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mardi 15 mai 2012

De la difficulté à s’intégrer

Votre serviteur sur la table, en 1960
Ma famille a quitté la Finlande en 1964, cela fait près d’un demi-siècle. Ma mère a passé la majeure partie de sa vie à l’étranger. De plus, elle a dû quitter le village de son enfance en 1939, à l’âge de 10 ans, pour échapper aux grosses bottes soviétiques. Elle ne s’est jamais vraiment remise de ce premier déracinement et le deuxième, en 1964, reste gravé au plus profond de son âme.

C'est l'année où nous sommes partis pour l’Allemagne, le pays ami et allié qui nous a aidés à résister aux Russes et à rester en-deçà du rideau de fer. C’était aussi le pays dont les troupes ont mis le feu à la Laponie avant de se retirer. Mais c’est foncièrement un pays dont la mentalité nous est proche, d’autant plus que la Finlande a été fortement marquée par le réformateur allemand Martin Luther et que la culture de notre pays est profondément protestante. Notre séjour ne devait être que provisoire, ce qui a rendu la chose bien plus facile.

La période allemande
En 1967, nous sommes partis pour la Suisse, plus précisément Genève. Il a fallu changer de langue, changer de style et de mentalité, bien que la Suisse reste encore assez proche de l’Allemagne. Mais Genève, c’est presque déjà la France.... J’avais six ans et demie à l’époque et je me suis fondue dans le paysage sans même m’en rendre compte. J’ai appris à lire et à compter en français, alors que j’avais fait le jardin d’enfants en allemand, et je jouais au Monopoly en anglais avec nos voisins américains. J’ai aussi appris à fêter le Fourth of July et Halloween - tout comme l’Escalade - et je chantais Obladi-Oblada des Beatles par coeur. Mon père restait dans sa sphère professionnelle et rentrait le soir dans sa famille, où nous parlions finnois. Quant à ma mère... elle a bien dû se débrouiller pour apprendre à demander des côtelettes chez le boucher ou à communiquer avec le concierge italien. Nous avons tous fini par trouver nos marques et à suivre des chemins qui nous sont devenus familiers.

La période genevoise

En 1974, ce fut le tremblement de terre: IBM Europe ferme ses bureaux en Suisse. Mon père avait le choix entre être muté à Paris, Milan, New York ou Bruxelles (La Hulpe). J’y repense beaucoup ces jours-ci, où les employés de Merck Serono 1) se voient offrir le choix entre Boston, Pékin, Darmstadt ou la porte. Il a choisi la Wallonie, ce qui m’a permis de rester en terrain francophone. La transition a été beaucoup plus difficile cette fois-ci. Etait-ce parce que nous étions tous plus vieux, donc moins souples? Etait-ce parce que nous étions, pour la première fois, en terres catholiques, c’est-à-dire dans une sphère culturelle qui nous était inconnue? Etait-ce parce que la Belgique n’a pas de charmes immédiatement apparents, avec son ciel bas et gris et ses immeubles sales et tristes? J’ai mis un an à me faire des amis et à trouver ma place. J’ai laissé le Plat Pays entrer dans mon coeur, au point d’en attraper l’accent. Je croyais pouvoir enfin laisser pousser des racines quelque part, mais non: en 1976, nouveau boum-patatras: le départ pour la Finlande, terre de mes ancêtres.


Mon papa, bien avant tous nos déménagements
Pour mon père, c’était une impasse professionnelle et il était profondément malheureux. Il était comme un lion en cage, d’autant plus qu’il sentait le souffle impérialiste soviétique nous souffler dessus. Ma mère, qui a pourtant eu à souffrir de première main de l’invasion russe, était bien plus sereine: elle était enfin de retour au pays. Quant à moi, j’ai vécu mon adolescence en hibernation, le temps de passer mon baccalauréat en finnois, entourée d’une forme d’esprit et de codes de comportement que je ne comprenais pas. J’ai passé ma confirmation comme on avale une potion amère. En trois ans, je n’ai pas réussi à me faire d’amis, les Finlandais me considérant sans doute comme une étrangère. J’étais trop latine, j’étais entourée de l’aura de keski-Eurooppa, terme qui désigne tout ce qui se trouve au sud du Danemark (sans le bloc de l’Est, à l’époque). Bref, je n’ai pas réussi à m’intégrer dans mon pays d’origine. J’étais comme un poisson échoué sur une plage de la Baltique et mon seul désir était de replonger dans l’eau pour retrouver des latitudes plus méridionales et surtout francophones.

