lundi 3 janvier 2011

Un voyage dans les îles (3) – Malte et Gozo

La Valette

Tout comme les îles anglo-normandes, Malte est le genre d’endroit auquel on ne pense jamais et que tout le monde ignore. Pourtant, c’est encore l’Europe, c’est même l’Union européenne depuis 2004 et c’est une destination qui m’intriguait depuis fort longtemps. Mes amis et connaissances sont unanimes pour dire que c’est très moche, mais je voulais me faire une idée par moi-même, car j’avais de la peine à croire qu’une île au carrefour des civilisations, un creuset des cultures anglaise, italienne et arabe, avec un petit fond de français puisse être sans intérêt. Je dois reconnaître que, où que l’on regarde, c’est en effet très inesthétique, mais cet endroit est malgré tout très attachant.


On sent bien qu’on est dans un pays du sud de l’Europe, qui n’est toutefois ni l’Italie ni l’Espagne. Les gens d’ici ne sont pas de type méditerranéen, ce sont juste des "européens très ordinaires". La cuisine maltaise est aussi assez indéfinie, mais on ne mange pas trop mal. Les spaghettis à la sauce au lapin semblent être une spécialité locale et, ma foi, ce n’est pas mauvais du tout. Les ftiras sont à mi-chemin entre les paninis et les rissoles. On ne voit ni ânes ni chèvres ni autres troupeaux, pas d’oliveraies non plus. La langue semble être un dialecte arabe, mais le pays est plus catholique que le Vatican. Il y aurait 365 églises sur un territoire de 316 km2 et un saint ou une madone trône quasiment à chaque coin de rue. L’immobilier anarchique fait quant à lui penser à un pays du tiers monde, ou à la rigueur aux banlieues soviétiques.





Le temps semble s’être arrêté à Malte. Même dans la capitale, La Valette, on voit des boutiques et des échoppes d’un autre âge, de petites épiceries qui ne vendent que quelques légumes et trois boîtes de conserves. Les boutiques de souvenirs vendent le genre de marchandise qu’on trouvait dans les années soixante. L’île est spécialisée dans le tourisme de masse, mais le touriste individuel doit se débrouiller avec les bus locaux, dont les horaires ou les destinations ne sont affichés nulle part. Sinon, les bus Hop On, Hop Off offrent une bonne solution, bien qu’un peu éprouvante : deux circuits, sud et nord, qui permettent de descendre dans différents lieux d’intérêt, visiter en une heure et prendre le bus suivant. Les sites se visitent en général en dix minutes, alors on s’occupe comme on peut pendant les 50 minutes restantes. L’hypogée Hal Saflieni, qui est, semble-t-il, un must absolu, classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, se visite sur réservation et affiche complet pour les dix jours à venir. On se rabat alors sur les temples de Tarxien, où l’on voit quelques grandes pierres dressées en cercle dont on nous dit que ce sont les murs d’un temple très très ancien. Ah bon. On en fait le tour en trois minutes et demie. On va ensuite jeter un coup d’œil à la belle église monumentale qui domine chaque village et voilà qu’il est déjà temps de retourner attendre le bus.
Le dôme de Mosta

On entend beaucoup parler italien, non seulement parce qu’il y a beaucoup de touristes qui s’écrient Guarda che bello! Prendi la foto! à tout bout de champ, mais aussi parce que les Maltais semblent parler cette langue aussi couramment que l’anglais. L’influence britannique semble se limiter au modèle de boîtes aux lettres – les cabines téléphoniques ont disparu depuis bien longtemps – je n’ai pas vu un seul fish and chips, ni même de pub à l’anglaise. Le reine Victoria trône toutefois sur Republic Square et a donné son nom à la principale ville de Gozo.

Une ambiance étrange plane sur La Valette, la capitale de Malte. Une petite ville bâtie sur une péninsule, aux rues formant un quadrillage régulier et dont les dimensions sont limitées par la mer qui l’encadre de tous les côtés. Tous les immeubles sont anciens, beaucoup sont abandonnés et tombent visiblement en ruines. Seule Republic Street bouillonne de vie et de monde, on y trouve les incontournables Swarovski et The Body Shop. Mais il suffit de partir dans une rue perpendiculaire et on se retrouve dans une sorte de décor de théâtre, formé de néant et de silence. Un beau jour, ces immeubles morts vont forcément s’effondrer et alors quoi ? Vont-ils les remplacer par ces buildings sans âme qui défigurent déjà tout le reste du paysage ?







