![]() |
Suricates |
Le Bioparc est un parc animalier créé en 1991 par Pierre Challandes, passionné d’animaux depuis sa plus tendre enfance. Il a passé sa vie à sauver toutes sortes de bêtes qu’il a soignées, puis hébergées jusqu’à créer une véritable institution. Le parc Challandes s’appelle dorénavant Bioparc et il est géré par toute une équipe de professionnels et de bénévoles, sous la houlette du vétérinaire Tobias Blaha. Il convient de préciser qu’il ne s’agit pas d’un zoo, mais d’un refuge et d’un lieu de sauvetage pour des animaux saisis à la douane - les gens reviennent de vacances avec des singes, des oiseaux ou des tortues - ou encore chez des particuliers, qui ne savent pas qu’il est interdit de détenir des animaux sauvages chez soi. En effet, les perroquets si beaux sont bruyants et les singes si mignons sont salissants et destructeurs. Ces pauvres créatures ramenées comme souvenir sont privées de leur vie en liberté dans la nature. Lorsqu’un animal n’a pas appris à se nourrir tout seul et qu’il fait trop confiance à l’humain, il n’y a plus de retour en arrière. Le Bioparc a pour rôle non seulement de prendre en charge ces animaux sauvages, dont le parcours de vie a été brisé, mais aussi de contribuer à la conservation des espèces menacées, grâce à des collaborations avec d’autres parcs animaliers, notamment pour des accouplements entre individus en voie d’extinction.
Le premier animal qui retiendra votre attention est un écureuil bien de chez nous, qui tourne en rond dans sa cage. Une dame l’a trouvé tout bébé et, pensant bien faire, l’a recueilli chez elle, le soignant et le nourrissant. Elle l’a gardé comme animal de compagnie, comme si c’était un chat ou un hamster jusqu’au jour où son Gégé lui a été confisqué. Il partage dorénavant une cage avec des tamia (chipmunk en anglais), qui ne sont pas indigènes chez nous. Ils ont probablement été importés par des personnes revenant des Etats-Unis qui, ne sachant ou ne voulant plus s’en occuper, les ont simplement relâchés dans des parcs.
Les visiteurs sont ensuite accueillis par Aldo, un perroquet de plus de 60 ans, juché sur son perchoir. Il est vivement recommandé de résister à la tentation de le caresser, au risque de gagner un sparadrap ! En revanche, deux gentilles oies blanches en début de parcours se laisseraient toucher.
On peut voir des poules appenzelloises huppées et des ibis chauves, deux races indigènes en voie de disparition, mais que l’on cherche à réintroduire. Les poules appenzelloises résistent très bien aux grands froids, mais leurs œufs sont trop petits pour être intéressants d’un point de vue commercial. Quant aux ibis chauves, ils ont souffert d’avoir été considérés comme étant trop moches et parce que leur long bec ressemble au masque pointu que portaient les médecins à l’époque de la peste. Espérons que les mentalités changeront suffisamment pour permettre à ces belles créatures de retrouver le droit d’exister. Un projet encourage les ibis à retrouver leur vie d’oiseaux migrateurs, ils sont ainsi équipés de balises pour qu’on puisse suivre leur parcours. Certains se perdent, certains reviennent, d’autres restent en Afrique …. Cela prendra sans doute encore un certain temps avant que ces oiseaux ne retrouvent leur vie d’avant.
Lémurien |
Viennent ensuite les adorables lémuriens, dorénavant une grande famille, qui se blottissent contre le froid, bien serrés les uns contres les autres, entourés de leurs longues queues rayées, formant des ensembles d’une grâce exquise. D’autres individus bondissent de branche en branche, tels des hybrides entre singe et chat. Dans deux enclos voisins, on trouve deux fossas, de grands chats au pelage couleur caramel, avec une tête de chien, un mâle et une femelle qui doivent être séparés, car autrement ils s’entretueraient. Il n’y a que trois jours environ dans l’année au cours desquels un accouplement serait envisageable sans effusion de sang…. reste à savoir lesquels ! Le fossa étant en voie d’extinction, le Bioparc aimerait beaucoup réussir à les faire se reproduire. La mère restant avec ses petits pendant une année, il faudrait alors les transférer à Madagascar, dans l’espoir de leur permettre de retourner à la vie sauvage. Ce n’est que là-bas qu’on trouve des fossas et des lémuriens.
Les suricates ont aussi une histoire intéressante. Endémiques à l’Afrique du Sud, ils vivent en troupeau, guettant l’ennemi en se tenant debout sur leurs petites pattes. Un de ces individus a été saisi chez un particulier qui le détenait comme un chat d’appartement. Billy - c’est son nom - a désormais trouvé des copains de son espèce, avec lesquels il peut creuser des galeries dans le sable de leur enclos. Il est bien sûr triste de vivre enfermé et loin de son pays, mais au moins, Billy n'est plus seul et a une vie un peu plus proche de ce qu’elle devrait être. Il lui serait impossible de retrouver la liberté, car il est bien trop imprégné de l’homme. Une nouvelle génération de suricates est née en 2024, signe que ces adorables petites bêtes se portent bien.