En 1981, l’année de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, mon père a retrouvé un poste à Paris, ce qui lui a permis de respirer à nouveau. Ma mère l’a suivi, forcément, mais sans doute à contre-coeur. Je ne l’ai jamais entendue se plaindre des ces éternels déménagements. Une fois établis en France, mes parents sont devenus très actifs au sein de l’association des Amis de la Finlande, puis à l’Institut finlandais, inauguré en 1991. Bien que vivant à Paris, ils ne fréquentaient que des Finlandais, ne parlaient que finnois (mon père travaillait en anglais), le français étant réservé pour les démarches administratives, pour faire les courses ou pour aller au restaurant. Mes parents parlaient pourtant un excellent français. Aucune nuance, aucun mot d’argot n’échappe à ma mère et elle pourrait sans doute même participer à un concours d’orthographe.

Vappu (Source: wikimedia Commons)
Ce désir de rester coincé dans sa culture d’origine, de s’accrocher à ses racines, bien qu’on ait quitté son pays depuis des décennies, ne cesse de m’étonner. J’ai longtemps pensé que c’était une lubie de mes parents, mais pas du tout. Les "jeunes" Finlandais, c-à-d ceux qui sont plus jeunes que mes parents, ceux qui n’ont pas vécu à l’ombre du rideau de fer, ceux qui ont pris le train d’internet et du téléphone mobile en marche, ceux qui sont allés aux quatre coins du monde en vacances, font exactement la même chose. Les Finlandais travaillant pour l’UE mettent leurs enfants à l’école européenne, en section finlandaise. Ils y apprennent certes le français et l’anglais, mais comme langue étrangère. Ils choisissent souvent de passer leur bac en anglais, car il est réputé moins difficile que le bac en français. Voilà donc des enfants qui ont grandi en Belgique ou au Luxembourg, qui n’ont que des amis finlandais et qui parlent mal le français ou le luxembourgeois. Ils ont appris à apprécier l’importance de Juhannus (la Saint Jean) ou de Vappu, le 1er mai, qui n’est pas la fête du travail en Finlande, mais la fête des étudiants et, de façon plus générale, la fête du printemps.


Juhannus

Ce choix risque fort de se payer cher plus tard dans la vie. Ces enfants auront peut-être de la peine à postuler pour des emplois s’ils parlent moins bien la langue du pays que les autres candidats. Ils seront des étrangers dans le pays qui les a vus grandir. Leurs amis d’enfance se seront éparpillés dans le monde - ou pas, et alors, ils pourront continuer à fêter le six décembre 2) entre eux. Arrivés au soir de leur vie, comme ma mère, ce sera encore plus difficile. Les amis et connaissances finlandaise se font de plus en plus rares. Fort heureusement, le courrier électronique et facebook permettent de remédier à une ouïe défaillante. Ma mère commence à envisager d’entrer dans un home, pour ne plus souffrir de solitude. Cela signifierait pourtant être entourée de Français et de se voir servir du potage et du fromage aux repas. Elle connaît bien sûr toutes les coutumes locales, mais ce ne sont tout simplement pas les siennes. Va-t-elle oser Le Grand Pas Vers Un Monde Nouveau? A bientôt 83 ans, un nouveau déménagement et un nouveau choc culturel l’attend à nouveau. Dire que certaines personnes finissent leurs jours dans la maison qui les a vus naître....

Idylle finlandaise

Il existe dorénavant un étage italien dans un EMS à Berne

  1. Le 24 avril 2012, la société Merck Serono annonce la fermeture de son site genevois; 1250 personnes perdent leur emploi ou se voient proposer un poste à Boston, Pékin ou Darmstadt
  2. Fête de l’indépendance de la Finlande