Quiconque pense que la religion chrétienne, et surtout catholique, serait en déclin n’a qu’à venir à Malte et à Gozo pour être convaincu du contraire. En cette période de Noël, Jésus, Marie et Joseph sont omniprésents. Les gens installent des crèches avec des lumières clignotantes dans leurs fenêtres. Les églises ne chôment pas, il y a une messe le soir du 31 décembre, il y en a une autre l’après-midi du Jour de l’an. Quasiment chaque maison a une petite vierge ou une autre figure sainte sur sa façade. Quelques exemples tirés d’une petite brochure What’s on in Gozo :

- Bethlehem f’Ghajnsielem 2010 : une reconstitution du village de la Nativité, avec une crèche grandeur nature et 150 acteurs, qui a attiré des dizaines de milliers de Maltais;
- Une autre crèche grandeur nature, à la Citadelle de Victoria
- Exposition annuelle de crèches
- De la naissance à l’enfance : un point de vue chrétien
- Le 24 décembre: procession traditionnelle avec la statue de l’enfant Jésus
- Xaghra Crèche By Night
- Crèche artistique par Aaron Agius
- Fête traditionnelle de l’Immaculée Conception
- Fête traditionnelle du martyre de Sainte Lucie
- les Chippendales ne sont pas à l’affiche
Et partout, des panneaux annonçant des Presepju, autrement dit, des crèches. C’est probablement pareil à Pâques et encore pire à l’Assomption.



La semaine entre Noël et Nouvel An est considérée comme haute saison, mais il n’y a pas trop de monde et la température est agréable (14 à 16 degrés, du soleil, un peu de fraîcheur, pull chaud et veste imperméable recommandés). Les Maltais sont absolument charmants, courtois et gentils et on a l’impression que la criminalité est inexistante, ce qui est un changement bienvenu. J’avais oublié comment c’était de ne pas être constamment sur mes gardes. Il ne faut pas venir à Malte pour y dénicher la huitième merveille du monde ou le plaisir des yeux. Qu’importe l’architecture chaotique et immonde : le soleil brille, on mange bien, on se sent à l’aise et les gens sont agréables. Que demander de plus !

C’est décidé : je reviendrai à Malte !










http://www.visitmalta.com/
http://www.airmalta.com/
www.maltasightseeing.com/aboutmalta.html

www.gozochannel.com
Voir aussi : Un voyage dans les îles 1 et 2 – Guernesey et Jersey
http://tiina-gva.blogspot.com/2010/08/voyage-dans-les-iles.html
http://tiina-gva.blogspot.com/2010/08/un-voyage-dans-les-iles-jersey.html

4 commentaires:

Tiina a dit…

Voici un autre témoignage enthousiaste:
http://tastinglife-julia.blogspot.com/2006/08/kinnie-and-ftiras.html

Mince.... j'ai déjà envie d'y retourner pour voir et goûter tout ce que je n'ai pas eu le temps de découvrir!

Anonyme a dit…

Malte était mon premier voyage loin de chez nous avec Robert ; j'en garde un souvenir inoubliable, les bus (on n'avait pas encore l'âge de louer une voiture), les bateaux typiques, ses pierres volcaniques, un vent de liberté, ni europe, ni afrique, bien au contraire : juste Malte ! Merci Tiina de m'avoir fait revivre mon aventure.... 30 ans après ! Isabelle

Marielle a dit…

Je trouve Malte très jolie, j'ai beaucoup apprécié comme par exemple les temples mégalithiques : http://www.partirdemain.com/visiter/temples-megalithiques-2053.htm. J'ai trouvé ça atypique, j'ai un bon souvenir de cette visite.

Malte a dit…

Excellent, merci d'avoir partagé cette expérience sur ce blog. ça donne envie d'y aller :

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