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lundi 20 septembre 2021

Comment prévenir la maladie d’Alzheimer

Buchstabensalat, artiste inconnu du XIXème siècle

The HUG Hospitals in Geneva are participating in a study on how to prevent the onset of Alzheimers disease. I answered their call for volunteers and served as a guinea pig for various tests and measurements. So far, everything seems to be rather normal……


Les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) ont lancé, sous l’égide du Professeur Frisoni, une étude intitulée « Connectivité cérébrale et métacognition chez les personnes présentant un déclin cognitif subjectif (COSCODE): corrélation avec les caractéristiques cliniques et la neuropathologie in vivo ». J’ai répondu à leur invitation à participer à cette étude en tant que sujet (a priori) sain, alors que deux autres groupes de patients présentent des troubles cognitifs modérés pour l’un et un déclin cognitif subjectif pour l’autre. L’étude se déroule au Centre de la mémoire des HUG, sur une période de quatre ans. Son but est d’observer le vieillissement cognitif normal ou pathologique, afin de parvenir à prédire la survenue et l’évolution de maladies de type Alzheimer.  


Une première étape, facile, consistait en un examen clinique, avec les mesures classiques telles que taille et poids (IMC), tension artérielle, prise de sang, circonférence du bras, échantillon de selles (pas si facile que ça….!) ; un questionnaire sur les habitudes de vie, l’alimentation, le sommeil, travail ou non, vie sociale/ familiale ou non, niveau d’études, pratique sportive etc ; deux séances de test neuropsychologiques, crispants et amusants à la fois : il fallait mémoriser une liste de 15 mots, lire le mot VERT écrit en rouge (test de Stroop), compter à rebours en partant de 100 en soustrayant 7 en série, recopier un dessin (la figure complexe de Rey), dessiner les aiguilles d’une montre pour indiquer une heure donnée (le test de l’horloge), regarder une série de photos de portes en observant tous les détails, puis reconnaître la bonne porte parmi quatre photos quasiment identiques (test des portes), mettre des petits bâtonnets dans des trous avec la main droite, puis la gauche (grooved pegboard test). J’ai également dû remplir un questionnaire me demandant si j’avais de la peine à tenir ma place dans une conversation, si j’estimais que c’était plutôt les autres qui avaient tort, si j’aimais ou si je craignais d’être seule, si j’appréciais la poésie, ainsi que des questions concernant mes habitudes alimentaires. Ce tableau, déjà fort complet de ma personne, a ensuite été complété par deux IRM de puissances différentes, 3 Tesla et 7 Tesla (IRM ultra-haut champ, à l’EPFL).


La figure complexe de Rey

Il serait possible de participer à des examens complémentaires, par exemple une tomographie par émission de positrons (TEP) permettant de mettre en évidence des plaques d’amyloïdes ou de protéines tau, responsables de la maladie d’Alzheimer ; un prélèvement de salive ; une ponction lombaire, parfaitement facultative, étant donné que c’est un examen invasif d’une durée de quatre heures et comportant certains risques ; un EEG ; une évaluation de la marche et une mesure de l’activité globale, à l’aide d’une montre mesurant l’activité du sujet 24h/24 (sommeil, nombre de pas, rythme cardiaque, etc.). J’attends qu’on me convoque …


La participation à cette étude est non seulement gratuite, mais également bénévole. Le seul bénéfice pour nous, les cobayes, est l’éventuel dépistage d’un problème de santé, une tumeur au cerveau ou un déclin préoccupant de nos capacités mentales. Par ailleurs, les visites de suivi sur une durée de quatre ans permettront de se faire une idée de l’évolution des capacités cognitives du sujet. Les HUG ont créé un registre pour la santé du cerveau, où il est possible de se porter volontaire pour participer aux futurs travaux de recherche : www.bhr-suisse.org. Ce site propose également de nombreuses informations relatives à la recherche sur les maladies neurodégénératives, ainsi que des conseils pour bien prendre soin de son cerveau. 



Nous sommes tous très fiers de notre matière grise, même si, selon certaines théories, sa seule utilité est de nous pousser à nous déplacer. Ma foi, c’est un point de vue ! Accessoirement, notre cerveau nous permet de faire des calculs, de peindre, de faire de la musique, d’apprendre des langues ou d’écrire des textes. Il nous permet également, contrairement aux arbres et aux carottes, dépourvus de cerveau, d’évaluer l’effort à réaliser pour sauter d’un point A à un point B, pour éviter un obstacle ou trouver la sortie dans un escape game. Mais sommes-nous conscients du fait que notre deuxième cerveau se trouve dans notre intestin, un organe qui peut atteindre 8m de long et une surface de 500m
2 ? Le lien entre nos tripes et notre cerveau a été démontré - une carence ou un déséquilibre de la flore intestinale auront une influence sur notre comportement - et les chercheurs affirment qu’il y a un lien avéré entre le microbiote et les maladies neurodégénératives de type Alzheimer. 

Le test de l'horloge
Pour protéger ce précieux organe de la déchéance, nous pouvons déjà nous efforcer de manger sainement et de façon équilibrée, à l’abri de tout stress. Mais il faut aussi l’entraîner sans relâche, en le stimulant et en le faisant travailler (musique, lecture, jeux et puzzles…). Depuis peu, il est aussi permis d’espérer la prochaine mise sur le marché d’un nouveau médicament, l’Aduhelm (Aducanumab), qui permet d’éliminer l’amyloïde du cerveau. La Food and Drug Administration (FDA) aux Etats-Unis vient de l’approuver (juin 2021), l’Agence européenne des médicaments (EMA) et Swissmedic sont en train de l’évaluer. 


Je suis très heureuse de pouvoir contribuer à l’avancement de la science et aux efforts de prévention des maladies neurodégénératives. Cela ne me demande pas énormément d’effort, c’est même amusant et intéressant. Qui sait, je pourrai sans doute même en profiter de façon très directe, dans une vingtaine d’année, quand ma matière grise commencera à s’épuiser.




Portail de la recherche HUG : https://recherche.hug.ch

Registre suisse pour la santé du cerveau : www.bhr-suisse.org 


https://www.unige.ch/communication/communiques/2020/lien-confirme-entre-la-maladie-dalzheimer-et-le-microbiote-intestinal/

https://content.iospress.com/articles/journal-of-alzheimers-disease/jad200306 

https://www.fondation-alzheimer.org/maladie-dalzheimer-et-si-cela-provenait-de-notre-intestin/

https://www.biocodexmicrobiotainstitute.com/publications/alzheimer-comment-notre-intestin-nous-fait-perdre-la-tete


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