dimanche 30 janvier 2011

Purge – Puhdistus de Sofi Oksanen

AVERTISSEMENT : ne lisez ce texte que si vous avez déjà lu ce roman ou si vous n’avez pas l’intention de le faire ! Décidément, les livres à succès, les livres-événement, les livres-dont-tout-le-monde-parle ne sont pas pour moi. Millénium m’avait laissée de marbre (le premier tome m’a suffi) et je me suis maintenant attelée à lire Purge de Sofi Oksanen, le roman-choc qui croule sous les prix et qui sera bientôt adapté au cinéma. La plupart des gens l’ont dévoré en deux jours, j’ai mis péniblement trois semaines à le terminer. J’aurais pu le laisser tomber à tout moment, mais la dimension finlandaise de la chose m’a sans doute motivée à le lire jusqu’au bout. C’est peut-être aussi parce que je l’ai lu en V.O. que je n’ai pas réussi à me passionner pour cette intrigue lente et tortueuse (voir le texte suivant). Pendant les cent premières pages, il ne se passe rien. Zara, une jeune femme affolée, en haillons et couverte de bleus vient chercher refuge chez Aliide, une vieille femme qui vit seule dans sa ferme. L’histoire se passe en Estonie, entre 1936-39 et 1992. Aliide se méfie, Zara a peur. Aliide se méfie, Zara a peur. Aliide se méfie un peu moins, Zara sursaute au moindre bruit. L’auteur ne dit les choses que par allusions, le lecteur doit deviner ou alors être très patient. Enfin, dans la deuxième partie, un flash-back commence à nous dévoiler qui sont les personnages dont il était parfois question au début du livre. Ce jeu de ping-pong sous forme de cache-cache se poursuit jusqu’à la toute dernière page. Aliide pourrait ressembler à ma grand-mère Alviina C’est un roman qui parle de nazisme et de communisme, de la condition de la femme, du viol dans les régimes totalitaires, de prostitution et de l’amour fou de deux femmes pour le même homme. On notera que les nazis ont l’air moins affreux que les communistes ou les Russes, même capitalistes. Mais c’est surtout l’histoire de la jalousie dévorante d’une sœur : Ingel réussit tout mieux qu’Aliide, ses dents sont plus blanches, les rayons du soleil ne brillent que pour ses cheveux, elle fait la cuisine comme une déesse et quand elle trait les vaches, le lait est plus crémeux. Et c’est elle qui a épousé l’homme qu’Aliide a pourtant vu la première. Vivant sous le même toit familial, l’héroïne du roman se consume d’envie et de haine à devoir regarder le bonheur total dans lequel baigne sa sœur. La période stalinienne venue, elle se voit obligée de signer un document qui condamne sa sœur et sa nièce à la Sibérie. Elle ne pouvait pas faire autrement, sous ce genre de régime politique, on ne discute pas, on ne fait pas recours, une grève de la faim ne servirait à rien. Oui, mais voilà… elle en conçoit une certaine satisfaction, un sentiment de revanche et on découvre, à l’avant-dernière page, qu’en réalité, elle les a délibérément trahies. Hans, son amour tant convoité, est resté caché, tapi dans la maison. Elle a enfin l’homme de ses rêves rien que pour elle. C’est cette culpabilité qui fera l’objet d’une purge, d’une rédemption, environ un demi-siècle plus tard. Est-il vraisemblable d’arriver à cacher un ennemi du peuple pendant plusieurs années, alors qu’on est marié à un cadre du parti communiste ? Est-il plausible qu’une pauvre petite prostituée sous-alimentée parvienne à étrangler un boss mafieux ? Qu’elle arrive à garder une vieille photo cachée dans son soutien-gorge sans que son mac ne s’en aperçoive ? Peu importe, ce n’est que de la fiction. Est-ce parce que j’ai lu le roman en finnois que je me suis ennuyée ? Le récit est bardé de répétitions – Zara a peur – de faits historiques ou culturels que le lecteur lambda ne connaît pas, à moins d’avoir étudié le cas de l’Estonie – Aliide se méfie – les gens semblent manger constamment du raifort, un peu l’équivalent du café et des sandwiches chez Stieg Larsson. Alors oui, les filles qui rêvent d’aller gagner de l’argent en occident finissent souvent dans les griffes sordides de réseaux de proxénètes sans scrupules, mais je trouve que Chaos, le film de Coline Serreau, injustement méconnu, est bien plus éloquent pour dénoncer ce genre de drame. Sofi Oksanen Le texte comporte en outre de nombreux passages violents et pornographiques, où l’auteur ne recule pas devant des mots tels que “bite, chatte, sperme”, etc… Je serai curieuse de recevoir les réactions de ma mère (81 ans) et de ma soeur quand elles l’auront lu. Purge est d’ailleurs à l’origine d’une polémique en Estonie. En effet, les Estoniens n’apprécient pas l’image que le livre donne de leur pays et regrettent que d’autres auteurs estoniens, aux textes moins racoleurs, n’aient pas reçu le même écho (voir l’article du Nouvel Obs *). "Ce sont des romans comme celui de Sofi Oksanen qui expliquent pourquoi, à bord des ferries finlandais et sur les pistes de danse des hôtels, les Estoniennes se considèrent toujours comme les putes de l'Est." Malheureusement, pas besoin de romans pour constater que c’est bien le cas, du moins ça l’était dans les années qui ont suivi la chute du communisme. Le titre du roman reste cependant un peu incompréhensible. Avec sa façon de ne dire les choses qu’à moitié, Oksanen nous laisse comprendre qu’Aliide va s’immoler par le feu aux côtés du cadavre de son Hans chéri, resté enterré sous la maison pendant 40 ans. Elle a sauvé Zara, la petite-fille de sa sœur haïe, en abattant les proxénètes qui la poursuivent et choisit de se donner la mort avant que le reste du gang ne lui fasse un sort. Zara pourra hériter de ses terres. Ce serait donc ça, la Purge ? Près de 400 pages pour ça ? Je serai curieuse de voir le film qui en sera tiré. Il y a matière à quelques bonnes scènes de suspense, mais ça risque aussi de devenir un film finlandais glauque, lent et déprimant. En tous cas, Purge aura permis au public francophone de se familiariser avec l’Estonie et avec la Finlande, c’est déjà ça !

mercredi 15 septembre 2010

La Finlande nouvelle est arrivée !



