La Fondation Baur, sise à la rue Munier-Romilly à Genève, regroupe une imposante collection d’art d’extrême-orient. On y trouve essentiellement des objets de Chine et du Japon.
Alfred Baur est né en 1865 à Andelfingen, dans le canton de Zurich. A cette époque - on a tendance à l’oublier - la Suisse était un pays pauvre et ses habitants devaient souvent s’exiler pour survivre. C’est ainsi qu’Alfred Baur est parti pour Ceylan (Sri Lanka) pour chercher un sort meilleur. Il y a fait pousser des noix de coco et, pour améliorer sa production, il s’est mis à leur chercher des engrais. C’est ainsi qu’est née la compagnie Baur & C° (https://www.baurs.com/about-us/) qui a fait sa fortune et qui existe encore de nos jours.
Au cours de ses voyages dans cette partie du globe, il s’est passionné pour les arts orientaux. Sa collection est considérée comme l’une des plus belles en Europe à l’heure actuelle. A l’époque du séjour de Baur à Ceylan, le Japon et la Chine étaient très à la mode et suscitaient beaucoup d’intérêt. Ne parlant aucune langue orientale, il a pu compter sur l’aide précieuse de Tomita Kumasaku, un expert japonais qui lui servait d’intermédiaire et de traducteur.
A l’étage consacré au Japon, on peut voir toutes sortes d’objets extrêmement fins et subtils, aussi beaux qu’étranges : des sabres et des gardes sabre (tsubas), des netsuke, des boîtes laquées, des pinceaux en cheveux de femme, des pipes, des estampes, un énorme paravent magnifique, des boîtes à thé, des vases et des plats en porcelaine. On y découvre également le concept du wabi-sabi, à savoir la beauté de l’imperfection, la grâce d’une fêlure, l’émoi que provoque un craquèlement. Il est frappant de constater à quel point les échanges et les voyages étaient fréquents à l’époque. Alfred Baur était très déterminé et d’une patience infinie lorsqu’il s’agissant d’acquérir telle ou telle pièce exceptionnelle.
L’art japonais et chinois se sont influencés mutuellement, suite à de nombreux contacts et échanges entre ces deux cultures. La production de céramique en Chine remonte au 5ème millénaire avant J-C. Céramique est le terme générique englobant des objets en argile cuite, tels que faïence et porcelaine. Le grès résulte d’une argile riche en silice, cuite à très haute température. La porcelaine, quant à elle, doit ses qualités, sa finesse et sa beauté au kaolin, une argile blanche, friable et réfractaire, composée essentiellement de silicates d’aluminium. Un important gisement a été découvert à Jingdezhen, dans la province de Jiangxi, et ce lieu était le centre de la production impériale dès 1004. Sa production est longtemps restée confinée à la Chine et sa recette un secret bien gardé. Du kaolin a toutefois été découvert à Meissen (Allemagne) en 1709, puis à Limoges (France), ce qui a permis à ces deux villes de devenir d’importants producteurs de porcelaine en Europe. Le musée expose également des céladons, nés d’un accident de cuisson, ainsi que des objets en jade d’une finesse extraordinaire. Les porcelaines aux motifs blancs et bleus ont connu leur apogée au cours de la dynastie Ming (1368-1544). Les faïences de Delft et les azulejos ibériques tirent certes leur origine de ces céramiques d’extrême-orient, mais il s’agissait au départ d’une production destinée aux marchés moyen-orientaux, amateurs de ces motifs bleus et blancs. Comme quoi la beauté naît des échanges pacifiques entre cultures parfois très éloignées.
Peu avant sa mort, Alfred Baur fit l’acquisition de l’hôtel particulier qui abrite le musée de la Fondation. Aujourd’hui, le public peut non seulement visiter les collections, mais aussi participer à toutes sortes d’activités culturelles : cérémonie du thé, atelier de dessin ou de haïku, visites thématiques et conférences. En cette année 2024, la Fondation fête son 60ème anniversaire. Pour célébrer cette date, l’accès au musée est libre tous les samedis ! Qu’on se le dise !
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Jardin japonais à la Fondation Baur |
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