lundi 19 avril 2021

J’habite une rue de femme


En 2019, le Canton de Genève a décidé de frapper un grand coup en faveur de l’égalité entre hommes et femmes, une thématique d’une grande actualité, à peine éclipsée par la pandémie de la Covid-19. Des mesures ont-elles été prises pour faciliter la garde d’enfants, afin que les femmes puissent travailler sans devoir cumuler des doubles journées ? A-t-on décidé de soutenir et de soulager les proches-aidants, qui sont quasi-exclusivement des proches-aidantEs, afin de leur épargner épuisement et burn-out ? A-t-on décidé d’imposer l’égalité salariale ? Oh que non, on a fait bien mieux que ça : on a rebaptisé dix rues pour leur attribuer le nom d’une femme. Et ce n’est qu’un début, il est question de renommer 100 rues au total, de quoi déboussoler tout le monde. À une époque où nous sommes tous en manque de repères, où les budgets publics sont saignés à blanc à cause de la pandémie, où les restaurants, petits commerces et artistes sont à genoux, l’Etat juge opportun de gloser sur le sexe des rues…..

C’est ainsi que depuis le 1er mars 2020, la place de Chevelu s’appelle place Ruth Bösiger. Une illustre inconnue, au nom très laid (elle n’y peut rien, la pauvre….) dont le mérite pour passer à la postérité est d’avoir été vendeuse. Oui mais attention : vendeuse anarchiste ! Les bras m’en tombent…. Un peu plus loin, il est proposé de rebaptiser la rue des Etuves : Rue Cécile-Biéler-Butticaz. C’est simple, facile à retenir, facile à épeler pour le chauffeur de taxi qui doit venir vous chercher. Et qu’a fait cette délicieuse personne pour avoir une rue à son nom ? Elle était ingénieure. Ingénieure en quoi, on ne le saura pas, mais on félicitera cette représentante du sexe faible d’avoir réussi à occuper un métier généralement perçu comme masculin. Pourrait-on imagine l’inverse ? Un homme aurait-il droit à une rue à son nom parce qu’il était jardinier d’enfant  ou infirmier ? D’autres nouveaux noms de rue sont : les Trois-Blanchisseuses, une directrice de musée, une cheffe d’un service de  

sténographie. Parmi les « plaques roses », c-à-d les projets de changement qui ne sont pas encore officiels, il y a de nombreuses candidates à une élection, des noms à coucher dehors comme Marie Goegg-Pouchoulin, militante féministe et fondatrice du
Journal des femmes, Eva Evdokimova, danseuse étoile états-unienne dont le seul lien avec la ville de Genève est qu’elle y est née; Marie-Sidonia de Lenoncourt, une aventurière et héritière dont je peine à comprendre le lien avec Genève; Mary Wollstonecraft Godwin, qu’il serait bien plus simple d’appeler Mary Shelley, le nom par lequel elle est connue pour être l’auteur de Frankenstein, mais évidemment, on ne va pas lui donner le nom d’un homme….; deux prostituées, Grisélidis Réal et Anna S. qui s’est suicidée en se jetant par la fenêtre d’une maison close. Voilà qui mérite clairement une rue à son nom… On notera également que 2% des femmes ainsi honorées sont des putes.

Pourquoi remplacer un peintre par une musicienne ?
Des ouvrières, des péripatéticiennes, des vendeuses anarchistes, des personnes qui sont nées ou décédées à Genève ou alors qui y ont fait un bref séjour, quel palmarès ! Il y a évidemment une bonne raison à cela : autrefois, les femmes ne pouvaient pas être écrivain, artiste, chercheur, mathématiciennes, pilote d’avion, athlète …. Certaines y sont certes parvenues, soit parce qu’elles ont eu la chance de naître dans une famille ou un milieu plus tolérant et libéral, soit parce qu’elles étaient dotées d’une personnalité hors normes. Il me semble que cet exercice un peu vain ne fait que souligner l’absence des femmes parmi les grands noms de l’histoire et je ne pense pas que ce soit vraiment constructif ni favorable à la cause féministe. En outre, c’est là le résultat des revendication d’une minorité d’excitées qui pensent ainsi changer la face du monde. Sur la page Facebook Ville de Genève Officiel, il n’y a que des commentaires outragés, choqués par ce gaspillage des deniers publics et qui disent véhémentement que c’est parfaitement débile. Parmi les voix critiques, il y a également des femmes. 



