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mardi 28 avril 2015

GUF: késaco?


Parmi toutes les organisations qui utilisent les services d’interprètes de conférence, les Fédérations syndicales internationales sont peu connues. Elles ont pourtant, elles aussi, négocié et conclu un accord régissant les conditions de travail des interprètes qui travaillent pour elles.
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L’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) rassemble des interprètes du monde entier, qui travaillent sur différents marchés et principalement dans deux secteurs: le secteur non-conventionné - qui connaît différentes dénominations, telles que marché privé ou PRIMS, dans notre jargon - d’une part et le secteur conventionné d’autre part.

Comme son nom l’indique, le secteur conventionné englobe tous les engagements professionnels qui se font dans le cadre d’un accord négocié entre les interprètes (l’AIIC) et l’organisation qui les emploie. Sur le marché du travail, on appelle cela généralement une convention collective. En échange d’un certain volume de travail et d’une certaine fidélité (parfois relative) de l’employeur vis-à-vis de ses prestataires linguistiques, ceux-ci s’engagent à travailler dans un cadre convenu lors de négociations. L’employeur, quant à lui, s’engage à respecter certaines conditions de travail, telles que la durée des séances ou les périodes de repos. Selon les secteurs (UE, GUF), l’employeur verse une contribution à la prévoyance vieillesse. La rémunération journalière est également définie. Ces accords ou conventions encadrent ainsi toutes les facettes et toutes les situations qui peuvent se poser lors d’une conférence avec interprétation simultanée.

Tout le monde connaît l’ONU ou l’UE comme débouché professionnel pour des interprètes. Il est toutefois un secteur mystérieux et peu connu, même au sein de l’AIIC, et qui porte un acronyme étrange: le secteur GUF. Alors késaco?

GUF est le sigle de Global Union Federation, qui se traduit en français par Fédérations syndicales internationales. De par leur nature internationale, ces grandes fédérations sont forcément appelées à se réunir en plusieurs langues et aux quatre coins du monde. Elles font donc régulièrement appel à des interprètes. La majorité des GUFs - ou FSI - ont leur siège à Genève ou à Bruxelles, où se déroulent la plupart de leurs réunions. Il leur arrive parfois de tenir une réunion régionale ou thématique dans un autre pays et, tous les quatre ou cinq ans, elles ont un congrès qui se tient sur l’un des cinq continents, généralement par rotation.



Les réunions et conférences des FSI se font généralement avec les grandes langues habituelles (en Europe): anglais, français, allemand, souvent l’espagnol, parfois l’italien. Les pays nordiques ayant une longue tradition syndicale et comptant parmi les principaux sponsors du mouvement syndical international ont souvent voix au chapitre et il n’est pas rare d’avoir de l’interprétation suédoise, soit active, c-à-d qu’il y a une cabine suédoise, soit passive, ce qui signifie que les délégués peuvent s’exprimer en suédois, mais doivent écouter une autre cabine lorsqu’ils ne comprennent pas les langues parlées. Il arrive ensuite souvent que, par exemple, la délégation turque ou hongroise ait son propre interprète, souvent un camarade syndicaliste, qui chuchote à côté de ses compatriotes et offre une interprétation en consécutive si celui-ci souhaitait s’exprimer dans sa langue.

Chaque fédération internationale est une organisation qui regroupe, à l’échelle mondiale, les confédérations syndicales nationales, ainsi que les syndicats des branches correspondantes. Ainsi, l’Internationale des Services Publics (PSI) aura comme organisations affiliées les syndicats représentant les fonctionnaires et agents de la fonction publique des différents pays du monde. L’Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) rassemble, comme son nom l’indique, les travailleurs de la foresterie et de la construction.


Certaines fédérations syndicales sont très puissantes, comme par exemple AFL-CIO aux Etats-Unis, dont les cinéphiles connaissent le logo, étant donné qu’il apparaît toujours à la fin des génériques des films américains. D’autres grandes confédérations qui ont rang d’interlocuteur dans le débat national sont, par exemple Ver.di ou encore IG-Metall en Allemagne. Ces grandes confédérations syndicales surveillent le monde du travail dans leur pays respectifs et lancent également de nombreux projets d’aide au développement (formation syndicale, aide à la création de syndicats, recrutement de membres etc....), surtout celles des pays du nord ou nordiques (LO-TCO en Suède, par exemple). La Fondation Friedrich Ebert est aussi souvent mentionnée dans les réunions où travaillent les interprètes. 

Les fédérations syndicales internationales suivantes sont celles qui ont conclu un accord avec les interprètes de conférence, représentés par leur association, l’AIIC :


·                    Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB)
·                     Internationale de l’Education (IE)
·                     Fédération syndicale européenne des services publics (FSESP)
·                     Confédération syndicale internationale (CSI)
·                     Fédération internationale des syndicats de travailleurs de la chimie, de l'énergie, des mines        et des industries diverses ;  Fédération internationale des ouvriers de la métallurgie ; Fédération 
internationale des travailleurs du textile, de l'habillement et du cuir  [i]
·                     Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA)
·                     Internationale des Services Publics (PSI)
·                    UNI Global Union


L’AIIC fonctionne, elle aussi, telle une GUF pour les membres qu’elle représente, étant donné qu’elle négocie les conditions de travail avec les grands employeurs que sont les organisations internationales, l’Union européenne et d’autres. L’AIIC ne chapeaute cependant pas de syndicats nationaux d’interprètes, qui n’existent pas, mais plutôt des régions et des secteurs. Il n’a jamais été possible de faire de l’AIIC un véritable syndicat, les collègues s’y opposant et la nature de la profession ne le permettant pas (trop grande variété de circonstances, selon les continents, les clients/employeurs et le type de réunion).

Paru sur www.aiic.net

Louis Majorelle

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Voir aussi:
Historique et vue d’ensemble du mouvement syndical dans l’histoire et dans le monde.



[i] A noter que la FIOM (Fédération internationale des ouvriers de la métallurgie)  a englobé ICEM (chimie et mines) et ITGLWF (textiles, cuir, chaussures) pour former un nouveau mégasyndicat appelé IndustriALL Global Union. UNI est également le fruit d’une fusion entre la FIET (International Federation of Employees, Technicians and Managers), MEI (Media and Entertainment International), IGF (International Graphical Federation and CI (Communications International) et s’appelle Uni Global Union depuis 2009.


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