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dimanche 27 juillet 2025

La visite de l’observatoire de Sauverny (Versoix)

Il vaut la peine de faire l'excursion jusqu’à Sauverny, au-dessus de Versoix, près de Genève, pour découvrir l’observatoire de l’Université de Genève, utilisé également par l’EPFL, qui y a son laboratoire d’astrophysique (LASTRO). Le site se trouve en pleine nature, au milieu des bois, à proximité de la frontière française. Le tout premier observatoire a été créé en ville de Genève par l’astronome genevois Jacques André Mallet en 1772. Il était situé sur une colline adjacente à la vieille ville - le bastion Saint-Antoine, actuellement la Promenade de l’Observatoire - en face du Musée d’art et d’histoire. La ville s’étant fortement développée après la démolition des fortifications, une ville dorénavant bien éclairée la nuit grâce à l’électricité, cet emplacement n’était plus approprié pour l’observation du ciel à cause de la pollution lumineuse. L’ancien observatoire a été démoli en 1969 et le nouveau a été inauguré en 1967 dans cet endroit plus isolé. Environ 200 personnes y travaillent, dont 22 professeurs et 44 doctorants. 

Le département d’astronomie de l’Université de Genève compte également sur l’ISDC Data Centre for Astrophysics (Integral Science Data Centre), situé à Écogia, également dans la commune de Versoix.


En sus des observations astronomiques (éclipses, planètes, comètes …), une des fonctions de l’ancien observatoire était de déterminer l’heure exacte et de calibrer les montres fabriquées à Genève. Elles pouvaient obtenir un estampillage garantissant leur précision. Cette certification s’appelait « Bulletin de marche » ; un garde-temps pouvait alors être qualifié de « chronomètre d’observatoire ». Jusqu’en 1968, il y avait même des concours de chronomètres. L’observatoire offrait également le service de l’horloge parlante : on appelait autrefois un numéro de téléphone (le 161) pour connaître l’heure exacte : « Au troisième top, il sera exactement 11 heures, 10 minutes et 30 secondes». Ceci est devenu complètement obsolète avec les smartphones, mais on trouve encore l’heure exacte sur internet, à l’adresse https://www.horloge-parlante.fr (l’heure par défaut étant celle de Paris, bien entendu !), sur uhrzeit.org auf Deutsch ou encore sur https://clock.zone/


Une fois par mois, Sauverny organise des observations publiques, qui se déroulent dans leur petite coupole, qui n’a qu’un télescope « hobby ». Les vraies observations se passent à La Silla dans le désert de l’Atacama au Chili (altitude 2400 mètres), un énorme site regroupant plusieurs observatoires et télescopes servant à plusieurs pays qui mettent leurs ressources en commun au sein de l’organisation de recherche l’Observatoire européen austral (ESO). Cette organisation a été fondée en 1962 et c’est en 1963 que le site de La Silla (superficie 627 km2 ) au Chili a été retenu. Ce n’est toutefois qu’en 1969 que les lieux sont inaugurés. On y trouve 19 télescopes, dont certains sont dorénavant hors d’usage. A noter le VLT, Very Large telescope ou encore le télescope de 3,6 mètres (diamètre du miroir) de l’ESO, qui était le plus grand télescope optique au monde en 1977, lors de sa mise en service. Il a permis à Stéphane Udry et à son équipe de l’université de Genève de découvrir la planète extra-solaire Gliese 581 c en 2007. Le télescope Leonhard-Euler, dit le « télescope suisse » (1,2 mètres), nommé d’après le célèbre mathématicien bâlois, a été construit par l’observatoire de Genève et financé par la Suisse. Il sert surtout à la recherche d’exoplanètes. C’est lui qui a permis à Michel Mayor et Didier Queloz d’obtenir le prix Nobel de physique en 2019. L’exoplanète qu’ils ont découverte s’appelle 51 Pegasi b - l’adresse de l’Observatoire de Sauverny est chemin Pegasi 51, ce n’est sans doute pas une coïncidence.


Ainsi, l’observatoire de Sauverny étudie et traite des données en provenance des antipodes. La seule information reçue est de la lumière, qui est ensuite étudiée par photométrie et spectroscopie. Les astronomes analysent le spectre lumineux, la composition chimique, la vitesse de ces éléments d’information. Une fois les données analysées et étudiées, elles deviennent publiques - un peu comme au CERN. 


Un autre point commun avec le CERN, qui veut construire un plus grand collisionneur (le Futur collisionneur circulaire FCC), est que la Silla envisage de construire un Extremely Large Telescope (ELT), d’un coût dépassant le milliard de francs suisses et dont la taille dépasserait celle du Colisée à Rome. Ce chantier titanesque est toutefois menacé par un autre projet, à savoir la construction d’une centrale d’extraction d’hydrogène grâce à l’énergie solaire pour la production d’énergie verte. Mais ceci menacerait la recherche astronomique car il y aurait alors trop de lumière. Le désert de l’Atacama offre des conditions naturelles idéales, car non seulement il y fait très sec et l’altitude est très élevée, mais il y a très peu de pollution lumineuse. On estime que 70% de la recherche astronomique mondiale se déroule au Chili. Il serait vraiment dommage que cette usine d’hydrogène vienne menacer ce site exceptionnel. 


Leonhard Euler telescope à La Silla

Il reste encore tant à explorer et à découvrir. Peut-être qu’un jour, on retrouvera Saint-Exupéry et son Petit Prince dans l’immensité de l’univers : « Quand tu regarderas le ciel, la nuit, puisque j’habiterai dans l’une d’elles, puisque je rirai dans l’une d’elles, alors ce sera pour toi comme si riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire. »


A noter que la région de Neuchâtel a également grandement contribué au développement de l'astronomie, qui allait main dans la main avec l'horlogerie. Des festivités seront lancées au solstice d'été 2026.


https://www.unige.ch/sciences/astro/fr/ 

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