Le pays de mes ancêtres a bien changé depuis mon d’adolescence et mes trois années de lycée à Helsinki, dans les années -70. C’était l’époque de la finlandisation, l’Union soviétique était encore debout, l’islam n’était qu’une religion exotique dont on ne parlait jamais et les seuls étrangers à vivre là-bas étaient les diplomates qui y avaient été parachutés à leur corps défendant. Les seules personnes à parler le finnois étaient les autochtones et une idée répandue voulait que ce soit une langue impossible à apprendre.

Depuis lors, la planète a effectué une bonne trentaine de révolutions, à tel point que mes parents ne reconnaissent plus la terre qu’ils ont quittée il y a bientôt cinquante ans de cela. La Finlande est devenue cosmopolite, multiculturelle, branchée et cool. Elle est même devenue une destination touristique très courue et pas uniquement pour le folklore lapon. Mon récent vol Helsinki-Copenhague, sur Estonian Air, était plein comme un œuf, avec beaucoup de Japonais et d’Italiens, impossibles à ignorer tant ils faisaient de bruit et de moulinets avec les mains (les Italiens, donc). On entend désormais parler toutes les langues dans les rues d’Helsinki au mois d’août et les brochures touristiques sont même disponibles en russe, ce qui était parfaitement inconcevable avant 1989. Il devient difficile de distinguer les touristes de la population locale et on constate la présence d’une génération de secundos 1) qui parle couramment l’argot finnois, ce qui ne cesse de me surprendre et de m’amuser. Autrefois, la population était si parfaitement homogène que ça me donnait la claustrophobie. D’autant plus que ma différence sautait immédiatement aux yeux des autres : je suis certes finlandaise, j’ai le nom, le faciès et je parle la langue, mais… il y avait quelque chose qui clochait. Aujourd’hui, je me sens presque plus à l’aise quand je suis là-bas.

Lors de mon récent séjour en Finlande, j’ai mangé à deux reprises dans des restaurants népalais. J’aurais pu manger de la paella au renne au marché ou même du renne à la népalaise 2). Dans un effort pour être international, un bistrot proposait même des cannellonis à la maison ; ils mettent de l’ail et du fromage de chèvre partout, alors qu’autrefois, il ne connaissaient que le sel et le poivre et que la cuisine locale ne méritait pas vraiment le détour. Un article de journal relatait la difficulté de respecter le ramadan s’il tombait pendant les mois d’été en Finlande 3).
Dans mon hôtel, j’ai bavardé avec deux Chinois de Bruxelles qui découvraient l’Europe. Ils m’ont demandé ce que je pensais d’Helsinki. Séquence schizophrène : j’ai renoncé à leur expliquer que, étant plus ou moins du pays, mes impressions étaient un peu trop compliquées à exprimer. Very nice ! m’a offert la solution de facilité.

Le monde s’internationalise et se mondialise, à un tel point que même le coin le plus reculé d’Europe est devenu un creuset, un lieu de passage et de brassage. C’est pourquoi je continue de m’étonner et de m’exaspérer quand on me demande – pas plus tard qu’hier encore – comment se fait-il que je parle si bien le français. Dans l’esprit de bien des gens, s’il est normal que des Portugais ou des Chiliens parlent couramment le français ou que des Turcs parlent l’allemand sans accent, les Finlandais, eux, doivent vivre en Finlande, ne parler que le finnois, se déplacer en traineau, manger du renne en invitant le Père Noël à partager leur repas, boire beaucoup, être affligés par les moustiques et payer beaucoup d’impôts.

Quand diable les gens apprendront-ils à think outside the box ?


Lyophyllum shimeji , champignon pour gourmets japonais, dont on a découvert qu’il poussait en Finlande et en Suède et qui se vend 800€/kg. Est-ce là ce qui attire tant les Japonais ?
http://www.sciencedaily.com/releases/2010/06/100628075820.htm

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1) terme utilisé en Suisse pour désigner la deuxième génération d’immigrés ; sans aucune connotation péjorative, car ils sont très bien intégrés et réussissent mieux à l’école que les autochtones.
2) mais quelle est donc cette Népal Connection en Finlande ? On n’a pas de restaurants népalais, ici en Suisse !
3) le ramadan tombant un peu plus tôt chaque année, il tombera bientôt au mois de juin où il ne fait pas nuit du tout. L’islam est un phénomène si récent dans ce pays que la question ne s’est encore jamais posée.

lundi 23 août 2010

Une croisière sur la Baltique

ou ruotsinlaivalla pour les intimes


Cela doit bien faire 20 ans que je n’ai plus fait de traversée en bateau entre la Finlande et l’Allemagne (Lübeck), la Suède (Stockholm) ou l’Estonie (Tallinn). Et voici que j’ai fait la traversée Stockholm-Turku avec Silja Line, une véritable expérience à tout point de vue.

Départ de Stockholm à 7h10 (réveil à 5 :45), taxi à l’heure, enregistrement sans heurt et copieux petit-déjeuner à bord. Après quoi, je pars à la découverte de ce petit univers flottant, un véritable immeuble de 12 étages. Au sous-sol, les voitures, puis plusieurs étages de cabines ; au 7ème et 8ème étages, boutiques, restaurant et bars ; des machines à sous partout ; un salon de coiffure, une esthéticienne, des massages, un sauna, une (mini-)piscine et un jacuzzi, ainsi que de petites salles de réunion au 12ème étage ; et évidemment un magasin hors-taxe bien achalandé et aux rayons bien garnis, notamment en duo-sixpacks (12) ou tetra-sixpacks de bière (24), que les gens empilent sur de petits chariots pour faire leur stock pour le week-end.





Les Finlandais appellent affectueusement ces multipacks mäyräkoira, ce qui signifie teckel. Les emballages ne sont pas perdus pour tout le monde !
A noter que le snus (tabac à priser très prisé des Suédois) n’est en vente que tant qu’on est dans les eaux territoriales suédoises. Une annonce par haut-parleurs avertit les clients potentiels qu’il leur reste une demi-heure pour aller faire leurs stocks.

Heureusement, tout le bateau est NO SMOKING. Les fumeurs doivent monter sur le pont au 12ème étage ou alors s’enfermer dans un aquarium qui se trouve, étrangement, à côté d’une aire de jeux pour les enfants (qui se transforme parfois en bar normal, avec orchestre et couples qui dansent). Sans doute est-ce pour dégoûter les petits : "Tu vois, si tu n’es pas sage, tu finiras dans un bocal tout gris comme le Monsieur !"

A midi, on peut prendre un déjeuner au buffet pour 24€ et s’en mettre plein la panse : salades et poisson froid en entrée, plats chauds, dessert et – très surprenant pour la Finlande – de la bière, ainsi que du vin rouge ou blanc au robinet, c’est-à-dire sans quota de consommation ni contrôle de l’âge. Ces bateaux étaient autrefois remplis d’ivrognes, mais ce n’est de loin plus le cas. J’ai bien vu quelques individus éméchés dès potron minet, mais le ferry Jersey-Saint-Malo tient bien la comparaison.



Les Finlandais ont tous fait ce voyage à plusieurs reprises et connaissent la musique, contrairement à votre serviteur. J’ai payé mon repas de midi en même temps que mon billet et je pensais qu’il suffisait de montrer le ticket qu’on m’a donné à l’enregistrement pour entrer dans la salle à manger. En réalité, il fallait aller s’inscrire et recevoir une réservation de table en échange, sous la forme d’un petit billet bleu, ce que je n’avais pas compris. Et chaque fois que je me comporte comme une extra-terrestre, les Finlandais s’adressent à moi en suédois, pensant : "la pauvre, elle n’est pas d’ici, on va lui parler dans la langue des étrangers". Ici, je n’ai certes pas besoin d’expliquer pourquoi il y a deux ii à mon prénom, mais ce n’est pas plus simple pour autant.

Chaque bateau est une véritable entreprise : non seulement il y a un capitaine et tous ceux qui font avancer le navire en veillant à sa sécurité, mais il y a tout le personnel d’un hôtel (nettoyage des cabines) et de plusieurs restaurants et bars. Sans compter les animateurs pour les enfants, l’orchestre, les coiffeurs-masseurs-esthéticiennes ou encore le personnel de vente des magasins (parfumerie, vêtements, disques et DVD).

Des îles, petites et grandes, nous accompagnent tout au long du voyage, il n’y a qu’un tout petit intervalle de grand large avec l’horizon pour seul paysage. C’est sans doute grâce à cela que le bateau est très stable et que personne ne semble avoir eu le mal de mer. Le voyage dure toute la journée, mais entre le shopping, les repas, la lecture et grâce à la WiFi à bord, on ne voit pas le temps passer.

A peine arrivé au port, le bateau embarque une nouvelle cargaison humaine et reprend tout à zéro dans l’autre sens, pour la traversée de nuit. Les passagers quant à eux s’éparpillent aux quatre vents, après avoir avancé leurs montres d’une heure et changé leurs couronnes en euros. Eh oui ! La Suède et la Finlande ont beau être si proches que tout le monde nous confond (voir La visite chez le notaire) , il y a malgré tout beaucoup de choses qui nous séparent (à commencer par la langue !)



www.tallinksilja.com
http://www.vikingline.fi

vendredi 25 juin 2010

La Visite Chez Le Notaire



Six mois s’étant écoulés depuis le décès de mon père, voici venu moment de signer l’acte de succession. Ma mère, ma sœur et moi nous sommes donc rendues à l’office notarial.