Un majestueux pygargue à tête blanche - l’aigle emblème des Etats-Unis - vous contemple du haut de sa branche. Il est apprivoisé et, pendant le confinement dû au Covid, il a pu voler en liberté. Ce n’est malheureusement plus possible, car bien trop dangereux, le Bioparc étant littéralement sous la voie d’approche des avions arrivant à Cointrin. Un déménagement sur un nouveau site, plus grand, plus beau, est prévu pour 2029, à Thônex (Belle-Idée). Ce nouveau lieu s’annonce magnifique.
![]() |
Fossa |
Viennent ensuite les deux lynx Max & Moritz. Encore une histoire triste : un monsieur gardait ces deux félins chez lui, dans un enclos bien trop petit pour eux. En outre, les lynx sont solitaires, jamais un père et son fils ne vivraient ensemble dans la nature. Ils sont pourtant devenus inséparables, solidaires dans leur vie artificielle, qui les prive de chasse dans de grands espaces…. Quand l’un deux mourra, l’autre le suivra certainement très vite, car il ne pourra sans doute pas supporter de vivre seul. Le Bioparc abrite également un raton laveur, ainsi qu’un raton crabier, son équivalent sud-américain. Les invendus de chez Coop sont récupérés pour nourrir les animaux et c’est ainsi que les ratons mangent des huîtres pendant la période des fêtes !
Il y a encore le chat savannah, qui est un croisement artificiel entre un serval (chat sauvage africain) et un chat domestique. Ce sont certes de belles créatures, mais aussi des caprices d’humains qui se prennent pour dieu. En Suisse, ce genre de croisement contre nature est interdit (article 86 de l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn)) et il est également interdit de détenir de telles bêtes, à moins d’avoir un permis spécial, qui atteste des compétences nécessaires pour s’occuper d’un animal sauvage.
On peut encore voir un serval, un hibou grand-duc et des harfangs des neiges (Hedwige dans Harry Potter), entr’apercevoir des ratons laveurs qui dorment. Un peu plus loin, des wallabys - dont un albinos - et trois chameaux. A noter que les chameaux n’ont de dents que sur la mâchoire inférieure, tout comme les chèvres qui partagent leur enclos - est-ce pour cela qu’ils cohabitent harmonieusement ? Les chameaux (2 bosses) vivent en Asie, alors que les dromadaires (1 bosse) vivent en Afrique. Cela est dû aux différences climatiques entre les deux continents et aucune inversion n’est possible (à moins qu’on ne soit dans un zoo). A noter que les fœtus de dromadaires ont deux bosses, qui finissent par fusionner à la naissance.
On peut ensuite découvrir le muntjac, un cervidé endémique à la Chine et à Taïwan. Le mâle perd ses cornes après l’accouplement, tout comme le paon qui perd, lui aussi, ses belles plumes lorsqu’il n’a plus besoin de séduire.
Le Bioparc pratique la zoothérapie ou Intervention Assistée par l’Animal (IAA) avec des lapins, des chameaux ou encore les chèvres du cirque Knie (qui n’a plus du tout d’animaux, à l’exception des chevaux). Ces chèvres ont totalement l’habitude du bruit, des mouvements brusques et du contact avec l’humain, elles aiment être au centre de l’attention et sont donc extrêmement bien adaptées à cette tâche. Une école pour autistes, située juste à côté du Bioparc, profite de ces séances d’IAA, tout comme certains EMS, dont les résidents viennent en visite pour échanger avec les chameaux ou des lapins.
Enfin, lorsqu’on a déjà les yeux plein de découvertes, il reste encore tout le coin des oiseaux à voir, avec des perruches, des aras, des martins chasseurs, des perroquets aux couleurs vives. A entendre les cris qu’ils poussent, on comprend bien que ce n’est pas un animal de compagnie très commode, surtout en ces temps de télétravail.
Le Bioparc soigne régulièrement des hérissons et des renards, qui sont relâchés dans la nature dès que possible. Tous les animaux retournent à leur milieu naturel pour autant que leur état le leur permette. Deux chatons sylvestres ont été recueillis par le parc. Personne ne peut les voir, afin qu’ils restent sauvages et puissent retrouver la forêt quand ils seront assez grands.
![]() |
Janus, la tortue bicéphale |
Enfin, dans une catégorie à part, il y a Janus, la tortue bicéphale qui réside normalement au Musée d’histoire naturelle (actuellement en travaux). Janus est siamois jusqu’au nombril, autrement dit, il a deux têtes, deux cœurs, quatre poumons, deux estomacs, mais un seul intestin, une seule vessie. Il ne pourrait évidemment jamais survivre dans la nature, ne serait-ce que parce qu’il n’a pas la place de rentrer ses deux têtes dans sa carapace, pauvre bête…..
Le Bioparc ne reçoit aucune subvention et parvient à tourner grâce aux dons et à quelques sponsors. On peut les soutenir en achetant quelques babioles dans leur boutique : porte-clés, vins, t-shirts, plumes de paon, peluches ….. On peut également parrainer un animal ou réserver un créneau de nourrissage de lémuriens ou de promenade de cochons kune kune en laisse. Les enfants peuvent y fêter leur anniversaire.
Le parc est ouvert tous les jours et la visite est dorénavant réservée aux membres, avec la possibilité de devenir membre d’un jour (10,-).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire