin, à cause du cerveau qui continue de carburer. Il est vrai qu’en échange, on aura eu l’après-midi de libre (Vite ! chez le coiffeur !)

Entre interprètes, on s’entend à demi-mot. On comprend parfaitement que le collègue et néanmoins ami ne peut rien promettre avant d’avoir écouté le répondeur. On évite d’acheter des billets pour un spectacle en semaine, à cause du maudit risque de séance du soir. Car c’est en général précisément le soir pour lequel on a un billet pour les Rolling Stones qu’on vous colle une relève à 19h. Qui se terminera à 19h05 et vous aurez déjà refilé votre billet à quelqu’un d’autre. I can’t get no… satisfaction !



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(1) Il va de soi que le masculin représente les interprètes des deux sexes
(2) Dans les organisations internationales, nous appelons un répondeur qui nous donne notre programme, une demi-journée à la fois. Cela fera l’objet d’un prochain article.

Texte à paraître dans Hieronymus (juin 2010), http://www.astti.ch/

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