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vendredi 11 août 2017

Le canal de Panama




A man, a plan, a canal : Panama ! *)

De nos jours, le canal de Panama semble être une évidence et pourtant, il n'existe que grâce à la ténacité et à l'obstination d'un grand nombre d'hommes du monde entier. Actuellement, le Nicaragua, avec l’aide de la Chine, envisage de creuser son propre canal pour tenter de concurrencer celui de Panama, visant les juteux revenus de péage qu'un tel ouvrage permettrait de dégager. Les travaux ont d’ailleurs déjà commencé. Ce sera toutefois un chantier aussi titanesque que celui de Panama, les coûts seront pharamineux et l’ouvrage est loin d’être terminé….. 

L'idée d'un canal transocéanique germe déjà dans l'esprit des conquistadors espagnols. Un dénommé Vasco Nuñez de Balboa était le premier à découvrir la côte Pacifique, au sud de l’isthme, en 1513. Dès l'année suivante, la Couronne d'Espagne charge le gouverneur qui a fondé la ville de Panama d'explorer la possibilité d'un passage naturel entre les deux océans. Un Chemin Royal permettra d'abord le transport de marchandises entre le nord et le sud - le Panama s'étendant d'est en ouest, le futur canal suivra par conséquent un tracé nord-sud. Enfin, dès 1527, le fleuve Chagres, le Chemin Royal et le Chemin de Cruces offrent un premier tracé reliant la "mer du nord" à la " mer du sud", à moitié sur la terre, à moitié le long du fleuve.   

C'est Charles Quint qui, le premier, eut l'idée d'ouvrir une voie navigable à travers l'isthme. Le royaume d'Espagne avait même déjà eu l'idée de percer un canal à travers ce qui deviendra le Nicaragua, où la présence d'un lac devait faciliter la chose. À l'époque, il n'y avait évidemment pas de militants écologistes pour s'opposer à un tel projet, contrairement à aujourd'hui. L'idée a fait son chemin au fil des siècles. Alexandre von Humboldt a tracé neuf routes possibles pour un canal.
La région de Panama faisait partie de la Colombie au XIXème siècle. Dès 1852, la Colombie accorde une concession à des entrepreneurs américains pour la construction d'un chemin de fer; en 1878, c'est une société française qui obtient une concession sur 99 ans, afin de construire un canal dans l'isthme de Panama. 
 
La première traversée

La route par le Cap Horn étant longue et dangereuse, le besoin de bâtir un canal à Panama devient de plus en plus impérieux. Ferdinand de Lesseps était devenu célèbre et réputé depuis la construction du canal de Suez (1859-1869), il était donc l’homme tout trouvé pour ce projet ambitieux et téméraire. En effet, non seulement la région est susceptible de subir des tremblements de terre, mais son climat tropical était un obstacle majeur à la réalisation du projet. Un peu comme avec la malédiction de la Grande Pyramide, quasiment toute personne participant à la construction du canal risquait d’y perdre la vie, des suites du paludisme ou de la fièvre jaune. 

Des micro-organismes, virus et parasites, tous deux transmis par les moustiques, ont failli empêcher la construction du canal. C’était sans compter, là aussi, sur l’engagement de plusieurs esprits scientifiques  : entre ceux qui ont découvert l’agent pathogène, ceux qui ont découvert son mode de transmission (les moustiques) et enfin, ceux qui ont découvert le vaccin et les moyens d’éliminer la prolifération des moustiques…. Il a fallu des années et beaucoup de morts pour vaincre ces deux maladies, sans quoi, le Canal de Panama serait resté au stade de chimère impossible à réaliser.

