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mercredi 21 août 2019

Vieillir en musique 🎶


Autrefois, on prenait sa retraite vers 65 ans et, Ă  70 ans, on Ă©tait vieux. La vie active Ă©tant terminĂ©e, on s’installait dans un EMS*) pour attendre la mort, qui ne se faisait gĂ©nĂ©ralement pas trop attendre. Mais aujourd’hui, les centenaires prolifèrent grâce aux progrès de la mĂ©decine et les caisses de pension plongent dans les chiffres rouges.

Etant donnĂ© que le jalon fatidique de l’âge de la retraite commence Ă  se rapprocher dangereusement, mon approche vis-Ă -vis du temps qui passe prend une dimension nouvelle : le temps qui me reste est trop prĂ©cieux pour que je le gaspille Ă  des choses inutiles, stĂ©riles et inintĂ©ressantes. J’observe les personnes plus âgĂ©es qui m’entourent et je constate avec ravissement qu’elles sont toutes très actives, curieuses, ouvertes aux dĂ©couvertes et aux rencontres ou encore Ă  l’apprentissage de choses nouvelles. 

Abbaye d'Abondance
C’est quelque chose qui m’a particulièrement frappĂ©e lors d’un rĂ©cent stage de musique ancienne auquel j’ai participĂ© pendant une semaine Ă  Abondance (Haute-Savoie). J’Ă©tais, pour ainsi dire, la plus jeune de tout le groupe, les autres ayant tous soit mon âge ou 70 ans et plus. Non seulement personne n’Ă©tait sourd ni gaga - ce qui arrive pourtant Ă  des gens plus jeunes - mais les conversations ne portaient pas, mais alors pas du tout, sur des maladies, des traitements mĂ©dicaux, des dentiers, des opĂ©rations de la hanche etc…. J’ai des souvenirs d’enfance oĂą les conversations d’adultes ne portaient que sur leurs bobos. Sans doute que les vieux modernes refusent d’ĂŞtre des croulants, les ravages du temps qui passe sont donc tout simplement Ă©cartĂ©s.


Autre chose m’a marquĂ©e dans l’ambiance gĂ©nĂ©rale du groupe: il n’y avait aucun stress, aucune tension, aucune obligation de performance, aucune rivalitĂ©. Les participants faisaient tous de la musique en amateur, juste pour le plaisir et tout le monde avait une maturitĂ© suffisante pour mettre de cĂ´tĂ© tous les petits conflits mesquins qui peuvent nous empoisonner la vie aussitĂ´t qu’on est deux ou plus. Tout se passait dans le respect mutuel, la joie de partager une activitĂ© Ă  plusieurs et le plaisir de l’amusement dans l’effort intellectuel et physique qu’implique la pratique de la musique. 

La Negrina, Mateo Flecha El Viejo
Pour autant que le cĂ´tĂ© financier soit assurĂ©, on peut aborder le troisième âge en toute sĂ©rĂ©nitĂ©. On est libre de faire ce qu’on veut, quand on veut, on est libĂ©rĂ© de toute contrainte, la vie n’est plus que vacances, fun et libertĂ© ! Plusieurs retraitĂ©s m’ont dit n’avoir eu aucun regret Ă  quitter la vie professionnelle et je compte bien faire partie de ceux-lĂ .

Une nouvelle vie peut commencer dès 65 ans, mais il faut mettre toutes les chances de son cĂ´tĂ© pour que ce voyage dure longtemps et dans de bonnes conditions. En effet, nul ne sait ce que la vie nous rĂ©serve ni quelle sera la loterie que le bon dieu a en stock pour nous (maladies, hĂ©rĂ©ditĂ©, mauvaise chance). C’est pourquoi il faut profiter de la vie, ne pas en perdre une miette et surtout ne pas gaspiller son temps et son Ă©nergie Ă  se plaindre et Ă  se lamenter. Nous avons encore vingt ans, voire davantage, de vie active devant nous, il faut en profiter et en tirer le maximum ! L’exemple de Dagny Carlsson est Ă©loquent: une dame suĂ©doise de 107 ans, qui a appris Ă  utiliser un ordinateur Ă  l’âge de 100 ans et qui tient un blog depuis. Elle est très populaire et est devenue une personnalitĂ© apprĂ©ciĂ©e et admirĂ©e dans son pays. 


Toute activitĂ© cĂ©rĂ©brale et intellectuelle est bĂ©nĂ©fique, en sus d’une activitĂ© physique et d’une alimentation saine, Ă©videmment. De nombreuses Ă©tudes ont dĂ©montrĂ© les bienfaits de la musique : elle fait travailler la mĂ©moire, la rĂ©flexion abstraite et nĂ©cessite un effort d’analyse et de restitution, ainsi que de coordination cerveau-motricitĂ©, cerveau-larynx, cerveau-oreille. Contrairement Ă  une idĂ©e reçue, on ne perd pas forcĂ©ment sa voix dès 50 ans, on ne devient pas forcĂ©ment dur d’oreille non plus. La voix, les oreilles, le diaphragme se travaillent et s’exercent, comme dans n’importe quelle autre activitĂ©. Il n’y a que l’inertie et la paresse qui dĂ©truisent les acquis. 

Après avoir travaillé professionnellement avec mes oreilles et ma voix, je pourrai donc poursuivre cette activité, mais dans des conditions plus ludiques et festives. Décidément, la vraie vie commence après 65 ans !



*) EMS = établissement médico-social, résidence pour personnes âgées (en Suisse)

La musique, atout maĂ®tre face au vieillissement, article paru dans le Nouvel Obs en 2014

Le blog de Dagny Carlsson:




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