Ayant dû faire un très
long voyage en Afrique du Sud pour travailler lors d’un Congrès syndical, j’ai
décidé de m’offrir une escapade de quelques jours dans la brousse, afin
d’allier l’utile à l’agréable. C’est ainsi que j’ai atterri dans la réserve de Nambiti, située à 3h30 de Durban. Et puisque j’y allais seule, je me suis
offert le luxe et le confort d’un Relais et Châteaux - oui, ça existe même
parmi les girafes et les éléphants!
Faire un safari est une activité
relativement courante de nos jours; toutefois, il ne faut pas oublier que cela
reste une activité dangereuse, étant donné qu’on s’y balade - en jeep -parmi
les lions et les rhinocéros. Ainsi, il faut montrer patte blanche à l’entrée du
parc, où le gardien consigne soigneusement les entrées et les sorties. À deux
reprises, il a fallu signer une décharge, comme quoi le voyageur est conscient des
risques auxquels il va s’exposer. Difficile de faire marche arrière à ce
moment-là….. Le chauffeur qui m’a prise en charge à Durban était d’ailleurs un
peu inquiet et tenait à sortir de la réserve avant la nuit tombée. On le
comprend!
Le ranger de mon lodge
est venu à ma rencontre et m’annonce que je vais être toute seule! Heureusement
pas trop longtemps, car dès le lendemain, un couple d’anglais est venu me tenir
compagnie. Ils étaient ravis, eux aussi, de faire une nouvelle rencontre. Nous
avons eu le lodge et les rangers pour nous tout seuls pendant trois jours. Heureusement nous
nous sommes très bien entendus, car il aurait été très pénible de
se retrouver dans un lieu confiné - bien qu’au grand air et en pleine nature - avec des gens qu’on préférerait éviter. En effet, on ne sort pas se promener
dans une réserve où la faune sauvage évolue librement, à l’état naturel. Ce
que je redoutais le plus, c’était un jeune couple en lune de miel. Un couple
très British, marié depuis 44 ans, c’était juste parfait!
Nous faisions deux
sorties de trois heures chacune en 4x4 (6h de bagnole par jour!), premier
départ à 5:30 !!!! Ce ne sont pas des vacances de tout repos, mais évidemment,
c'est au lever du jour qu’on a les meilleures chances de voir des animaux.
Malheureusement, la météo était quasiment islandaise, pas du tout ce que
j’attendais de l’été austral. Heureusement que j'avais la doudoune que je
portais en partant de Genève au mois de novembre, ainsi qu’un bonnet et des
gants : je les ai portés tous les jours, parfois même pour dormir!
Nous avons vu beaucoup
d’animaux, à chaque sortie. Pour une raison que j’ignore, il est très important
de voir les Big Five: lion, panthère, rhinocéros, buffle d’eau et éléphant (le concept a été créé par Hemingway dans Les Neiges du Kilimandjaro).
Nous les avons tous vus, sauf la panthère, c’est même devenu une plaisanterie:
« Regardez le gros rocher là-bas! La panthère est derrière ! » Évidemment,
en supposant qu’il reste quelques panthères, elles se cachent bien. Nous avons
cependant brièvement aperçu un magnifique serval. Nous nous sommes trouvés au milieu d’un troupeau
d’éléphants, de buffles d’eau (« l’animal le plus dangereux » hmmm…)
et de girafes. Nous avons vu beaucoup de zèbres, si jolis, et de cervidés :
impalas, koudous, elands, wildebiests….. des phacochères, deux chacals
(adorables: on dirait un mélange de renard et de petit chien), ainsi que
beaucoup d’oiseaux étranges et magnifiques.
En voyant une jeep, les
animaux ne comprennent pas qu’il s’agit d’humains. Il est conseillé de rester à l’intérieur du
véhicule, pour qu'ils ne distinguent pas une silhouette, un bras, une
tête… Si toutefois on devait se retrouver face à une bête sauvage, il faut
rester calme et surtout ne pas bouger: si ça court, c’est que ça se mange!
Vieux dicton félin. On pourrait cependant penser que, étant protégés depuis
plusieurs générations, les fauves ne savent plus ce qu’est un humain, qu’ils ne
l’associent plus au danger. Malheureusement, le braconnage continue d’exister,
nous avons croisés des gardes qui patrouillaient. Certains rhinocéros ont la
corne sciée, pour leur ôter toute valeur.
Il n’est pas facile de
distinguer les animaux, les rangers ont l’œil exercé. Là où nous ne voyons
qu’une tache, ils reconnaissent un rhinocéros, un phacochère ou une girafe.
Combien de fois n’avons nous pas été fiers de voir au loin un tronc d’arbre
mort (Une girafe !) ou un gros caillou (Oh! Un éléphant !). Les rangers
communiquent entre eux par radio lorsqu’un animal a été repéré. Quant on voit
trois jeeps arrêtées quelque part, c’est que les lions ne sont pas loin. C’est
l’animal le plus convoité par les touristes et il faut reconnaître que cela a
quelque chose d’effrayant et de magique à la fois de se trouver à 5 ou 10
mètres d’un lion. Car nous ne sommes ni au zoo ni au cirque, ces bêtes-là sont
de vrais fauves, vivant en liberté et se nourrissant de leur chasse.
Il y a une dizaine de
lodges répartis dans Nambiti Park. La réserve appartient à la communauté locale
et les lodges versent un loyer ou une espèce de participation, pour que les
revenus dégagés par le tourisme reviennent à la communauté. La réserve a sa
propre boucherie, étant donné que la population animale doit être maîtrisée.
C’est ainsi que j’ai mangé de l’eland, des boulettes de koudou, du saucisson de
phacochère et des raviolis de zèbre. Les repas étaient succulents, très fins et
joliment présentés. John, le cuisinier sud-africain avait véritablement du
plaisir à créer de belles assiettes et des desserts originaux. Nicky, Richard
et moi avons eu un cuisinier Relais et Châteaux rien que pour nous pendant
trois jours. Petunia et Speh nous annonçaient en déclamant ce que nous allions
manger, comme dans les grands restaurants.
Esiweni Lodge est un lieu
merveilleux, situé au bord d’une falaise. Le parc est à 1000 mètres d’altitude,
ce qui explique les températures si basses, surtout à 5:30 le matin.
Heureusement qu’il n’y a eu aucune urgence, car la logistique dans un tel
endroit est forcément compliquée, également pour faire venir des denrées ou
évacuer les déchets.
C’était un dépaysement
très réussi et une bonne façon de me changer les idées avant d’entamer une
semaine enfermée entre hôtel et centre de Congrès. Nous étions confinés
là aussi, mais différemment, car dans les rues de Durban, les fauves sont humains.
Le prix de la chambre
varie selon la saison. Prévoir des habits chauds, ainsi que des tenues sport chic pour les soirées, les shorts et les tongs n’étant
pas admis au dîner. Ne pas oublier d’emporter des jumelles. Penser à prendre de l'argent
liquide pour les pourboires en fin de séjour.
Doudoune, bonnet.... |
... écharpe, gants, cape de pluie... |