Rechercher dans ce blog

vendredi 12 août 2011

Voyage en Normalitude


Chaque fois que je vais à Saint-Jean-de-Luz (pays basque français), je suis frappée par l’atmosphère particulière qui y règne. Je vous parle bien sûr de la haute saison, qui connaît un doublement voire un triplement de la population. La ville et la région sont très fréquentées, essentiellement par des familles françaises. Des gens tout à fait ordinaires. Des gens tellement ordinaires qu’ils en deviennent extraordinaires.

Apparemment, la majorité des Français va en vacances en France. Ils y vont en voiture et aiment faire du camping. Il doit y avoir une dizaine de campings rien qu’à Saint-Jean-de-Luz et environs immédiats. Des Français moyens. Tiens... une expression qu’on n’entend plus. On parle certes de la France d’en-bas, mais ces vacanciers-ci tapent un peu plus haut. La classe moyenne va au camping, la classe moyenne-supérieure va à l’hôtel. L’élite va dans le Lubéron ou à Saint-Tropez, ou alors carrément aux Maldives. La France d’en-bas, quant à elle, ne va pas en vacances du tout.


Le vacancier normal va à la plage. Il est amusant d’observer cette population balnéaire. Au Pays de la Normalitude, les familles ont 1,5 bébé / enfant. Les papas s’appellent Jean-Pierre ou Patrick et j’ai entendu une maman appeler son petit garçon Martin. Martin … ! Et non pas Brayann ou Ethan [pron : étang]. Les fillettes ne s’appellent ni Cassandre ni Océane. On joue au tennis de plage, on lance un frisbee, on fait des mots croisés, on lit le best seller de l’été. Tout le monde est très calme et courtois. On ose laisser ses affaires sur sa natte de plage le temps d’aller se baigner, car on sait qu’on retrouvera tout intact et intouché à son retour.

Il y a beaucoup de monde partout, il faut parfois se battre dans la file pour les glaces, mais de façon générale, tout le monde cohabite pacifiquement et partage fraternellement l’espace de vie disponible. Des familles et encore des familles, qu’on ne vienne pas nous dire que la natalité est en baisse. Des couples de retraités également. Mais très peu de yuppies ou de gays ostensibles, pas de survêt’s et pantalons baggy, pas de tatoués-piercés, pas de disco-techno-ecstasy-à-Ibiza, ni carrés Hermès ni sacs Vuitton. Non, ceci n’est vraiment pas l’endroit pour ça. Je me rappelle toutefois que quand je suis venue à Saint-Jean-de-Luz seule, personne ne me regardait de travers ; les serveurs enlevaient le deuxième couvert sans poser de questions, comme si c’était la chose la plus normale au monde. Ailleurs, on ne vous apporte pas la carte tant que votre vis-à-vis n’est pas arrivé et parfois, on peut attendre très longtemps.


Au Pays de la Normalitude, il n’est pas rare que les familles aient des chiens. Sauf que les chiens ne sont pas des enfants. Les chiens ne sont pas admis dans les stations service. Les chiens ne sont pas admis sur les plages. Ils ne sont évidemment pas admis dans les églises, les musées, les châteaux. Il faut donc feinter et s’arranger ; aller acheter son pique-nique à tour de rôle ; aller à la plage en toute fin de journée. Les enfants peuvent hurler et pisser dans le sable, mais ce n’est bien sûr pas pareil. Il faut aussi trouver un hôtel qui accepte les animaux de compagnie, mais ce n’est encore pas trop difficile.

La Normalitude implique également qu’on ait l’usage de ses deux jambes. Les vacanciers, qui se déplacent tous en voiture, stationnent très volontiers leur véhicule sur le trottoir. Bien obligé, il n’y a tout simplement pas assez de places de stationnement et les transports publics sont pour ainsi dire inexistants. Il y a bien une handiplage et une audio-plage (pour les non-voyants), mais à mon avis, les handicapés ne peuvent pas vraiment aller ailleurs, la ville n’étant pas du tout organisée pour eux. Même en étant valide, on doit constamment se faufiler entre les voitures et les poussettes.

Alors remercions le ciel d’avoir la possibilité physique et les moyens matériels de partir en vacances, car ce n’est pas donné à tout le monde.

Ze French petit-déjeuner

3 commentaires:

fireatheart a dit…

Par rapport à la population de vacanciers luziens, elle est particulièrement familiale et bourgeoise depuis longtemps. Le public branché se retrouvera plus généralement à Biarritz et ses environs.

Jos a dit…

St.Jean-de-luz je ne connaissais pas, juste de part le nom dans une chanson de Chardeau.
Donc un endroit sympa et tranquille où il fait bon de passer ses vacances.

Anonyme a dit…

Je reviens de Fouras-les-Bains, département de la Charente Maritime. Cette petite ville se trouve juste en face du très médiatique Fort Boyard.
La descrpition de St Jean fait un peu penser à l'ambiance fourasienne. Nous y étions les seuls suisses et il y avait très peu d'autres étrangers. L'endroit est en principe calme, mais cette année, il y avait trop de monde. Il fallait ruser, c'est à dire se lever tôt, pour pouvoir p.ex. visiter l'île d'Aix tranquillement.
Il y avait également énormément de familles.
Les parents emmènent les petits enfants vraiment partout. On assiste à des scènes de désespoir dans les restaurants, pendant les visites guidées de châteaux et les inévitables supermarchés.
Au fond, les chiens ont de la chance : ils ne sont pas obligés de s'adapter à des circonstances inconfortables pour eux !
Eeva

Enregistrer un commentaire