samedi 12 mars 2011

facebook est mon ami


A force d’entendre dire pis que pendre de ce réseau social, de ce phénomène de société, je me dois de briser une lance pour ce club, que dis-je : cette tribu des facebookers. Aux Etats-Unis, la moitié des personnes ayant une connexion internet auraient une page fb, ça me paraît presque peu. Ce qui m’a décidée à rejoindre cette grande famille, c’est le fait qu’on y trouve des groupes qui demandent ceci ou cela. Sans page facebook toutefois, impossible de voir quoi que ce soit et encore moins de participer. Cela dit, ces groupes n’ont pas beaucoup d’influence sur la marche du monde. En ce moment, la maman de Livia et Alessia, les jumelles disparues, recueille des témoignages et des messages de sympathie sur la page de soutien. La révolte des pays arabes doit aussi beaucoup à ces fameux réseaux sociaux, qui permettent aux gens de communiquer très facilement et très rapidement, où qu’ils se trouvent dans le monde (pour autant que les autorités ne bloquent pas internet). Après le tremblement de terre au Japon, les téléphones ne fonctionnant plus, les gens donnent de leurs nouvelles via facebook et twitter.

Evidemment, tout ceci n’a d’intérêt que si on a des amis actifs, c’est-à-dire qui écrivent ou qui affichent des choses, et qui réagissent à ce que font les autres. Bien des personnes ont leur page, mais n’y vont jamais, un peu comme ces gens qui ont un téléphone mobile, mais qui ne l’allument jamais et qui ne donnent leur numéro à personne, pour ne pas être dérangés. Parmi mes amis, 50% environ sont inactifs, autant dire morts et sans intérêt (au sens de facebook, s’entend ; je les fréquente évidemment bien volontiers IRL *). L’amitié facebook, virtuelle, n’a en effet pas grand-chose à voir avec l’amitié réelle. C’est une forme de communication un peu distancée, comme le serait l’échange de SMS par rapport à une conversation face à face. On consulte sa page fb quand on veut, on ne peut donc pas être dérangé par ce qui s’y passe. La vie sur facebook regorge de ce genre d’humour que les gens s’échangent par le biais de mails collectifs, avec des photos rigolotes ou des Power Points débordant de sagesse américaine et qui se terminent inmanquablement par Envoie ceci à dix de tes amis dans l’heure qui suit et quelque chose de merveilleux t’arrivera. Sauf que là, pas besoin d’envoyer le message plus loin, une fois qu’il est affiché, tous vos amis le verront.

Les cassandres qui poussent des cris d’orfraie vous diront que facebook vous vole vos données privées, alors qu’on peut s’y inscrire sous le nom de Belle Auboidorman, dire qu’on est née Rostopchine en 1910, qu’on est végétarien et monarchiste. Ils vous diront qu’on espionne tous vos faits et gestes : tout dépend de ce qu’on écrit sur sa page et comment on verrouille ses paramètres de confidentialité. Oui, mais et les hackers ? Les hackers ont accès à votre courrier électronique, qui contient certainement des infos bien plus compromettantes que: Coincée dans les bouchons à cause du Salon de l’Auto ! Alors quel est l’intérêt de s’échanger des infos et des commentaire aussi banals ? Je comparerais ça à du bavardage de pause café, c’est un moyen de détente, d’amusement et à la pause non plus, vous n’allez pas dire que vous souffrez d’incontinence, que votre collègue vous emm…. ou que vous êtes tenté(e) de voter pour Ségolène. L’ambiance sur facebook a quelque chose de Disneyland : on est tous là pour dire coucou et bravo et J’aime à ses amis. Ce n’est pas par hasard que le bouton J’aime pas n’existe pas. Vos amis fb vous donnent de ces Streicheleinheiten #) dont la vie réelle est si avare.

On entend dire énormément de bêtises sur facebook. L’éternel scenario de votre patron qui lit que vous le traitez de gros porc ou qui voit des photos de vous à moitié nu et complètement ivre. Tout comme dans la vie réelle, il ne faut jamais insulter son patron en pensant qu’il n’en saura jamais rien et si vous menez une vie de bâton de chaise, les photos compromettantes peuvent atterrir sur le bureau de qui-il-ne-faut-pas même sans le concours de Mark Zuckerberg. Toute invention a ses bons et ses mauvais côtés : faut-il interdire le téléphone à cause du démarchage ou des appels obscènes ? Faut-il interdire internet parce qu’on y trouve les instructions pour fabriquer une bombe ? Faut-il interdire les voitures parce qu’on risque d’avoir un accident ?



Il y a surtout beaucoup d’ignorance et de fantasmes qui circulent. Les gens ne comprennent tout simplement pas comment ça fonctionne et échafaudent toutes sortes de scénarios catastrophe, où vous vous dévoilez devant le monde entier. Ils s’imaginent que n’importe qui peut écrire n’importe quoi sur votre « mur » et que tout le monde peut le lire. Que n’importe qui peut afficher des photos horribles qui détruiront votre réputation, votre carrière et qui pousseront votre conjoint / partenaire / chien à vous quitter à tout jamais. Comme dans la vraie vie, il faut choisir ses amis avec discernement et chasser ceux qui vous font du mal. Les artistes, écrivains, acteurs ont compris que facebook peut leur servir à la fois de vitrine et de fan club. Le service d’interprétation de la Commission européenne a d'ailleurs saisi cette perche: ils cherchent à attirer la relève, par définition jeune et branchée internet, par le biais de leur page Interpreting for Europe.

Facebook n’est ni un forum de discussion, ni un chat, ni une page internet ordinaire. C’est devenu pour moi comme un petit carré de chocolat que je consulte plusieurs fois par jour, je l’avoue (avec le iPhone, c’est si facile !), pour voir si mes amis ont encore affiché des photos marrantes, des liens intéressants ou s’ils ont réagi à ce que j’ai écrit. C’est un peu comme de jouer au ballon, on reçoit quelque chose en retour, une réaction, un contact, un dialogue. Alors pourquoi s’en priver ?


Voir aussi: http://tiina-gva.blogspot.com/2010/08/i-internet.html
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*) In Real Life
#) littéralement : unité de caresse, la monnaie de l’amour et de l’amitié. Comme quoi Schadenfreude n’est pas le seul mot allemand qui soit intraduisible et sans équivalent dans les autres langues

4 commentaires:

fireatheart a dit…

Il me viens une foule de points à récuser dans ton billet.
Ne serait-ce que FB a été en partie dans le but de recueillir le maximum d'infos sur ses membres pour les utiliser... contre eux finalement.
J'ai aussi lu plusieurs fois que FB était particulièrement vulnérable aux hackers.

Ne t'en es tu pas plainte toi-même: FB avait apparemment accès à ta boîte d'e-mails, et s'y servait! C'est juste?

fireatheart a dit…

FB, c'est un peu comme une Centrale Nucléaire: on ne peut plus s'en passer, mais en même temps, c'est une bombe qui n'attend que l'occasion de nous péter à la figure. :P

Tiina a dit…

En effet, tout mon carnet d'adresses a reçu une invitation à me rejoindre sur facebook. Mais il se peut aussi que j'aie cliqué sur le mauvais lien sans m'en rendre compte. Ce qui me dérange bien plus, c'est de recevoir un spam me proposant des vélos électriques environ 24h après avoir consulté des sites internet sur le même sujet. C'est une histoire de cookies. Bref, rien de ce qu'on fait sur internet ne reste confidentiel. Quant à mes infos sur fb, elles n'ont vraiment rien de secret...

Eeva a dit…

Etant une réfractaire à FB, je parle de quelque chose que je ne connais que très peu.
Ce n'est pas tant la crainte de me dévoiler qui me retient de me lancer dans l'aventure, mais d'autres reflexes.
- le fait même que FB devienne incontournable ou un passage obligé ( si une entreprise ou une organisation ne s'y trouve pas, ça semble poser un problème, donc désormais, il faut le site internet et le truc sur FB ? wow !). Il y a de l'obligation dans l'air - vite, fuyons !


- les ados étaient déjà sur MSN, maintenant il faut qu'ils soient également sur FB. Ils gèrent les retombées de leurs écrits avec plus ou moins de bonheur dans la réalité des cours d'école. D'où bagarres et complots.
- Certainement que le bilan de FB est globalement positif et que c'est inutile de s'opposer au progrès, mais je me méfie de la virtualité. J'ai une tendance Birkenstock et retour à lâge de la bougie qui m'empêche d'entrer de plein pied dans le 21è siècle.
- Les réseaux sociaux de toutes sortes prennent beaucoup de temps. Je me demande sur quoi je prendrais le temps pour m'adonner à FB.
Je devrais forcément renoncer à quelque chose dans la vie réelle ou délaisser mes actuels correspondants e-mail, moins lire les blogs (mais si j'ai bien compris, les textes des blogs se retrouvent sur FB, donc là, je pourrais "gagner" du temps ?) Soit on fait les choses comme il le faut (et ça prend du temps), soit on s'abstient.

Bref, vous l'aurez compris, je n'ai pas le profil pour me faire un profil !

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