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mercredi 15 septembre 2010

La Finlande nouvelle est arrivée !



Le pays de mes ancêtres a bien changé depuis mon d’adolescence et mes trois années de lycée à Helsinki, dans les années -70. C’était l’époque de la finlandisation, l’Union soviétique était encore debout, l’islam n’était qu’une religion exotique dont on ne parlait jamais et les seuls étrangers à vivre là-bas étaient les diplomates qui y avaient été parachutés à leur corps défendant. Les seules personnes à parler le finnois étaient les autochtones et une idée répandue voulait que ce soit une langue impossible à apprendre.

Depuis lors, la planète a effectué une bonne trentaine de révolutions, à tel point que mes parents ne reconnaissent plus la terre qu’ils ont quittée il y a bientôt cinquante ans de cela. La Finlande est devenue cosmopolite, multiculturelle, branchée et cool. Elle est même devenue une destination touristique très courue et pas uniquement pour le folklore lapon. Mon récent vol Helsinki-Copenhague, sur Estonian Air, était plein comme un œuf, avec beaucoup de Japonais et d’Italiens, impossibles à ignorer tant ils faisaient de bruit et de moulinets avec les mains (les Italiens, donc). On entend désormais parler toutes les langues dans les rues d’Helsinki au mois d’août et les brochures touristiques sont même disponibles en russe, ce qui était parfaitement inconcevable avant 1989. Il devient difficile de distinguer les touristes de la population locale et on constate la présence d’une génération de secundos 1) qui parle couramment l’argot finnois, ce qui ne cesse de me surprendre et de m’amuser. Autrefois, la population était si parfaitement homogène que ça me donnait la claustrophobie. D’autant plus que ma différence sautait immédiatement aux yeux des autres : je suis certes finlandaise, j’ai le nom, le faciès et je parle la langue, mais… il y avait quelque chose qui clochait. Aujourd’hui, je me sens presque plus à l’aise quand je suis là-bas.

Lors de mon récent séjour en Finlande, j’ai mangé à deux reprises dans des restaurants népalais. J’aurais pu manger de la paella au renne au marché ou même du renne à la népalaise 2). Dans un effort pour être international, un bistrot proposait même des cannellonis à la maison ; ils mettent de l’ail et du fromage de chèvre partout, alors qu’autrefois, il ne connaissaient que le sel et le poivre et que la cuisine locale ne méritait pas vraiment le détour. Un article de journal relatait la difficulté de respecter le ramadan s’il tombait pendant les mois d’été en Finlande 3).
Dans mon hôtel, j’ai bavardé avec deux Chinois de Bruxelles qui découvraient l’Europe. Ils m’ont demandé ce que je pensais d’Helsinki. Séquence schizophrène : j’ai renoncé à leur expliquer que, étant plus ou moins du pays, mes impressions étaient un peu trop compliquées à exprimer. Very nice ! m’a offert la solution de facilité.

Le monde s’internationalise et se mondialise, à un tel point que même le coin le plus reculé d’Europe est devenu un creuset, un lieu de passage et de brassage. C’est pourquoi je continue de m’étonner et de m’exaspérer quand on me demande – pas plus tard qu’hier encore – comment se fait-il que je parle si bien le français. Dans l’esprit de bien des gens, s’il est normal que des Portugais ou des Chiliens parlent couramment le français ou que des Turcs parlent l’allemand sans accent, les Finlandais, eux, doivent vivre en Finlande, ne parler que le finnois, se déplacer en traineau, manger du renne en invitant le Père Noël à partager leur repas, boire beaucoup, être affligés par les moustiques et payer beaucoup d’impôts.

Quand diable les gens apprendront-ils à think outside the box ?


Lyophyllum shimeji , champignon pour gourmets japonais, dont on a découvert qu’il poussait en Finlande et en Suède et qui se vend 800€/kg. Est-ce là ce qui attire tant les Japonais ?
http://www.sciencedaily.com/releases/2010/06/100628075820.htm

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1) terme utilisé en Suisse pour désigner la deuxième génération d’immigrés ; sans aucune connotation péjorative, car ils sont très bien intégrés et réussissent mieux à l’école que les autochtones.
2) mais quelle est donc cette Népal Connection en Finlande ? On n’a pas de restaurants népalais, ici en Suisse !
3) le ramadan tombant un peu plus tôt chaque année, il tombera bientôt au mois de juin où il ne fait pas nuit du tout. L’islam est un phénomène si récent dans ce pays que la question ne s’est encore jamais posée.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Vous êtes, Madame, très intéressante

Anonyme a dit…

Avec un peu de retard, je vous conseille de regarder une petite série de 7 courtes séquences sur la Finlande qui pense en dehors des boites, c-a-d qui ne porte pas ses œillères en permanence.
J'ai beaucoup ri en les visionnant, surtout celle sur l'égalité hommes-femmes. C'est un hommage aux idées reçues sur le pays, manifestement préparé pour l'expo universelle de Shanghai.
JM

http://www.youtube.com/watch?v=6unpVdaSg6E&feature=related

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