LesEspagnols, les Portugais, les Ecossais, les Allemands, les Français…… tous s’y sont cassé les dents et des milliers d’ouvriers et d’ingénieurs y ont perdu la vie (choléra, paludisme, fièvre jaune, dengue). De plus, les Français se sont empêtrés dans le Scandale de Panama, Ferdinand de Lesseps a été condamné à la prison, le financement de ce projet titanesque ayant échoué de façon calamiteuse. Un chemin de fer traversant le Panama de part en part a également été construit au prix de 12.000 vies. Finalement, ce sont les Américains qui ont repris les tranchées construites et abandonnées par les Français. Ce sont eux qui ont achevé, en 1914, cet immense chantier, auquel tant de personnes ont contribué. Faut-il dès lors s’étonner qu’ils aient obtenu une concession et le droit d’exploitation de l’ouvrage ? 



Toutefois, suite à un référendum organisé au Panama (1977), le canal revient à la république du Panama le 1er janvier 2000. Tant que le canal était aux mains des Américains, le péage ne servait qu’à couvrir les frais d’exploitation. Le Panama, quant à lui, a choisi d’en tirer le profit maximum, faisant payer très cher le passage des navires. Cependant, le pays comporte encore beaucoup de pauvreté, en dépit de cette importante source de richesse. En 2016, le canal a été élargi, en reprenant des tranchées creusées, puis abandonnées par les Français. Ces nouveaux tronçons permettent le passage de navires dits « Panamax » , c’est-à-dire ayant la largeur maximale pour franchir les écluses, tant en largeur qu’en profondeur.
 
Centre des visiteurs de Miraflores
 Le canal de Panama est un ouvrage impressionnant à plus d’un titre : son histoire jalonnée d’échecs, des morts par centaines de milliers, un scandale financier, sa rétrocession par les Etats-Unis, son élargissement…. C’est une véritable prouesse d’ingénierie, qui ne peut se permettre la moindre erreur, le moindre dysfonctionnement. Et il fonctionne sans relâche, 365 jours par an, Noël et Nouvel an inclus !

Plaza de Francia




*) célèbre palindrome

Voir aussi : En mission à Panama  

lundi 26 décembre 2016

En mission à Panama



Panama City

Quand vous dites aux gens que vous partez en mission au Panama, vous avez évidemment droit à des allusions aux Panama Papers, aux comptes secrets et aux valises pleines de billets. Mais le Panama, ce n'est pas que ça! En l'occurrence, il s'agissait d'une conférence internationale sur la sécurité sociale.


Partir pour Panama, ce n'est pas comme partir au Luxembourg - allusions financières mises à part. D’abord, avant de partir, il a fallu faire une demi-douzaine de vaccins: fièvre jaune, typhoïde, hépatite A, polio, grippe (à cause de la grippe aviaire) et acheter de la prévention contre le paludisme (Malarone), ainsi que des sprays anti-moustique, version tropicale.
 
Marchands ambulants au milieu de la route
Afin d'éviter tout ennui avec l'immigration à Panama, il a fallu faire faire un laissez-passer ONU (passeport neutre), faire faire une photo d'identité au format américain et demander un visa pour ce laissez-passer, ce qui était un peu étrange, étant donné qu'avec un passeport suisse, aucun visa n'est nécessaire. Finalement, aucun visa n'était requis. Et j'ai passé le contrôle avec mon passeport suisse, comme une lettre à la poste. Ma foi, on n'est jamais trop prudent.
 
On vous aura averti!
À ce stade, je commençais presque à regretter d'avoir accepté cet engagement, ça devenait carrément un peu lourd et compliqué. En plus, on y allait en pleine saison des pluies. Quels vêtements emporter ? Climat tropical mais pluvieux avec des salles climatisées, donc frigorifiques; prévoir des manches longues à cause des moustiques; emporter un imperméable, des lunettes de soleil, des tongs et un parapluie, des pashminas pour l'intérieur et des bermudas pour l'extérieur; de la crème solaire, de l'anti-moustiques et du gel désinfectant pour les mains. Bref, tout ce qu'on emporte normalement pour aller travailler.


La traversée de l'Atlantique durant environ 11 heures, nous avons eu droit à un vol en business class, ce qui n'était pas du luxe, étant donné que nous devions être en état de travailler à l'arrivée, malgré le décalage horaire. Lufthansa reçoit ten points pour l’accueil, le confort, le service, le repas et le sommeil en position horizontale. Une bonne sélection de divertissements aussi : j'ai pu visionner la moitié de Toni Erdmann, juste assez pour me demander pourquoi tout ce battage autour de ce film. Je me passerai volontiers d'en voir la fin.