Le féminisme prend actuellement une tournure vraiment hystérique, c’est bien le cas de le dire. Les hommes affirment d’ailleurs ouvertement qu’ils ne peuvent plus rien dire, le simple fait d’être mâle les disqualifie d’office, tout comme le fait d’être blanc, ce qui n’est même pas pertinent en l’espèce, puisque les cultures non-occidentales sont bien plus patriarcales et machistes. Une paroi violette, couleur de la Grève des Femmes, portant le titre « Quelle est ta colère » sert d’exutoire aux femmes brimées de Genève. On peut y lire des jérémiades telles que « le non-remboursement de la pilule » ou encore « on ne me demande pas de goûter le vin ». Ciel, dans quel monde machiste vivons-nous ! Ces pauvre chéries ne se doutent pas qu’il fût un temps où la pilule n’existait même pas et qu’il fallait être mariée pour l’obtenir une fois qu’elle existait. Et il n’y a qu’à se proposer de goûter le vin, c’est ta faute si tu t’entoures de machos, ma cocotte ! En Afrique, les femmes n’ont pas ce genre de problèmes. 



La ville de Berlin a voulu harmoniser les feux pour piétons, c-à-d supprimer les petits bonshommes (Oh ! Encore des hommes !) verts et rouges de Berlin-Est, pour les remplacer par le modèle dominant, celui de Berlin-Ouest. Cela a provoqué une levée de bouclier et des actions citoyennes. J’espère que les citoyen·x·nes de notre bonne ville de Genève se soulèveront comme une seule femme pour que nous puissions garder les noms de rues que nous connaissons tous·x·tes (je crois que c’est comme ça qu’on doit écrire pour parvenir à l’égalité entre les sexes).


A noter que, suite à l’invitation du Département du Territoire à leur adresser des questions, j’ai eu droit à une réponse personnalisée du Conseiller d’Etat compétent en la matière : 




https://www.geneve.ch/fr/actualites/ville-geneve-feminise-noms-rues


https://www.geneve.ch/sites/default/files/2020-08/la-ville-de-geneve-feminise-10-noms-de-rue-2020-communique-de-presse.pdf


https://www.geneve.ch/fr/actualites/dossiers-information/objectif-zero-sexisme-ville/espace-public/noms?fbclid=IwAR1VyjPAGyzfwQig7DZJWh_f4JRNVlgaJrOWeLZkYGlx_bO2ZHFTxxogewI


https://www.ghi.ch/le-journal/geneve/la-feminisation-des-rues-sinvite-dans-les-municipales


https://100elles.ch


https://www.ghi.ch/le-journal/geneve/noms-de-rues-femmes-vous-aime 


https://plr-villedegeneve.ch/2020/02/feminiser-les-noms-des-rues-a-geneve-ou-les-dernieres-frasques-de-salerno/ 


Ne vaudrait-il pas mieux jouer les œuvres de cette femme pour la faire connaître ?


Voici un texte de la journaliste Anne Cendre, qui décrit les dix femmes dont les noms figurent dorénavant parmi les rues de Genève

https://annecendre.blog.tdg.ch/archive/2021/06/07/baptemes-de-rues-315718.html#c586046


1 commentaire:

fireatheart a dit…

Tout ça n'est pas complètement faux. Surtout l'utilisation de biens publics en période de crise juste pour renommer des rues.

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