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dimanche 6 février 2022

Journal de bord d’un isolement

Covid par-ci, Covid par-là, gardez vos distances, portez un masque, lavez-vous les mains ….. Oui, oui, on a compris !

Et voila que boum patatras : mon test PCR obligatoire au retour d’un voyage s’est révélé positif. Le laboratoire m’a envoyé un SMS quelques heures seulement après le frottis nasal, à croire que ma séropositivité était parfaitement claire et nette. Je suis passée par différentes phases, un peu comme suite à un deuil : l’incrédulité, lagacement, la recherche de la cause et enfin l’acceptation. 


Voilà bientôt deux ans que je suis d’une extrême prudence, à tel point que certaines personnes trouvent que j’en fais trop et cela n’a même pas suffi, le virus a malgré tout réussi à m’attraper. S’agirait-il d’Omicron, réellement très contagieux ? Ou alors serait-ce un faux positif ? Il est vrai que j’ai eu ce que d’aucuns aiment qualifier de « grippette », vaguement mal à la gorge, la voix un peu enrouée, un petit rhume…. mais ni fièvre, ni courbatures, ni perte de goût ou d’odorat. Ma double vaccination m’a certainement aidée sur ce coup-là. Je n’ose imaginer quels tourments ni quelles angoisses m'auraient torturée si je n’étais pas vaccinée ou si j’avais eu une forme grave de la maladie. En effet, que faire si on commence à étouffer au milieu de la nuit ? On préfère ne pas devoir y penser. J’avais même imaginé le scénario d’un test qui serait positif alors que j’étais encore à l’étranger (il fallait faire un test PCR avant son retour en Suisse) : cela aurait signifié dix jours voire davantage d’isolement dans une chambre d’hôtel. 


« Heureusement », ma période de pénitence est tombée sur les vacances de Noël, une période où il ne se passe de toute façon pas grand-chose. La dernière phase de mon deuil, l’acceptation, m’a permis de voir le bon côté des choses, j’allais enfin avoir le temps de rattraper toutes mes lectures en retard, de faire du rangement ou coudre mes nouveaux rideaux de cuisine … Ce genre de tuile permet également d’observer le comportement de ses amis et de son entourage : la copine qui est positive elle aussi, mais n’a rien voulu dire, ne voulant pas m’inquiéter (nous ne nous sommes pas contaminées réciproquement) ; la copine coronasceptique, anti-mesures sanitaires, qui a une dérogation médicale pour ne pas porter de masque et qui soudainement « en a marre de tout », comme si mon statut positif venait de renverser son magnifique château de cartes ; la copine qui propose de me faire des courses, 2-3 bricoles, et qui arrive avec deux sacs pleins ; et tous ceux qui sont trop occupés à préparer Noël pour me demander de mes nouvelles. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles !


Il a ensuite fallu avertir toutes les personnes que j’avais croisées, vues ou fréquentées un peu plus longuement, sachant que ça allait sans doute mettre des bâtons dans les roues de leurs célébrations de fin d’année. Cela a été l’occasion de tester l’application Swiss Covid qui, ma foi, fonctionne très bien ! Quelques heures après que le laboratoire m’a communiqué mon résultat positif par SMS, Swiss Covid m’a, à son tour, informée de mon statut. J’ai ensuite reçu un code à saisir dans l’appli et c’est moi qui ai dû activer l’envoi de notifications à toutes les personnes qui se seraient trouvées près de moi pendant 15 minutes ou plus. Une de celles-ci a pu me dire qu’elle a bien été notifiée, mais 36 heures plus tard. C’est bien, c’est mieux que rien, même si c’est un peu tardif.
 

Le laboratoire m’a encore envoyé mon résultat par e-mail, ainsi qu’un certificat de guérison (dont la validité commence dix jours plus tard) avec un QR-code, parfaitement identique à celui d'un certificat de vaccination. J’ai évidemment annulé mon rendez-vous de la semaine suivante pour ma troisième dose. J’aurai ainsi des anticorps naturels (pas de puce 5G pour Bill Gates !), ainsi qu’un certificat Covid prorogé. J’ai également reçu un mail me demandant l’autorisation d’utiliser mes données à des fins de recherche. C’est ensuite la Médecin cantonale qui m’a écrit, me signifiant officiellement sa décision de me placer en isolement. Ce courrier s’accompagnait d’un certificat médical, permettant de justifier mon absence de mon lieu de travail ou de toute autre obligation. Il comportait toutes les références légales, m’informant notamment que j’encourais des sanctions, conformément à l’art 83 al 1 let h LEp, en cas de non-respect des mesures prescrites. On m’avertissait en outre que les services de l’Etat étaient susceptibles de m’appeler à mon domicile pour prendre de mes nouvelles, s’enquérir de mon état de santé et, accessoirement, vérifier que je n’étais pas en goguette quelque part. Les gens craignent que Swiss Covid ou le certificat Covid ne les fliquent et les suivent à la trace, eh bien non, le bon vieux téléphone de papa fera très bien l’affaire. 



Ne restait plus qu’à organiser ma petite vie quotidienne selon les nouvelles circonstances : essayer de garder une certaine structure, manger aux heures normales, bien dormir mais pas trop, éviter de grignoter, faire un peu de gymnastique entre ses quatre murs, ne pas passer 16h devant l’ordinateur ni 8h à lire…. Ce qui change, c’est qu’on peut vivre sans masque ni gel hydroalcoolique pendant dix jours - à condition de vivre seul donc, ça n’a pas que des inconvénients …. ! 


Mon application de traçage Swiss Covid est restée en mode « positif » jusqu’à ce que je désactive la notification moi-même. En revanche, mon certificat Covid est parfaitement vert et affiche fièrement 3G 2G, ainsi qu’une validité automatiquement prolongée jusqu’en mai 2022, alors que mon certificat de guérison n’entre en vigueur que dix jours après le résultat positif : j’aurais très bien pu aller au bistrot pendant ma période d’isolement. En outre, il est intéressant de savoir qu’un test PCR reste positif un mois (voire au-delà ?), ce qui peut poser problème en cas de voyage ou de toute autre nécessité de présenter un test négatif.


Contrairement au joueur d’échecs de Stefan Zweig, je n’ai pas eu besoin d’apprendre des parties entières par cœur. J’ai été bien occupée, je n’ai même pas réussi à entamer ma pile de DVD non visionnés. En revanche, j’avais un peu mal aux jambes, sans doute du fait de mon immobilité inhabituelle. L’expérience n’était pas du tout traumatisante, mais elle me permet d’apprécier dorénavant l’immense bonheur d’avoir la liberté de sortir faire un petit tour …

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