À l’escale de Francfort, je suis passée pour la première fois par un contrôle de passeport biométrique automatisé: il fallait entrer dans un sas dans lequel le visage du voyageur est reflété sur la porte en verre de la porte de sortie du sas, comme dans Minority Report, Gattaca ou équivalent. Au retour, toujours à Francfort, c'était le contrôle rayons X avec scan corporel, alors qu'on sortait d'un avion et qu'on était a priori déjà dans une zone contrôlée. Ma foi, ça commence à être la norme de nos jours. Un peu comme le marché de Noël à Strasbourg, où le vieux centre est désormais interdit aux voitures et où les piétons doivent ouvrir leurs sacs avant d'entrer dans l'enceinte sécurisée ; des CRS et des militaires armés qui patrouillent dans les rues ; des camions en travers des ponts pour empêcher un massacre dans le style de Nice ou Berlin. A l'aller, le train avait 1h20 de retard à cause d'un colis suspect en gare de Sélestat. La routine, quoi.... Mais je m'égare.


En arrivant à Panama City, il a fallu poser ses dix doigts sur un lecteur d'empreintes digitales, puis déposer ses bagages aux rayons X avant de sortir de l'aéroport. Chercheraient-ils des armes? Ou des billets de banque ?

Le bus navette de la conférence a mis 1h30 à faire les 22km qui nous séparaient de l'hôtel, à cause des bouchons. En effet, nous devions franchir le Puente de las Americas, seul passage possible. Ce pont porte bien son nom puisqu'il relie littéralement les deux moitiés du continent américain.

Nous étions logés dans l’hôtel de la conférence, le Westin Bonita Playa, très luxueux, avec des chambres immenses, mais avec une climatisation bruyante bien qu’indispensable - y compris les moteurs de la climatisation à l’extérieur, au pied de l’hôtel. J’ai dû dormir avec des bouchons dans les oreilles alors que la chambre était autrement parfaitement silencieuse. Nous avons reçu un bracelet comme à Paléo ou au ClubMed, qui nous donnait droit au forfait All Inclusive, ce qui était bien pratique, surtout pour les repas avec les collègues (pas besoin de faire de longs calculs). Seul bémol pour cet hôtel autrement parfaitement agréable : il y avait de la musique partout, mais absolument partout ! Sauf dans les restaurants, étrangement. En effet, il est impossible de nos jours de manger dans le calme et le zen, notamment le petit-déjeuner. 

Ecluses de Miraflores
La monnaie qui a cours au Panama est le dollar américain, les pièces de monnaie s’appellent cependant des balboa, selon le nom du conquistador qui a découvert la côte du Pacifique. Le casco antiguo (vieille ville) est absolument charmant, mais est en train de se boboïser avec des bars branchés, des restaurants chics, des aliments bio etc. Parmi les choses à voir dans les environs immédiats, il y a bien sûr les écluses de Miraflores et le centre de visiteurs du Canal de Panama, qui est très intéressant. A proximité, on trouve Quarry Hill, qui permet d’avoir une belle vue panoramique sur les environs, mais c’est un site qui est malheureusement fermé les week-end (pratique !). Les gravats de la construction du canal ont permis de construire la Calzada de Amador (Amador Causeway), qui est une chaussée rectiligne qui rattache quatre petites îles au continent. C’est un lieu de loisirs, avec des vélos à louer, des bistrots et quelques boutiques. L’histoire du Canal de Panama est absolument passionnante, mais cela fera l’objet d’un autre texte (voir ICI).
Format de prise



Panama, Puente de las Americas, Corazon del universo
 
 

mercredi 19 octobre 2016

Interpréter à l'Office européen des brevets (Munich)

Figure d'un brevet de pince à linge


Ce texte ne représente pas la position officielle de l’OEB et son contenu n’engage que son auteur.

L’Office européen des brevets (OEB) a son siège à Munich, travaille en trois langues officielles (français, anglais, allemand) et recourt à l’occasion aux services d’interprètes de conférence dans ces trois langues. L’Office examine des demandes de brevet du point de vue de leur conformité à la Convention sur le brevet européen (CBE). Les interprètes interviennent lors de procédures d’opposition, c-à-d lorsque le bien-fondé d’un brevet est contesté par le titulaire d’un brevet similaire ou par toute tierce partie qui souhaiterait faire opposition. La décision de maintenir ou de révoquer le brevet pourra ensuite faire l’objet d’un recours devant la chambre de recours.

Pour qu’une invention puisse jouir de la protection d’un brevet, elle doit remplir trois conditions (art 52 CBE) : être nouvelle, faire preuve d’activité inventive et avoir une application industrielle. Les inventions protégées d’un brevet représentent des enjeux commerciaux majeurs, ce qui justifie tous les efforts déployés – y compris financiers – pour les défendre. Les motifs d’opposition à la délivrance d’un brevet figurent à l’art. 100 de la CBE. Les arguments invoqués pour attaquer un brevet peuvent être l’insuffisance de la description (l’homme du métier doit pouvoir reproduire l’invention sur la base du brevet) ou encore l’extension de l’objet du brevet au-delà du contenu de la demande telle qu’elle a été déposée.

Une invention à breveter ?
Lorsque les parties en litige demandent la tenue d’une procédure orale, destinée à récapituler et à compléter les arguments déjà échangés par écrit, elles peuvent demander qu’il y ait des interprètes dans les trois langues officielles. La langue de procédure est celle du brevet contesté. Les examinateurs de l’OEB maîtrisent les trois langues, mais doivent mener les débats dans la langue de procédure. Il peut arriver que les trois cabines travaillent, mais il n’y a généralement que deux langues interprétées - voire une seule - celles des parties au litige.

Le premier membre de la division d’opposition (de la chambre de recours, selon le cas) préside la séance et ouvre la procédure, en annonçant le titre du brevet, son numéro ainsi que le numéro de la demande. Il donne les noms des parties en présence, qui sont le titulaire (c-à-d l’inventeur) le cas échéant, les mandataires (avocats spécialisés en brevets) qui représentent le titulaire (si celui-ci a choisi de se faire représenter) et la/les partie(s) opposante(s). Ceux-ci sont parfois accompagnés d’experts, qui ne peuvent s’exprimer que s’ils en ont fait la demande dans les délais. Les procédures sont généralement publiques. Le président invite ensuite les parties à présenter leurs requêtes. Sans surprise, la titulaire demande le maintien de son brevet, alors que l’opposante demande sa révocation. Les parties attaqueront les arguments de la partie adverse sur le fond ou en invoquant des règles de procédure.

La division d’opposition est généralement composée de trois personnes, le président de la division et deux membres, dont l’un rédigera le procès-verbal; un représentant du service juridique peut également être présent. Elle entame l’examen de la nouveauté du brevet contesté, en donnant la parole, à tour de rôle, à la titulaire et à l’opposante (aux opposantes, selon le cas). La séance sera suspendue à plusieurs reprises, afin de permettre à la division d’opposition - la chambre de recours, s’il s’agit d’un recours - de débattre des arguments avancés par les parties. Le brevet contesté sera comparé à l’état de la technique, c-à-d aux brevets précédents relatifs à des inventions similaires ou à des publications techniques, scientifiques ou encore à de la littérature spécialisée qui ne relève pas du domaine des brevets. Ces documents invoqués pendant la procédure s’appellent des antériorités et sont numérotés D1, D2, D3 etc.

Si le brevet est reconnu comme nouveau, la division d’opposition passera à l’examen de l’activité inventive. Pour qu’il y ait invention, le brevet ne doit pas découler de façon évidente de l’art antérieur (ce qui existe déjà). L’invention peut être le fruit de la combinaison de deux précédents brevets, mais cette combinaison doit faire preuve d’activité inventive. Enfin, la nouveauté ou la différence par rapport à ce qui existe déjà doit être utile ou intéressante, c-à-d avoir une application industrielle. Les brevets portent soit sur des réalisations (objets, machines) ou des procédés (méthode pour faire ou produire quelque chose).

Si la division d’opposition parvient à la conclusion que  le brevet n’est pas inventif, la titulaire peut soumettre des requêtes subsidiaires, qui sont des variantes des revendications contenues dans le brevet. Les fascicules de brevet sont rédigés selon un schéma bien précis : la première page contient toutes les informations de procédure, le titre et le numéro du brevet, le nom du titulaire etc… Vient ensuite une description de l’invention, la définition du problème à résoudre, éventuellement des renvois à l’art antérieur, parfois des exemples et enfin les revendications, dans les trois langues, donnant toutes les indications techniques de l’invention faisant l’objet de la demande de brevet. A la fin du fascicule de brevet, il peut y avoir des figures, dessins, schémas et croquis de l’invention. Les revendications comportent de nombreux paragraphes, rédigés de façon très répétitive, technique et selon des règles très précises. Il y a les revendications indépendantes et les revendications dépendantes, qui sont celles qui renvoient à une précédente revendication (« Procédé selon la revendication 1….. »). Les requêtes subsidiaires présentées par la titulaire dans le cas où la nouveauté lui serait refusée, ressemblent énormément aux revendications du brevet original, du moins aux yeux de l’interprète profane. Ces requêtes subsidiaires peuvent être nombreuses et la procédure peut durer toute la journée si la division d’opposition les admet et décide de les examiner jusqu’à la dernière. La journée est émaillée de nombreuses suspensions de séance, pour permettre aux membres de la division d’opposition de pondérer les arguments des parties. La procédure s’arrête lorsque le brevet est déclaré nouveau et inventif (ces deux conditions devant être remplies) ; s’il est révoqué et que la titulaire est à court de munitions, elle s’arrête aussi. Le président de séance prononce alors – dans la langue de procédure –  la décision de la division d’opposition, le maintien ou la révocation du brevet, et informe les parties qu’elles peuvent faire recours.

Source: http://artggsb.blogspot.ch/2014_05_17_archive.html
En prévision de la procédure, les interprètes reçoivent les documents bien à l’avance, afin de pouvoir se préparer : le fascicule de brevet (B1), la demande telle que déposée (A1), les antériorités, qui sont numérotées D1, D2, D3 selon les indications figurant dans les documents, les requêtes subsidiaires de la titulaire, s’il y en a, l’avis provisoire de la division d’opposition (un document sans aucun en-tête), ainsi que les échanges de correspondance entre les parties. Il convient de trier tous ces éléments, afin de les étudier dans l’ordre qui paraît le plus judicieux (chacun à sa manière, bien entendu !). Les revendications dans les trois langues permettent de faire un glossaire sommaire. Quant au reste, qu’il s’agisse de formules chimiques, de pare-brises d’avions, de papier cigarette ou de verrouillage central…. chacun pour soi et dieu pour tous ! Les dictionnaires Ernst sont dorénavant rattrapés par Google, Linguee, Wikipedia et toutes sortes de glossaires en ligne. Comment diable faisait-on autrefois, sans internet et la WiFi en cabine?

A fin de mieux comprendre à quoi ressemble un brevet, voici celui du Post-itSon histoire a connu de nombreux rebondissements, notamment à cause de son manque d’application industrielle (une colle qui colle mal…..). Jusqu’à ce que quelqu’un fasse preuve d’activité inventive en trouvant une bonne idée pour cette erreur de parcours. Enfin, il a fallu pouvoir compter sur les talents de celui qui a réussi à commercialiser l’invention, qui est dorénavant incontournable et présente dans tous nos bureaux.
Cependant, un Américain attaque 3M, affirmant que c’est lui qui aurait inventé le Post-it en 1973. Selon un article paru dans la Tribune de Genève, le chiffre d’affaire des Post-it s’élevait à 4,4 milliards de dollars en 2015.

En gras, des termes relatifs aux procédures de brevets.
Article paru sur le site de l'aiic

Voir aussi: 
Le déroulement de la procédure sur le site de l’OEB.
L'interprète de conférence, un artiste vagabond qui permet d'être entendu par Jacky Neff


dimanche 31 juillet 2016

Hôtel Résidence Odalys Iratzia - Saint-Jean-de-Luz


Il est difficile de trouver le logement de vacances idéal en haute saison et dans un lieu hautement touristique. Surtout si on a certaines exigences en matière de confort, silence, espace etc.

Pour une semaine à Saint-Jean-de-Luz, mon choix avait porté sur la résidence hôtelière Odalys Iratzia, situé tout près de la plage d'Erromardie, tout près de Saint-Jean-de-Luz également. La fusion parfaite entre la plage et la ville. La résidence propose des appartements de différentes tailles. L'appartement "4 personnes" semblait adéquat pour deux, pour un prix de 1117€ la semaine (mi-juillet), ce qui fait tout de même 160€/jour.

Or l'appartement vous offre les murs, les lits, un coin salon, une kitchenette et un balcon, mais c'est quasiment tout. Tout se paie en supplément. Avec un animal et le ménage en fin de séjour, on arrive à environ 140€ supplémentaires, ce qui met l'appartement à 180€/nuit environ. Précisons qu'il s'agit d'une résidence ****.

Le jeux de draps est offert (Wow!) mais est affiché à 11€ (x2); le jeu de serviettes de bain à 6€ (x2); le ménage en fin de séjour coûte 56€ pour l'appartement dit "4 personnes" (mais on doit quand même laver et ranger la vaisselle); il faut payer 30€ pour avoir la jouissance de la télévision, qu'on ne peut même pas connecter à son ordinateur pour regarder des films; internet revient à 20€ par semaine et par appareil; la lessive est à 5€, la poudre 1,50€ et le séchoir 3€. Les animaux de compagnie sont les bienvenus à 50€ la semaine. La cuisine doit être rendue propre, mais vous devrez débourser 5€ pour obtenir un petit kit contenant une éponge et du produit vaisselle sans aucun pouvoir dégraissant. Le papier WC n'est évidemment pas fourni. La chambre à coucher contient un lit en 140 cm de large avec 30 cm tout autour. Le salon cuisine avec le canapé-lit fait environ 3x 6 m. Ce qui nous fait un total de 25 m2 environ (sans compter la salle de bains et le balcon), ce qui fait 6m2/ personne si on est quatre. Selon le Comité pour la prévention de la torture, il faudrait idéalement 7m2 par prisonnier, on parle de traitement inhumain et dégradant quand on arrive à 3m2 par personne.

C'est sans doute la règle du jeu, mais j'ai le souvenir d'avoir logé dans un appart-hôtel à Ajaccio qui était bien plus accueillant et confortable.


La résidence Odalys à Erromardie est en réalité la version quatre étoiles du camping. Les clients qui en ont l'habitude font sans doute le voyage en emportant leurs draps, leurs assiettes et leurs couverts, leur petite réserve de liquide vaisselle et de poudre à lessive. A noter que l'appartement fournit la vaisselle, à raison de 4 tasses, 4 verres, les assiettes sont un peu plus nombreuses, il est vrai. Il y a un lave-vaisselle et le kit à 5€ vous donne droit à 3 pastilles, qui sont largement insuffisantes vu la quantité de vaisselle à disposition, d'autant plus si on devait vivre à quatre personnes dans cet espace très réduit. On part évidemment du principe que les clients passent leurs journées dehors, mais il y peut y avoir des journées froides et pluvieuses aussi.

Ce qu'il y a de paradoxal, c'est qu'Odalys propose également des chambres d'hôtel, à 125€/nuit en haute saison. Pour ce prix là, vous aurez gratuitement : les draps (vous n'avez pas besoin de les porter jusqu'à votre logement et retour lors du départ et votre lit sera fait à votre arrivée), des serviettes propres tous les jours, du savon et du shampoing, du papier WC, peut-être même un sèche-cheveux! La télévision sera gratuite, tout comme la WiFi et on vous fera le ménage tous les jours, c'est inclus dans le prix. Vous ne pourrez certes pas cuisiner, mais pour une différence de prix de 55€, ça vous paie bien deux sorties au restaurant.

La piscine est à la disposition de tous les résidents, mais il n'y a de loin pas assez de chaises longues ni de parasols par rapport au nombre de clients.


La formule "appartement pour 4 personnes" conviendra sans doute parfaitement pour une famille avec deux jeunes enfants, le prix par personne par rapport à la prestation devenant alors adéquat. A savoir qu'il y a un spectacle de Toro-piscine deux fois par semaine dans l'immédiate proximité de l'hôtel-résidence, dont le volume sonore dépasse largement les 100 dB et qui s'entend à 1km de distance. Les appartements qui sont tout au fond du domaine voient passer le train à 200 mètres. En revanche, la plage est toute proche, avec deux bars-restaurants, ainsi que des pizzérias de camping. L'hôtel Odalys a également un restaurant.

Les appartements se louent à la semaine, du samedi au samedi. On est censé arriver entre 17h et 20h, mais il vaut la peine de tenter sa chance avant. En effet, comme il y a une centaine d'appartements, chacun faisant son check-in, cela prend beaucoup de temps et il faut attendre son tour patiemment. Lors du départ, il faut libérer les locaux pour 10h et attendre le feu vert de l'état des lieux (étape inexistante avec les chambres d'hôtel, alors que les dégâts sont possibles également). Nous avons décidé de partir un jour plus tôt afin d'éviter de passer des heures à faire la queue.

L'offre hôtelière est immense dans cette région très touristique, mais il n'est pas facile de trouver chaussure à son pied, surtout si on voyage avec un animal. Il y a une résidence Pierre et Vacances quasiment en ville de Saint-Jean-de-Luz. Les logements AirBnB n'acceptent pas les animaux (j'en ai consulté un certain nombre). Il faudrait encore chercher sur des sites de type "Tourisme au Pays basque", Gîtes de France ou Clé Vacances.

Ce qui est certain, c'est que si on trouve la perle rare qui réunit tous les critères pour un prix raisonnable et honnête, il faut se la réserver bien à l'avance. Des vacances réussies dépendent aussi de bonnes conditions d'hébergement.

 Toro Piscine à 100 mètres: https://www.youtube.com/watch?v=f8j8KHILqwQ

mercredi 2 mars 2016

La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil

  

C'est en 1966 que Sébastien Japrisot écrit cet extraordinaire polar, La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, qui a fait l'objet de deux adaptations cinématographiques: la première d'Anatole Litvak (1970) en collaboration avec l'auteur (musique de Michel Legrand, interprétée par Petula Clark), objet introuvable et, plus récemment de Joann Sfar (2015), qui sembla avoir été un bide retentissant. J'aimerais beaucoup voir la version de Litvak, étant donné que le livre baigne dans une délicieuse atmosphère sixties. Les polars de cette époque sont bien plus intéressants, étant donné toutes les entraves qu'on ne connaît plus aujourd'hui. Les personnages doivent trouver des cabines téléphoniques et il ne suffit pas de faire une recherche Google pour retrouver l'assassin.

L'histoire démarre un peu comme Psycho de Hitchcock: une jeune secrétaire se voit confier la belle voiture de son patron (une forte somme d'argent liquide dans Psycho) et décide de garder la voiture pendant l'absence de son patron, se disant qu'il n'y verrait que du feu. À partir de là, les événements dérapent et la jeune narratrice se demande, pendant tout le roman, si elle n'est pas en train de devenir folle. Le lecteur se fait délicieusement mener en bateau, lui non plus ne sait jamais si c'est du lard ou du cochon. Les événements semblent cohérents et, en même temps, parfaitement invraisemblables.

