De façon générale, je préfère les comédies romantiques ou déjantées, les films ethno ou historiques, avec de beaux costumes, mais il m’arrive aussi parfois de regarder, à mon corps défendant, des "films de mecs", violents, avec des flingues, des dialogues grossiers et des poursuites en voiture.
C’est ainsi que je me suis attelée au visionnage de Deathproof de Quentin Tarantino, un réalisateur sans doute légèrement dérangé quoique talentueux. Et comme toujours, je dois reconnaître qu’un film peut être bon ou intéressant, en dépit de son côté un peu primaire, en l’occurrence une poursuite en voiture spectaculaire, qui se termine par une vengeance et une exécution des plus sommaires. Et moi qui ai signé la pétition de Roadcross 1) pour que les chauffards soient plus durement punis, j’avoue que je ressens une certaine sympathie pour ces furies vengeresses qui règlent son compte à Stuntman Mike. Ce personnage est un cascadeur un peu démodé, dont se moquent les jeunes rassemblés dans un bar et dont la voiture est deathproof, c’est-à-dire résistante à la mort. Parmi les suppléments du DVD, on peut voir un documentaire sur ces hommes et ces femmes qui bravent la mort dans des voitures équipées pour résister à tous les chocs. Certains d’entre eux sont même assez âgés. Comme quoi, on peut mourir en traversant la rue à pied et vieillir pépère en narguant professionnellement la mort.
Les cascadeurs et les interprètes ont ceci en commun qu’ils font un travail difficile et remarquable à plus d’un titre, mais ils le font dans l’ombre. Ce sont Kurt Russel & C° qu’on croit voir faire des tonneaux en voiture, alors que celui qui prend réellement des risques ne doit surtout pas se faire remarquer. Mon métier est considérablement moins dangereux, mais apparemment, on y fait aussi de très vieux os.
La dernière demi-heure de Deathproof est un véritable numéro d’acrobatie. Une femme cascadeuse, Zoë Bell, joue son propre rôle, autrement dit, elle n’est pas doublée dans ces scènes décoiffantes où on la voit sur le capot d’une voiture fonçant à plus de 100 à l’heure en se faisant cogner par celle de Stuntman Mike, qui s’amuse comme un petit fou. Mais comme le dit l’adage : rira bien qui rira le dernier.
Le film a une structure double, en deux épisodes : quatre filles, dont une black, une latino et une blondasse ; deux fois cette réplique : "Is Butterfly / Abernathy your real name ?" adressée à la latino ; des pieds qui sortent par la fenêtre arrière de la voiture ; une des filles qui doit offrir des faveurs sexuelles à un homme, parce que ses copines ont manigancé ça derrière son dos ; une poursuite en voiture dont l’issue sera fatale, mais pas pour les mêmes. Une ambiance seventies et un effet de copie pourrie (pellicule rayée et sauts dans le déroulement), mais les filles ont des téléphones mobiles et elles sortent pour fumer. Il s’agit clairement d'un hommage à la profession de cascadeur, qui reste invisible, mais sans laquelle ce film n’existerait tout simplement pas.
Au rayon des films violents, j’ai aussi vu Inglorious Basterds, Pulp Fiction, Fight Club, Nikita, Orange Mécanique, Robocop 1, Terminator 1, Rocky 1, Nightmare on Elm Street 1, Night of the Living Dead (l’original), Dawn of the Dead (le remake, la caissière m’avertissant qu’il s’agissait d’un film d’horreur !), ainsi que la parodie Shaun of the Dead… et j’en oublie certainement. Je les ai quasiment tous vus malgré moi, mais après coup, je n’ai pas regretté de m’être fait forcer la main. Le succès du genre me laisse toutefois perplexe, car je trouve qu’on y glorifie la revanche personnelle et la peine de mort. Personnellement, ma préférence va de loin à la fiction pacifiste, même si elle n’est pas forcément plus réaliste. Mais après tout, le cinéma est fait pour nous faire rêver et frissonner.
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1) http://www.roadcross.ch/
Un article intéressant: Quentin and the Women
http://glennkenny.premiere.com/blog/2007/10/quentin-and-the.html
2 commentaires:
Tu te focalises pas mal sur la violence dans les films, en stigmatisant les films d'action.
Or, pour moi, il n'y a pas "film d'action" et "non film d'action", mais plutôt "bons films" et "mauvais films", ainsi que, éventuellement, "films trop violents" et... les autres.
"Death Proof" se situe dans une zone grise: le film intéressant qui contient des scènes de violences excessives.
Ainsi, la fin que tu estimes plutôt sympathique m'a paru inacceptable. Elle cautionne une violence complètement excessive et spectacle.
Les 3 "furies" exécutent Mike non pas pour ce qu'il a fait (elles ne le savent pas) mais comme pur exutoire à l'adrénaline déchargée pendant la poursuite qui a précédé.
Le message aux (jeunes) spectateur est clair: bourrez-vous la gueule, conduisez vite et... défoulez-vous sur votre prochain.
Le samedi soir, je reste en général à la maison.
Justement, je suis plutôt réticente vis-à-vis de ce type de film car " car je trouve qu’on y glorifie la revanche personnelle et la peine de mort", comme je l'écris ci-dessus. On se réjouit que Stuntman Mike en prenne plein la gueule et c'est foncièrement malsain.
Je pense que les gens qui regardent ce genre de film en boucle perdent un peu leur sens moral. C'est ainsi qu'un adulte a tiré sur une jeune adolescente qui refusait ses avances. La jeune fille est actuellement dans le coma et le tireur risque la perpétuité. Deux vies de foutues...
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