A
man, a plan, a canal : Panama ! *)
De
nos jours, le canal de Panama semble être une évidence et pourtant, il
n'existe que grâce à la ténacité et à l'obstination d'un grand nombre d'hommes
du monde entier. Actuellement, le Nicaragua, avec l’aide de la Chine, envisage de creuser son propre canal pour
tenter de concurrencer celui de Panama, visant les juteux revenus de péage
qu'un tel ouvrage permettrait de dégager. Les travaux ont d’ailleurs déjà
commencé. Ce sera toutefois un chantier aussi titanesque que celui de Panama,
les coûts seront pharamineux et l’ouvrage est loin d’être terminé…..
L'idée
d'un canal transocéanique germe déjà dans l'esprit des conquistadors espagnols.
Un dénommé Vasco Nuñez de Balboa était le premier à découvrir la côte
Pacifique, au sud de l’isthme, en 1513. Dès l'année suivante, la Couronne
d'Espagne charge le gouverneur qui a fondé la ville de Panama d'explorer la
possibilité d'un passage naturel entre les deux océans. Un Chemin Royal
permettra d'abord le transport de marchandises entre le nord et le sud - le
Panama s'étendant d'est en ouest, le futur canal suivra par conséquent un tracé
nord-sud. Enfin, dès 1527, le fleuve Chagres, le Chemin Royal et le Chemin de
Cruces offrent un premier tracé reliant la "mer du nord" à la "
mer du sud", à moitié sur la terre, à moitié le long du fleuve.
C'est
Charles Quint qui, le premier, eut l'idée d'ouvrir une voie navigable à travers
l'isthme. Le royaume d'Espagne avait même déjà eu l'idée de percer un canal à
travers ce qui deviendra le Nicaragua, où la présence d'un lac devait faciliter
la chose. À l'époque, il n'y avait évidemment pas de militants écologistes pour
s'opposer à un tel projet, contrairement à aujourd'hui. L'idée a fait son
chemin au fil des siècles. Alexandre von Humboldt a tracé neuf routes possibles
pour un canal.
La
région de Panama faisait partie de la Colombie au XIXème siècle. Dès 1852, la
Colombie accorde une concession à des entrepreneurs américains pour la
construction d'un chemin de fer; en 1878, c'est une société française qui
obtient une concession sur 99 ans, afin de construire un canal dans l'isthme de
Panama.
La
route par le Cap Horn étant longue et dangereuse, le besoin de bâtir un canal à
Panama devient de plus en plus impérieux. Ferdinand de Lesseps était devenu
célèbre et réputé depuis la construction du canal de Suez (1859-1869), il était
donc l’homme tout trouvé pour ce projet ambitieux et téméraire. En effet, non
seulement la région est susceptible de subir des tremblements de terre, mais
son climat tropical était un obstacle majeur à la réalisation du projet. Un peu
comme avec la malédiction de la Grande Pyramide, quasiment toute personne
participant à la construction du canal risquait d’y perdre la vie, des suites
du paludisme ou de la fièvre jaune.
Des
micro-organismes, virus et parasites, tous deux transmis par les moustiques,
ont failli empêcher la construction du canal. C’était sans compter, là aussi,
sur l’engagement de plusieurs esprits scientifiques
: entre ceux qui ont découvert l’agent pathogène, ceux qui ont découvert
son mode de transmission (les moustiques) et enfin, ceux qui ont découvert le
vaccin et les moyens d’éliminer la prolifération des moustiques…. Il a fallu
des années et beaucoup de morts pour vaincre ces deux maladies, sans quoi, le
Canal de Panama serait resté au stade de chimère impossible à réaliser.
LesEspagnols, les Portugais, les Ecossais, les Allemands, les Français…… tous s’y sont cassé les dents et des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs y ont perdu la vie (choléra, paludisme, fièvre jaune, dengue). De plus, les Français se sont empêtrés dans le Scandale de Panama, Ferdinand de Lesseps a été condamné à la prison, le financement de ce projet titanesque ayant échoué de façon calamiteuse. Un chemin de fer traversant le Panama de part en part a également été construit au prix de 12.000 vies. Finalement, ce sont les Américains qui ont repris les tranchées construites et abandonnées par les Français. Ce sont eux qui ont achevé, en 1914, cet immense chantier, auquel tant de personnes ont contribué. Faut-il dès lors s’étonner qu’ils aient obtenu une concession et le droit d’exploitation de l’ouvrage ?
Toutefois,
suite à un référendum organisé au Panama (1977), le canal revient à la
république du Panama le 1er janvier 2000. Tant que le canal était
aux mains des Américains, le péage ne servait qu’à couvrir les frais d’exploitation.
Le Panama, quant à lui, a choisi d’en tirer le profit maximum, faisant payer
très cher le passage des navires. Cependant, le pays comporte encore beaucoup
de pauvreté, en dépit de cette importante source de richesse. En 2016, le canal
a été élargi, en reprenant des tranchées creusées, puis abandonnées par les
Français. Ces nouveaux tronçons permettent le passage de navires dits « Panamax » , c’est-à-dire ayant la largeur maximale
pour franchir les écluses, tant en largeur qu’en profondeur.
Le
canal de Panama est un ouvrage impressionnant à plus d’un titre : son
histoire jalonnée d’échecs, des morts par centaines de milliers, un scandale
financier, sa rétrocession par les Etats-Unis, son élargissement…. C’est une
véritable prouesse d’ingénierie, qui ne peut se permettre la moindre erreur, le
moindre dysfonctionnement. Et il fonctionne sans relâche, 365 jours par an,
Noël et Nouvel an inclus !
Plaza de Francia |
L’histoire
du Canal de Panama : https://www.panama-voyage.com/culture/canal-de-panama-merveille-du-monde.php
Centre
des visiteurs Miraflores https://visitcanaldepanama.com/en/centro-de-visitantes-de-miraflores/
*) célèbre palindrome
Voir aussi : En mission à Panama