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dimanche 10 juillet 2011

Identités numériques


Il est difficile de nos jours d’échapper à internet. Telle une alcoolique, j’ai besoin de ma dose quotidienne de connexion, qu’il s’agisse de lire les nouvelles ou mes mails, de réserver des vols et des chambres d’hôtel, de commander des paniers de légumes du terroir, de télécharger de la musique sur iTunes, de consulter mon programme de travail ou bien sûr de perdre du temps avec des bêtises - facebook, YouTube, forums de discussion ou encore blogs (le mien et ceux des autres).

Internet est toutefois un outil à double tranchant. Il nous ouvre les Portes de la Perception et nous met l’univers à portée de clic. Mais il nous apporte aussi des virus, des spams, des héritages aussi faramineux qu’africains, de la publicité ou encore des pétitions à signer pour sauver une fillette qui meurt du cancer quelque part. Je n’ai jamais réussi à comprendre comment on pouvait empêcher quelqu’un de mourir en faisant ça. Etrangement, il s’agit toujours d’enfants, comme quoi, les vieux sont moins porteurs pour ce genre d’opération, qui sert surtout à récolter des adresses e-mail. Facebook est désigné violateur en chef de la vie privée, mais on a tendance à oublier qu’absolument tout ce que nous faisons est enregistré quelque part. Lors d’enquêtes de police, l’examen d’ordinateurs (du suspect, de la victime) livre souvent de précieux indices.


Ce qui m’exaspère, c’est que quasiment tous les sites à transaction (achats, réservations) exigent qu’on crée d’abord un profil, un compte client, avant de pouvoir accéder à ce dont on a besoin. Il serait tentant et facile d’avoir toujours le même, mais ce n’est pas forcément possible. Parfois, on nous impose l’adresse e-mail comme log in et le mot de passe doit souvent obéir à des contraintes (minimum 8 caractères, mélange de chiffres et de lettres). D’autre part, il vaut mieux avoir des identités différentes d’une fois à l’autre, pour compliquer la vie d’éventuels pirates et pour éviter d’éventuels recoupements. Car de nombreux sites savent quelle page vous avez consultée juste avant de venir chez eux (une sombre histoire de cookies, dont certains seraient éternels, comme les diamants de Marilyn). Les formulaires n’acceptent aucun accent ou lettre bizarre, une virgule ou un trait d’union peut vous obliger à tout recommencer. C’est certainement une excellente prophylaxie anti-Alzheimer que de devoir mémoriser tous ces différents sésames électroniques.

L’adresse de courrier électronique est en train de devenir une forme de carte d’identité voire de code ADN sur internet. Sur facebook ou blogspot, on peut absolument tout changer, son nom, sa photo, son état civil, le titre du blog etc... mais il est impossible de modifier l’adresse qui est rattachée au compte de l’internaute. Pour ce faire, il faudrait tout annuler puis recommencer avec un nouveau profil. Ma mère (82 ans) s’est mise au courrier électronique et donne volontiers son adresse aux maisons de vente par correspondance qu’elle fréquente. Même si elle est un peu ébahie par le volume de publicité qu’elle reçoit, cela lui fait malgré tout plaisir de découvrir que You’ve Got Mail! quand elle consulte sa messagerie.


Il est intéressant de voir à quel point on existe dans le cyber-espace. Si j’introduis mon nom dans google, j’obtiens la fiche de mon association professionnelle, avec mes coordonnées et ma combinaison linguistique, ainsi qu’un lien vers l’association des traducteurs-jurés, dont je suis membre. Rien que du positif, une publicité gratuite et pas du tout mensongère. Ensuite, j’obtiens la liste de mes 23 homonymes sur facebook, des pages sur Miss Finlande 1984, ainsi que deux frangines, qui ont les mêmes prénoms que ma soeur et moi, et qui font des compétitions canines (pas nous, faut-il le préciser). Un collègue a un homonyme qui est musicien de jazz afro-américain à New York, aucun risque de confusion, là non plus! Si on s’appelle Philippe Blanc, Patrick Murphy ou Manuela Gonzalez, on peut dormir tranquille... ou pas, si on voudrait que des amis, des clients ou des employeurs nous retrouvent.

Il est sans doute possible de ne pas exister du tout sur internet. Pour cela, il faut choisir une adresse e-mail sans aucun rapport avec son véritable nom, souvent changer d’ordinateur et fréquenter les cyber-cafés, ne jamais rien acheter sur amazon ou eBay, ne jamais remplir le moindre formulaire et bien sûr, ne jamais afficher sa photo. On peut aussi commettre un suicide numérique en effaçant son compte facebook ou twitter. Ou alors jouer les kamikazes numériques, en révélant des choses fracassantes sur son blog avant que la presse n’en n’ait eu vent. En attendant, anybody who’s somebody sera présent sur tous les réseaux sociaux et aura une application iPhone correspondant à son activité.


Dire qu’il y a dix ans encore, rien de tout ceci n’existait, du moins pas avec l’envergure actuelle. Les notebooks sont très récents, sans parler des iPhones, iPads et autres Blackberry. Je me souviens de vacances en Andalousie (1998), où il n’y avait qu’un seul ordinateur dans le lobby. Je ne l’utilisais que pour consulter mes mails et cela, environ 2 fois par semaine. J’avais évidemment beaucoup moins de correspondants qu’aujourd’hui où tout le monde écrit des courriers électroniques à longueur de journée et surtout s’inquiète si vous ne répondez pas dans les 24 heures!

Dorénavant, les vraies vacances, les vraies de vraies, se feront off line! Ne survivront que les plus forts!
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PS: ayant cliqué sur "publier message", je vois une publicité google "Produits ferrmiers bio, livraison à domicile". Il a sans doute suffi que je parle de paniers du terroir dans mon texte! C'est juste un chouïa flippant, en même temps, je suis épatée par ce que les ordinateurs arrivent à faire.

2 commentaires:

fireatheart a dit…

J'essaye régulièrement de discipliner mon utilisation du net.
Ce matin, j'ai décidé de me limiter à une tranche de 30 minutes. C'était il y a 2 heures... :/

Anonyme a dit…

Ce blog critique internet.......et c'est très bien fait

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