
Avez-vous remarqué à quel point le bruit est omniprésent dans nos vies ? A quel point le silence est devenu une denrée rare, une espèce en voie de disparition ? Où que nous allions, où que nous soyions, nous sommes entourés de sons, jamais librement choisis et pas toujours très agréables. Dans la rue, nous sommes affligés par les bruits de chantier, les coups de klaxon, les sirènes de police ou d’ambulance et dans les transports publics, les musiciens qui font la manche agrémentent notre voyage malgré nous. Et dans les rues de La Valette en décembre, des chants de Noël tonitruants ne semblent pas effrayer le chaland.
We wish you a Merry Christmas... ♪♪♫
En Espagne, tous les bistrots ont leur machine à sous qui crée un raffut de fond qui ne semble déranger personne. Les Espagnols, tout comme les jeunes parents, ont une tolérance au tintamarre particulièrement élevée. Les touches d’ordinateur (Enter ou clics de souris) ou du téléphone mobile font
chlock ! ou
clic-clic sans aucune utilité apparente (sur les téléphones mobiles, on peut désactiver ce bruit, mais je n’ai pas encore trouvé comment faire sur l’ordinateur, si ce n’est de carrément couper le son), il faut croire que les consommateurs apprécient les appareils qui font
bing ! et
chtoïngg ! Mais ça encore, ce n’est rien….
Ce que je supporte de moins en moins, c’est la musique d’
AMBIANCE! dans les salles de petit-déjeuner des hôtels. A croire que les clients ont besoin de retrouver, au saut du lit, la discothèque qu’ils ont quittée quelques heures auparavant. Et quand ce n’est pas le juke-box ou le hit parade, c’est la radio qui nous pollue les oreilles et le cerveau. Juste assez fort pour faire du bruit, mais pas assez pour pouvoir comprendre les nouvelles ou la météo. Ou alors le volume sonore est suffisant, mais pour des jingles et de la publicité qui vous font avaler vos tartines au grand galop et démarrer votre journée dans le stress.
Une idée répandue veut que pour faire la fête, il faut faire du bruit. Quelle que soit l'occasion, hop ! des feux d’artifice pendant une heure ! On change d’année, alors on organise un grand bal populaire, avec du rap ou de la musique boum-boum, de toute manière, personne ne dort la nuit du 31 décembre. Votre équipe a remporté le match de foot : vous sautez dans votre voiture avec six de vos potes et vous parcourez la ville en klaxonnant et en faisant retentir vos trompettes !
La musique dans les magasins est censée pousser à la consommation. Selon le type de musique, je serais plutôt tentée de chercher la sortie la plus proche. Quand on vous fait patienter au téléphone, rebelotte avec les Quatre Saisons, si vous avez de la chance. Dans les trains, il y a des wagons dits
Silence, mais cela ne concerne apparemment pas les conversations bruyantes, du moins selon le contrôleur auprès de qui je m’étais plainte. Soit dit en passant, j’ai pu constater que les voyageurs sont beaucoup plus courtois dans les trains français ou italiens : tout le monde se tient tranquille et les gens sortent dans le corridor pour téléphoner.
Ainsi, lorsqu’il m’arrive parfois de me trouver dans un lieu parfaitement silencieux, je me sens presque perdue, j’arrive à peine à croire mes oreilles qui ne me transmettent aucun stimulus agaçant et indésirable. C’est comme si une sournoise torture, aussi pernicieuse que permanente, venait de s’arrêter. Et mon dieu! comme cela fait du bien de retrouver, de temps en temps, la sensation perdue du silence.