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vendredi 14 mai 2010

De l'autre côté du miroir

Les interprètes de conférences assistent à de nombreuses réunions, mais toujours selon le même point de vue, celui des coulisses, et ne cessent de se plaindre du comportement des délégués. Mais que se passe-t-il lorsque l’interprète change de casquette et se retrouve à son tour dans le rôle du délégué, insupportable et indiscipliné ? C’est ce qui arrive lors de chaque Assemblée de l’aiic (1) , comme ce fut le cas récemment à Nice, du 8 au 11 janvier 2009. Ce sont alors les procès-verbalistes qui assistent, avec patience et indulgence, aux échanges dans la salle.

Nos délégués ne commencent jamais leur réunions à l’heure. Les interprètes sont prêts, en cabine, sachant bien que la réunion ne commencera pas à l’heure dite. A l’Assemblée, les procès-verbalistes sont prêts, à l’heure, et attendent patiemment que les délibérations commencent. Les pauses-café de nos délégués, prévues pour 15 minutes, s’éternisent de façon systématique. Croyez-vous que les interprètes fassent autrement ? Que nenni ! Car chez eux aussi, les pauses-café servent à nouer des contacts, à trouver un candidat au poste de trésorier ou à faire circuler des consignes de vote. La journée ayant commencé avec du retard et les pauses-café ayant duré plus longtemps que prévu, oh ! surprise, la journée déborde au-delà de 18h. Et voilà que nous sommes infiniment reconnaissants aux procès-verbalistes qui ont la bonté de faire un geste !

Lors des Assemblées de l’aiic, les interprètes de cabine française et anglaise (les deux langues officielles de l’aiic) travaillent en cabine à tour de rôle, à titre bénévole évidemment, pour les collègues qui ne maîtriseraient pas l’une ou l’autre langue. Les interprètes-orateurs n’ont aucun scrupule à lire à la vitesse grand V l’article 4 des statuts ou tout autre extrait d’un texte que les interprètes n’ont pas (les procès-verbalistes non plus, mais à eux, au moins, il est utile de leur apporter le texte après l’intervention). Les téléphones mobiles sonnent de façon intempestive, comme dans toutes les réunions. De nos jours, les interprètes sont de véritables geeks : où que l’on regarde, ce ne sont que iPhones, netbooks, ordinateurs portables, téléphones mobiles avec pianotage de SMS, certains parviennent même, tels Vishnou, à alimenter le blog de l’extranet de l’aiic, tout en écoutant les débats ! Et pendant que certains lisent leurs mails, ce sont toujours les mêmes qui prennent la parole !

Une différence toutefois avec les réunions dans lesquelles nous travaillons, c’est qu’à l’Assemblée, nous suivons les discussions en continu et non pas une demi-heure sur deux, d’où une certaine fatigue. L’interprète qui travaille peut, une demi-heure sur deux, aller rejoindre la lumière du soleil et prendre un bol d’air, le délégué qui suit les débats ne le peut pas. Car – tous les centres de conférences le prouvent – les architectes ont horreur des fenêtres et de tout ce qui pourrait ressembler à de la lumière. Au terme d’une journée de débats dans le noir, on est véritablement épuisé ! Toutefois, en tant que délégué, on peut aussi se permettre de se mettre en mode snooze et n’écouter qu’à moitié, voire piquer un petit roupillon (ou aller faire du shopping – et voir la lumière du jour!).

Assister à une Assemblée de l’aiic est intéressant à plus d’un titre, mais cela devrait surtout nous apprendre à être un peu plus compréhensifs et tolérants envers nos chers délégués, car nous ne faisons guère mieux !

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(1) Association Internationale des Interprètes de Conférences www.aiic.net

Texte paru dans la revue Hieronymus (mars 2009), www.astti.ch


Commençons par le commencement


Ma mère


Mon père (à gauche, †2009), probablement 10-12 ans après la fin de la Deuxième Guerre Mondiale

ma soeur



Ma grand-mère Alviina, en Finlande


... et moi :-)