dimanche 18 mars 2012

Genevoiseries


le chantier du tram Cornavin-Onex-Bernex (TCOB)
Qu’est-ce qu’une genevoiserie ? Ce mot est une création de nos amis et concitoyens suisse allemands, pour qui tout ce qui se trouve et se passe outre-Sarine est un peu olé-olé. En effet, la Suisse est parcourue d'une barrière de röstis qui apparaît à l’occasion de chaque votation, avec la prévisibilité des hirondelles au printemps. Les suisse allemands passent pour des Neinsager, le canton d’Appenzell est généralement le vainqueur dans cette catégorie. Les suisse romands quant à eux, appelés Welsches par les totos, passent quasiment pour des Français : ce n’est que laisser-aller et rouspétance. Au centre, la Suisse dite primitive, non pas à cause de leur mentalité ou de leur mode de vie, mais simplement parce que ce sont les premiers cantons, fondateurs de la Confédération helvétique. Dans son roman Mars, paru en 1977, Fritz Zorn qualifiait déjà Genève de Sündenbabel et de nid de communistes.

le welsche tel que vu par les totos
Et la genevoiserie, dans tout ça ? Chaque canton a sa particularité : Neuchâtel a l’industrie horlogère, Fribourg le mondialement célèbre gruyère, Zurich concentre le fleuron de l’industrie et de la banque suisse et Berne accueille le siège du gouvernement fédéral. Genève a non seulement le jet d’eau, l’horloge fleurie et le siège européen de l’ONU, mais elle se distingue par son aptitude particulière à tout faire foirer. La genevoiserie – aussi connue sous sa dénomination originale de Genferei – est en effet un projet qui peut être séparément ou cumulativement  accepté par tous mais si mal ficelé qu'il se démonte de lui-même en coûtant très cher, est bloqué par un conflit stérile entre autorités, ou encore qui ne se fait jamais mais revient sans cesse sur le tapis.


A Genève, on maîtrise l'orthographe
La traversée de la rade illustre fort bien cette définition : on en parle depuis des générations, l’idée à été soumise en votation à moult reprises mais elle n’a toujours pas abouti. Le principe d'une traversée du lac a été accepté en votation populaire à 68% en 1988, mais si le projet devait se faire un jour, on peut être relativement certain que le devis explosera, que les gabarits seront trop petits dès son inauguration et que les points d’arrivée (pont ou tunnel : that is the question !) seront forcément mal choisis et mal conçus. Voilà sans doute la raison pour laquelle le peuple ne cesse de voter non à toutes les propositions qui lui sont faites. Le CEVA 1)  a déjà fait couler des niagaras d’encre et a suscité des débats houleux.  La population craint un foirage et un ratage de grande envergure, un projet pharaonique qui ne sera jamais utilisé par personne, alors qu’il aura vidé les caisses publiques. Le récent remaniement des transports publics genevois nous sert un peu de répétition générale : on nous avait promis monts et merveilles, efficacité, rapidité, convivialité. Au lieu de cela, la grogne est généralisée, les trams bondés, le peuple excédé. Le réaménagement de la place Bel-Air, en chantier pendant des années, avec tous les désagréments que cela a pu supposer, se révèle être un fiasco total. Non seulement la terre entière y converge pour se croiser dans l’anarchie la plus totale (trams, bus, voitures  – qui n’ont rien à faire là – piétons, pick-pockets, cyclistes, scooters, mendiants et musiciens), mais les abribus ne protègent ni du vent ni de la pluie - probablement pas non plus du soleil, attendons l'été pour en avoir le coeur net. Pour couronner le tout : pas un seul banc, pas un seul arbre. La genevoiserie dans toute sa beauté : ça dure une éternité, ça coûte très cher et au final, c’est complètement raté.

Les travaux de la place Bel-Air (photo J. Piroué)
Un autre bon exemple est la mise en place de l’interdiction de fumer dans le canton de Genève. En 2008, le peuple a massivement voté en faveur de l’interdiction (79,2% de oui) et les cendriers ont disparu des lieux publics, cafés et restaurants. C’était sans compter un noyau d’irréductibles fumeurs, les Dissidents de Genève, qui ont fait recours et qui ont obtenu gain de cause. Comment est-il donc possible de révoquer le résultat d’un scrutin populaire de la sorte ? C’est fort simple : dans leur incompétence crasse, les autorités genevoises ont adopté un règlement d’exécution, c’est plus simple et ça va plus vite, oubliant de promulguer tout d’abord une loi à laquelle se rapporterait ledit règlement d’exécution. Et hop ! à la consternation générale, les fumeurs se sont remis à enfumer le monde. Le temps de faire les choses en bonne et due forme, l’interdiction de fumer est finalement entrée en vigueur en septembre 2009, avec cette fois-ci 81,7% de citoyens qui ont voté contre la cigarette. Mais quelle perte de temps, d’énergie et d’argent !



Les genevoiseries sont si nombreuses qu’un groupe de citoyens a décidé d’attribuer le Prix Genferei au plus méritant, afin de départager les nombreux candidats à la cacade la plus lamentable. En 2011, ce prix est revenu à la chancelière et au Conseil d’Etat qui ont oublié d’envoyer un représentant aux obsèques de Monseigneur Genoud, évêque de Fribourg, Genève et Lausanne. Oui : oublié. D’aucuns ont argué que, Genève canton protestant etc… mais il n’en reste pas moins que Mgr Genoud était aussi l’évêque de Genève. L’affaire Kadhafi a suivi au coude à coude, mais n’a pas réussi à remporter la palme 2)
Les candidats sont déjà en lice pour le Prix Genferei 2012 : ira-t-il au Conseiller d’Etat Mark Muller, pour sa bagarre musclée dans une boîte de nuit la nuit de la Saint-Sylvestre (à 5h du matin, c’était déjà en 2012) ? Ou encore à Eric Stauffer, pour son lancer du verre d’eau en pleine réunion du Grand Conseil? Le musée d’art et d’histoire est aussi sur les rangs, pour avoir désigné comme vainqueur du concours pour la rénovation du bâtiment le seul candidat (Jean Nouvel) n’ayant pas respecté le cahier des charges. Et nous n’en sommes qu’au mois de mars… le ciel nous protège !





L’actualité évoluant sans cesse, cette page sera probablement régulièrement mise à jour. Watch this space !

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1) Cornavin-Eaux-Vives-Annemasse : projet de train RER de ceinture
2) Pour rappel, la police avait arrêté Hanibal Kadhafi qui faisait du grabuge dans une chambre d’hôtel de grand luxe de la place. Une crise diplomatique majeure s’est ensuivie, un conseiller fédéral s’est déplacé à Tripoli pour essayer, en vain, d’obtenir la libération de deux ressortissants suisses emprisonnés (retenus en otages) en Libye, leur permis de travail n’étant soudain plus valable.

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mercredi 14 mars 2012

En thalasso à Pornic



Qui n’a jamais rêvé d’une escapade, le temps d’un week-end, histoire de changer de rythme et de tout oublier ? C’est bien plus simple à faire qu’on ne le croit et je m’étonne toujours de ne pas m’offrir ce genre de mini-break plus souvent. Une de mes amies, fan de Groupon, nous a dégotté un super-deal : quatre jours à Pornic, petit-déjeuner et soins inclus, à moitié prix. L’affaire était dans le sac et nous voilà à Nantes, avec Easy Jet, après un vol d’une heure environ.

Un taxi navette nous a déposées à la porte de l’hôtel. Les formalités d’arrivée remplies,  nous nous sommes installées dans une belle chambre avec vue sur l’océan, avec des chaises longues et une immense terrasse. La première de nos missions a été de nous remplir d’urgence la panse avec des crêpes, accompagnées de cidre, comme il se doit. Après quoi nous avons marché jusqu’au petit village de Pornic, en empruntant la route des douaniers qui longe l’océan. Les restaurants se succèdent au bord de l’eau, des crêperies, bien évidemment, mais aussi beaucoup de poisson : sardines grillées, moules, noix de Saint-Jacques, fruits de mer… L’embarras du choix, en quelque sorte. 




L’acclimatation ainsi faite, nous voilà prêtes à affronter notre première demi-journée de soins. Tout d’abord, la douche à affusions : des pommes de douches vous arrosent assez fermement d’eau de mer, alors que vous êtes couchée sur le ventre. Au bout de cinq minutes, on vient vous dire de vous retourner, comme une crêpe, c’est de circonstance. Vient ensuite la massothermie : un lit sous lequel roulent et tournent des billes chaudes, qui vous massent de la tête aux pieds.. Ce soin-là ne m’a qu’à moitié convaincue, car les boules étaient dures et c’était par moments carrément un peu douloureux. Sans doute ne suis-je pas assez grasse. Ensuite, une demi-heure d’aquagym, c’est toujours très amusant. Puis le délice ultime, le bain aux algues : une baignoire-jacuzzi dans laquelle on vous oublie pendant 17 minutes.

Au programme le lendemain : l’argile des Moutiers, un emplâtre très chaud sur le dos et les épaules. On vous enveloppe tel un rôti dans du papier cellophane, le temps que ça agisse. Ensuite, une demi-heure de stretching dans le bassin, avec une monitrice qui a sans doute l’habitude de travailler en milieu hospitalier. Puis le bain aux huiles essentielles, à nouveau la baignoire-jacuzzi dans laquelle le temps s’arrête pendant 17 délicieuses minutes. Et pour terminer, le jet pression, la thalasso comme je me l’imaginais: vous vous tenez contre le mur pendant qu’on vous fusille avec un jet d’eau très puissant, par devant et par derrière.  Si après un tel traitement, vous êtes encore tendu et stressé, c’est qu’on ne peut vraiment rien pour vous !

le jet pression
L’hôtel Alliance est vraiment très agréable et bien conçu. Le personnel est compétent et aimable, sans être obséquieux. En effet, bien que la thalassothérapie soit tout de même quelque chose de plutôt luxueux et du domaine du superflu, l’ambiance n’était ni mondaine ni snob. Tout le monde est là pour être bien et pour être heureux. La clientèle était essentiellement française. Vous pouvez choisir de manger un menu bio dans l’un des deux restaurants de l’hôtel. Le petit-déjeuner était toutefois le seul point noir, le seul élément stressant dans cet oasis de bonheur. La salle était conçue de sorte à créer un embouteillage devant le buffet, entre les clients qui arrivent, ceux qui se servent et le personnel qui passe dans tous les sens, soit pour placer les convives, soit pour débarrasser les tables. En arrivant, on doit s’annoncer, signer une feuille et on ne peut pas choisir sa table. Et les chanceux qui ont obtenu une place à la fenêtre n’en profitent souvent pas : ils lisent le journal ou tournent simplement le dos à la mer. Quel gâchis !

L'hôtel Alliance à Pornic
La piscine, ou plutôt le bassin avec des buses massantes, était aussi un peu décevante. Non seulement, ils arrêtaient les bouillonnements dès qu’il y avait un cours d’aquagym – c’est-à-dire quasiment tout le temps – mais les buses n’étaient pas très nombreuse ni très intéressantes. A Mondorf-les-Bains par exemple (Luxembourg), il y a un véritable parcours de massage, qui commence par la nuque, puis les épaules, le dos, etc… Il est également possible d’aller dehors, même en hiver, tout en restant dans l’eau chaude, comme c’est le cas aussi à Loèche-les-Bains ou encore aux bains de Lavey.


Méditation créative

Les soins de base proposés dans notre offre nous ont amplement suffi, mais on aurait pu s’offrir bien d’autres massages, conventionnels ou ayurvédiques, modelages, soins du visage, réflexologie, réequilibrage des énergies ou ambiances planantes en sus. Comme par exemple le Sovitsu, une relaxation progressive, qui développe l’expérience corporelle du ici-et-maintenant, enrichissant ainsi la perception du schéma corporel et la prise de conscience des sensations. Pourquoi ne pas se laisser tenter par un matin slave : bain aux essences de tourbe, extraits de fucus, prêle et noisette dans une baignoire furo fait d’essence de pin japonais. Il est possible aussi de loger dans la bourgade de Pornic et de venir à l’hôtel pour la journée ou pour des soins ponctuels. L’hôtel met des peignoirs à la disposition de ses hôtes en échange d’une caution et les mules de bain sont obligatoires. Des sandales de plage sont aussi recommandées si on y va à une saison qui permet la trempette dans l’océan.

Nous sommes revenues requinquées, de corps et d’esprit, les poumons rincés à l’air marin et la peau revitaminée par le soleil. Nous avons découvert le kir breton (liqueur + cidre) et le curé nantais (fromage) sur toast, ainsi qu’une conserverie très frustrante, car quand on voyage en avion, on peut difficilement emporter 15 boîtes et pots de maquereau à la moutarde, de sardines millésimées marinées au muscadet ou de tourteau à tartiner, surtout si on n’a qu’un bagage à main. Bref, rien que du bonheur, une expérience à recommencer sans modération.