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samedi 25 décembre 2010

La Veuve Joyeuse de Franz Lehár


Quelle merveilleuse soirée que cette représentation de la Veuve Joyeuse au Grand Théâtre de Genève ! On m’avait dit pis que pendre de la mise en scène – "ils sont dans un bunker tout le long" – alors que les décors représentent un lieu monumental qui n’est pas sans rappeler le Palais des Nations. Une architecture fasciste, certes, mais n’oublions pas que nous sommes au Ponténégro et que le pays va très mal…

L’œuvre ressemble quelque peu à la Belle Hélène, je me sentais donc en terrain connu : un pays au sud-est de l’Europe, au bord de la banqueroute; il y est beaucoup question d’adultère et de stratagèmes plus ou moins foireux pour sauver la patrie. L’air Femmes ! Femmes ! Femmes ! se prête très bien à un french cancan et on sent qu’Offenbach n’est pas bien loin. La veuve chante l’air de Vilja en nuisette – les metteurs en scène adorent déshabiller les sopranos – mais cela se justifie dans la mesure où elle vient de se substituer à une épouse infidèle. Enfin, les grisettes de chez Maxim’s sont en guêpière et remuent leur popotin. L’intrigue se déroulant dans un pays imaginaire mais néanmoins vaguement balkanique, les personnages parlent parfois en une sorte de sabir slave et s’interpellent par des Gospodin ! Gospodina ! ce qui signifie "seigneur" ou "monsieur" en russe. Tout le spectacle était d’ailleurs multilingue, un mélange entre les versions allemande, française et anglaise. Valencienne, l’épouse du baron Mirko Zeta (José van Dam) était chantée par Jennifer Larmore. Américaine à l’extrême, elle chante, moulée dans une longue robe argentée qui scintillait de mille feux, un air dans le style de Broadway, A Foolish Heart de Kurt Weill, au début du bal. Il s’agit d’un rajout à l’œuvre, mais qui s’y intégrait très bien.


La soirée a été marquée par un de ces contes de fées qui se produisent parfois à l’opéra : le rôle-titre était souffrante et a été remplacée in extemis par une Veuve importée de Vienne, la merveilleuse Elisabeth Flechl. Elle connaissait bien évidemment la partition, mais elle a dû apprendre la mise en scène au grand galop et il a sans doute aussi fallu lui coudre fissa des costumes à ses mesures, fort généreuses au demeurant. Elle doit toutefois assurer la première d’un autre opéra à Vienne le 27 décembre et le Grand Théâtre a dû dénicher une deuxième Veuve de secours, qui aura à peine le temps de répéter ses mouvements. On m’a dit qu’elle apprenait son rôle à l’aide d’une vidéo. Voilà encore un métier qui ne se repose pas pendant les Fêtes de fin d’année !

La Veuve Joyeuse de Franz Lehár a été créée à Vienne en décembre 1905 et connaît un succès inoxydable depuis. Il existe cinq adaptations au cinéma, notamment par Ernst Lubitsch et Eric von Stroheim. La Veuve, Hanna Glawari, ayant hérité de vingt millions au décès de son mari, le baron Mirko Zeta cherche à la pousser dans les bras d’un Ponténégrin, pour que cette fortune reste au pays et le sauve de la faillite. Gospodina Glawari choisira évidemment celui qu’elle cherche à éviter pendant deux heures, Danilo Danilovitch, dont la devise est "aime beaucoup, fiance toi un peu, mais ne te marie jamais !" On devine qu’ils se sont connus autrefois et Danilo l’aime malgré ses millions. Ah ! c’est beau, l’amour ! Surtout à l'opéra...



http://www.geneveopera.ch/

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