Pendant que nous paraphions et signions les documents, le notaire commence cette phrase : "Chez vous, en Suède…" Ma sœur et moi l’interrompons : "En Finlande". Il reprend : "Oui, donc en Suède… " "En Finlande", reprenons-nous en chœur. Regard stupéfait du notaire qui a) en tant qu’homme et b) en tant que notaire ne doit pas avoir l’habitude de se faire reprendre de la sorte, par deux blondasses de surcroît. Il réfléchit, perplexe, puis dit : "Ah, oui, c’est ce pays tout en longueur ?" "Non, ça, c’est la Norvège." Sa stupeur et sa perplexité vont s’intensifiant.

Mon agenda contient une mini mappemonde et je lui montre la Finlande, là, entre la Suède et la Russie. Ah ! Evidemment, ce n’est pas tous les jours qu’il a des Finlandais dans son office, notre brave notaire. Et voilà que s’en suit l’habituel barrage de questions : Mais vous n’êtes pas dans l’Europe ? Ah oui ?!?! Et vous avez l’euro ? Ah ! Et votre langue, ça ressemble au suédois ? Non ? Au russe, alors ? Non (voir Puhutteko suomea ? ). Et le régime politique ? Et vous payez beaucoup d’impôts, n’est-ce pas (s’il y a bien une chose pour laquelle les pays nordiques sont connus, c’est pour ça) ? Ma sœur et moi échangeons un regard de connivence, elle a visiblement l’habitude, comme moi, de répondre éternellement à ces mêmes questions.

"Et vous retournez souvent à HelsinSKI ?" Ça aussi, c’est un grand classique, mais il n’y a que les Français pour dire ça, quand ce n’est pas : "votre capitale, c’est bien Reykjavik ?" Je commençais à soupçonner qu’il ne cherchât à détourner notre attention et que les documents que nous étions en train de signer avaient peut-être été subrepticement modifiés, afin de nous déposséder des avoirs de mon père. En effet, j’étais en train de signer des documents auxquels je ne comprenais pas grand-chose et pourtant, je me targue d’être tout de même raisonnablement instruite. Par exemple : "Héritiers ensemble pour le tout ou chacun divisèment pour la moitié, sauf à tenir compte des droits du conjoint survivant". Qui reçoit quoi ? La totalité pour tous ensemble ou la moitié chacun ? Mais si nous sommes trois, ça donne quoi ? Et les "rapports de libéralités, mais dont l’exercice est limité aux biens existants… " J’espère bien, les libéralités étant "un don fait avec générosité".

Le cours d’histoire-géo touchant à sa fin, le notaire nous dit : "Ça fera X.XXX,- euros", comme ça, sans facture, sans ventilation des émoluments, taxes et frais de notaire. Ma mère a reçu sous les yeux le chiffre manuscrit et au crayon, inscrit par la secrétaire parmi d’autres notes, et a sagement établi un chèque. La note suivra, mais à mes yeux de Suissesse doublée d’une protestante luthérienne nordique, cette pratique me paraît des plus étranges, étant donné qu’il s’agissait tout de même d’une somme rondelette.

Ma sœur et moi avons vivement encouragé Me Notaire à aller passer des vacances dans notre beau pays. Il me semble que notre visite lui a fait une forte impression. Il ne doit pas lui arriver tous les jours de découvrir des lacunes dans ses connaissances, lui, Le Représentant De L’Etat. Oh ! Ce n’est pas un reproche, loin de là. Moi, c’est tous les jours que je découvre combien de choses j’ignore encore.

PS : ce matin même, un collègue m’interpelle : "Salut, l’Islandaise ! Alors tu vas aller en vacances en Islande ?" Je lui ai simplement répondu que non, la stricte vérité, en somme….

vendredi 11 juin 2010

To baby or not to baby



Lorsque la Finlande a adhéré à l’Union européenne en 1995 et que j’ai commencé à travailler régulièrement pour les Institutions européennes, j’ai eu l’occasion de faire la connaissance d’un grand nombre de Finlandais, qu’il s’agisse de collègues ou d’autres personnes. Ce qui m’a frappée, c’est que toutes ces personnes, quasiment sans exception, me demandaient "si j’avais de la famille". Et moi d’expliquer que mes parents ceci, ma sœur cela…

Un beau jour, j’ai enfin compris que ce qu’on me demandait réellement c’était si j’étais mariée et si j’avais des enfants. En Finlande, cette question, qui passerait pour plutôt indiscrète partout ailleurs, est la façon la plus courante et la plus naturelle d’entamer la conversation avec un(e) inconnue(e). Il paraît acquis que tout le monde a sa petite famille, ce qui permet ensuite de se raconter mutuellement combien d’enfants chacun a, les dents de lait, les oreillons du petit dernier, les cours de piano, le club de foot ou les louveteaux, bref une conversation sans réel danger. On évite ainsi de parler de soi.