Mais ce qu'il y a de plus amusant, c'est le voyage dans le temps que nous offre ce roman. "Je n'ai jamais vu la mer". La phrase d'ouverture place déjà le décor. De nos jours, plus personne ne dit ça, ce rêve devenu possible grâce aux congés payés: des vacances à la plage. De nos jours, tous les gamins sont déjà allés en Thaïlande ou au Brésil, ou à tout le moins, en Grèce ou aux Îles Canaries. Ensuite, la jeune secrétaire - aujourd'hui, elle serait assistante - tape à la machine. Attention! Avec une IBM électrique! Les jeunes, qui tweetent avec leurs pouces opposables, savent-ils seulement ce que ça veut dire? Il n'est toutefois pas question de copies carbone, que j'ai encore connues, avec le petit pinceau de TippEx, mais qui sait encore ce que signifie "Cc" dans nos mails quotidiens?


Comble de la modernité, les collègues ont des "transistors made-in-Japan avec magnétophone incorporé, on peut piquer tous les trucs d'Europe 1 en même temps que ça passe". Moi aussi, quand j'étais jeune, j'avais un cassettophone, la qualité des enregistrements n'était pas top, mais on ne connaissait pas iTunes à l'époque. Et encore, je n'ai pas fait la transition vers Spotify ou Deezer. Les collègues masculins vont en Yougoslavie, parce que là-bas, "pour cinq voltaires par jour, on vit comme un nabab sur des plages à couper le souffle". Cinq voltaires = 50 francs français, attention: des nouveau francs! Le roman ayant été écrit en 1966, ça équivalait à 50 francs suisses.


Des diapositives couleur, des Agfacolor; le téléphone qui est mis aux abonnés absents; deux pièces de vingt centimes dans le compteur automatique du parking; une Caravelle de Swissair (ah! Swissair!); un beau brun au sourire Gibbs; la station service où on vous fait le plein et où on vous nettoie votre pare-brise; une radiophoto ....? Une radiographie, sans doute; un gamin de treize ans, coiffé comme les Beatles; Alain Barrière chante à travers des sonneries de billard électrique; elle cherche un disque de Bécaud sur le cadran de la boîte à musique (juke-box?); dans un bureau de poste, une rangée d'annuaires des départements; un numéro de téléphone 2-20 ou encore Colbert 09.10, qu'on demande à la standardiste; étant en province, il faut attendre pour avoir Paris au bout du fil, attendre même une heure pour atteindre Genève; les standardistes qui écoutent les conversations; des camions Somua ou Berliet; une tante qui était yéyé; chercher à atteindre la frontière italienne ou espagnole pour échapper à la police (elle est bien bonne, celle-là!); une 2CV; l'aéroport des Invalides (je paie un cornet de frites à celui/celle qui a connu ça); des négatifs et une planche contact; quelqu'un qui ressemble à Gary Cooper; une enveloppe de salaire; un trousseau de jeune fille brodé à l'orphelinat. Il ne manque plus qu'un flipper, un vélosolex, un scopitone...



La dame s'appelle Danielle Longo, l'auto est une Thunderbird, le fusil, une Winchester à répétition, de calibre 7.62, à canon rayé. Quant aux lunettes, elles n'étaient pas de marque en ce temps-là.

Parlant de Genève, l'auteur écrit ceci: "Je n'ai jamais vu Genève, mais je présume qu'il doit y avoir, au moins pour les Caravaille [son patron] et ceux qui leur ressemblent, des hôtels ouatés, de grandes terrasses ouvertes sur la lune et la douceur mélancolique des violons, des journées lumineuses et des soirées illuminées, enfin des heures comme je n'en connaîtrai jamais, et pas seulement parce qu'elles sont payables en francs lourds ou en dollars."

Sébastien Japrisot, Jean-Baptiste Rossi de son vrai nom, est mort en 2003, à 71 ans. Il laisse derrière lui une œuvre prolifique qui a souvent inspiré le cinéma, comme par exemple L'été meurtrier ou Un long dimanche de fiançailles. Il a remporté de nombreux prix littéraires et à traduit Catcher in the Rye de Salinger.

L'été meurtrier - Adjani & Souchon