Ayant compris cela, je me suis mise à répondre à cette inévitable question par la négative, par ailleurs fidèle à la vérité : "Non, je n’ai pas de famille", ce qui jetait un petit froid. Ah… de quoi va-t-on parler, alors… ? En disant cela, je m’entendais dire : "Je n’ai pas de famille, je suis toute seule, je suis orpheline, personne ne m’aime…", alors que pour moi, la famille englobe aussi ses propres parents, ses frères et sœurs, les nièces et les neveux, Papy et Bonne Maman, le cousin Georges, Tatie Danièle et Tonton Marcel, en l’occurrence Kirsti täti et Atski eno (1). C’est sans doute là le sens français du terme "famille"; en finnois on distingue la famille nucléaire, perhe, de suku lorsqu’on englobe tout l’arbre généalogique, ce terme signifiant la lignée (Geschlecht en allemand, mais on n’utilise ce terme que chez Wagner ou dans la littérature ancienne, il me semble).

La Finlande a beau passer pour un pays moderne, pionnier du droit de vote des femmes, une femme président, etc… les traditions ont malgré tout la peau dure. Si on veut être dans la norme, on se marie et on fait des enfants. Cette question m’énerve parfois tant que j’ai envie de répondre que je suis divorcée ou veuve, que j’avais des enfants mais qu’ils sont tous morts ou encore que je suis lesbienne, tendance cuir. Mais à quoi cela servirait-il ?

En Suisse, en France ou n’importe où ailleurs, on ne me demande pas quel est mon état civil ni quelle est ma vie sexuelle – comme le fait Uncle Geoffrey dans le Journal de Bridget Jones : So… Bridget, how’s your sex life ?, question qu’on ne pose évidemment jamais aux couples mariés.

Avoir des enfants ou pas ne devrait pas être un banal sujet de conversation, c’est quelque chose de beaucoup trop sensible pour un grand nombre de personnes : ceux qui n’arrivent pas à en avoir, ceux qui en ont trop, ceux qui ont un enfant handicapé ou caractériel, voire délinquant ou toxicomane. Et encore faut-il trouver un homme vaguement potable pour les faire, ces satanés gamins ! Non, je n’ai pas d’enfants et, à ce jour, je ne l’ai jamais regretté. C’est une lourde responsabilité, un travail à plein temps et un engagement qui dure toute la vie.
Thanks, but no thanks !

***

Dans un prochain billet, vous découvrirez ce que je pense des gynécologues. Par exemple, celui qui m’a dit : "Oh, mais vous allez avoir 39 ans ! Il serait temps de penser à faire des enfants !" Il ne m’a plus jamais revue.
__________________________
(1) tante Kirsti et oncle Atski ; en finnois, il y a un mot à part pour désigner l’oncle du côté maternel. On m’a dit qu’en arabe, il y a environ 45 mots pour désigner un cousin ou une cousine, selon le côté de la famille, le degré, la 1ère, 2ème ou 3ème épouse, etc…



Illustration tirée de www.mamannonmerci.blogspot.com

lundi 31 mai 2010

Puhutteko suomea ?

*)

Environ une fois par mois et pas plus tard qu’avant-hier, on me demande si le finnois ressemble au hongrois, si je comprends le hongrois et si le finnois est apparenté au basque ou à l’albanais. Ensuite, je dois expliquer qu’il y a une minorité d’expression suédoise en Finlande et, non, je ne parle pas le russe. Je tiens toutefois à dire à quel point je suis épatée que les gens sachent que le finnois n’est pas une langue indo-européenne et que c’est une langue bizarre qui ne ressemble à rien.

Les langues scandinaves – suédois, norvégien, danois et dans une certaine mesure l’islandais – se ressemblent ou appartiennent en tous cas au même groupe. Dans les îles Féroé, on parle le féroïen, qui est la seule langue qui soit extrêmement proche de l’islandais et qui n'a rien à voir avec les trois autres, si ce n’est qu'elles en sont dérivées. A ma connaissance, le finnois n’a aucun rapport avec le basque ni avec le turc, même si cette langue comporte aussi deux catégories de voyelles, aou d’une part et ieyäö d’autre part, qui déterminent la forme que prendra la terminaison des mots, je vous épargne les détails.

Le finnois et le hongrois appartiennent au groupe des langues finno-ougriennes, ça tombe bien. L’estonien, qui ressemble fortement au finnois, en fait partie également. Non, je ne comprends pas un traître mot de hongrois, mais j’en reconnais la mélodie et la sonorité. Si j’entends parler hongrois quelque part, j’ai l’impression d’entendre du finnois, comme un enregistrement qu'on passerait à l'envers, mais ça s’arrête là.

Quelques exemples, finnois/hongrois : kiitos / köszönöm : merci ; maanantai / hétfö : lundi ; mansikka / eper : fraise ; rakkaus / szerelem : amour ; kauppa / bolt ou csemege ou áruház : magasin ; käsi / kéz : main ; vesi / viz : eau ; ces deux derniers mots ont une vague similitude.

La même chose, finnois/estonien cette fois-ci : kiitos / kiit : merci ; maanantai / esmaspäev (littéralement : le premier jour): lundi ; mansikka / maasikas : fraise ; rakkaus / armastus (terme vielli en finnois) : amour ; kauppa / kaup ou kauba : magasin ; käsi / käsi : main ; vesi / vesi : eau.


Fasten your seatbealt while seated - Life vest located under your seat en estonien

L’estonien est une source d’amusement intarissable pour quiconque sait le finnois. Saksus signifie à la fois être allemand et être seigneur (en finnois, saksalainen = allemand). Raamattu signifie bible en finnois et livre en estonien. Nahkhiir est une chauve-souris estonienne, littéralement : souris en cuir (peau) pour les Finlandais. J’imagine une sorte de James Dean avec de grandes oreilles et de petites dents.

Ce n’est pas pour autant que je comprenne l’estonien. Je comprends bien mieux le néerlandais ou l’italien, sans doute parce que je les entends plus souvent.

Le finnois a la réputation d’être impossible à apprendre, eh bien, c’est faux. De nombreux interprètes l’ont appris, mais ce sont des fadas des langues, alors ça ne compte pas vraiment. Un jour que je flânais au marché de Helsinki, j’ai vu deux Africains qui regardaient l’étal d’un marchand de poisson. Celui-ci, pensant avoir affaire à des touristes, commence à leur présenter sa marchandise en anglais. Et les clients de lui répondre : suomeksi ! suomeksi ! (en finnois !). C’étaient des Africains francophones, qui ne savaient pas l’anglais (c’est souvent pour eux que nous travaillons en conférence) mais qui, établis en Finlande, avaient appris le finnois.

Comme quoi, quand on veut, on peut !

*) littéralement: la ville de Pori interdit de sauter du pont, autrement dit: E pericoloso sporgersi; le graffiti dit: "les habitants de Rauma ne sont pas concernés"

Le célèbre restaurant Ravintola
(ravintola signifie restaurant en finnois)

mercredi 19 mai 2010

Origines & Racines

Combien de fois ai-je dû expliquer pourquoi il y a deux ii à mon prénom ; pourquoi je parle si bien le français alors que j’ai un nom finlandais ; mon mari est-il Finlandais ; mon père était-il diplomate ; est-ce que je « rentre » souvent en Finlande ; la Finlande me manque-t-elle, etc…

Mes collègues ont pourtant l’habitude que les noms de famille ne correspondent pas forcément à la langue de la cabine, mais je dois malgré tout leur expliquer le pourquoi du comment et non, je ne fais pas la cabine finlandaise et mon français n’est pas un retour du finnois, mais un aller-simple, un français A, comme on dit.
Personne ne s’étonne qu’une personne qui s’appelle Nunes de Souza ou Panzerotti parle couramment le français. En revanche, les Finlandais assimilés à d’autres cultures se comptent apparamment sur les doigts d’une seule main et je commence à comprendre pourquoi.

Depuis le décès de mon père, ma mère se sent isolée parmi les Français, alors qu’elle vit en France depuis depuis 1981 et qu’elle a quitté la Finlande en 1964. Elle envisage de rentrer au pays, bien qu’elle sache que le pays de ses racines n’a plus rien en commun aujourd’hui avec celui de sa jeunesse. Elle a vécu dans une bulle avec son mari, sur une île de fennitude, bien au chaud, bien en sécurité. Elle a deux filles parfaitement intégrées et francophones, mais à ses yeux nous restons sans doutes Finlandaises, donc buena gente, comme disent les gitans andalous.

Les collègues finlandais qui ont dû s’établir à Bruxelles ou à Luxembourg pour des raisons professionnelles mettent leurs enfants à l’école européenne, en section finlandaise. Ainsi, ils vont à l’école en finnois, ont des camarades finlandais, les parents se fréquentent entre eux et évitent ainsi tout contact avec la population locale. Les enfants apprennent le français comme langue étrangère à l’école et le parlent mal. Et les parents semblent trouver cela très bien. La pire des choses qui puisse arriver, c’est qu’ils se rendent soudain compte qu’ils hébergent un petit Belge à la maison. Une collègue m’a même dit : « Le français ? Mais pour quoi faire ? Ma fille est avec moi, elle n’a pas besoin de savoir le français ».

Je suis curieuse de savoir ce qu’il adviendra de ces enfants, qui seront des étrangers dans le pays qui les a vus grandir mais aussi dans leur patrie, dans laquelle ils n’auront passé que des vacances. Ils ne deviendront en tous cas pas interprètes, mon avenir professionnel est assuré…


vendredi 14 mai 2010

Commençons par le commencement


Ma mère


Mon père (à gauche, †2009), probablement 10-12 ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale

ma soeur



Ma grand-mère Alviina, en Finlande


... et moi :-)