jeudi 15 juillet 2010

There’s no place like home


Avec la vie de bâton de chaise que je mène, il m'arrive forcément parfois – et même souvent – de devoir loger à l'hôtel. C’est une vie qui peut paraître glamour aux yeux de certains, comme le fait de prendre l’avion pour se rendre au travail, mais les choses ne sont pas toujours aussi roses qu’on se l’imagine.

Il y a essentiellement trois raisons d’aller à l’hôtel : dormir, se laver et prendre le petit-déjeuner. Ça paraît tout bête, comme ça, mais les personnes qui conçoivent les chambres d’hôtel n’y ont certainement jamais passé une nuit de leur vie. Je passe sur les chambres bruyantes et exiguës, dans des quartiers chauds ou douteux, car je ne vais évidemment que dans des endroits "très bien".

Justement, à l’occasion d’une conférence, j’ai été logée par l’organisateur dans un hôtel cinq étoiles à Rome, dans lequel je ne retournerai certainement jamais, mais pas à cause du prix (que je ne connais d’ailleurs pas). La chambre était assez grande, donnait sur une cour moche, donc silencieuse, mais la climatisation était archi-bruyante et impossible à éteindre. J’ai passé la nuit avec des boules Quiès et un pull. Ça m’a permis d’apprendre que "bruit" se dit "rumore" en italien : la climatizzazzione fa molto rumore, ou quelque chose du genre. Et la douche : une magnifique salle de bains, avec pleins de petits flacons et de savonnettes parfumées, mais un mitigeur sorti tout droit de l’enfer : on avait le choix entre glacé et bouillant. Heureusement que je n’y ai passé qu’une nuit *). J’ai prolongé mon séjour à Rome, mais les nuitées suivantes, je les ai passées dans un hôtel bien plus ordinaire mais aussi bien plus confortable.



Quasiment tous les hôtels ont été traumatisés par les vols de cintres. Mais qui donc en est réduit à voler les cintres des hôtels ? A cause de ces âmes désespérées, les chambres sont désormais toutes équipées de ces cintres anti-vol archi-agaçants, qui demandent une patience infinie pour coincer le petit clou dans la petite fente du machin qui n’arrête pas de bouger. Grrr.

Le mini-bar : je ne m’en sers jamais, mais quand il n’y en a pas, j’ai forcément un yaourt à mettre au frais ou envie d’un petit whisky avant d’aller me coucher. Une fois que j’avais laissé un yaourt sur le rebord de la fenêtre, j’ai été réveillée au petit matin par un drôle de bruit qui faisait pic-pic-pic très doucement. C’était un oiseau, qui avait percé le couvercle en aluminium et qui s’offrait un petit festin. J’ai été épatée par cette capacité d’adaptation : l’oiseau savait qu’il y avait quelque chose de nourrissant sous le couvercle en alu.

De façon générale, les chambres sont très mal conçues. La lumière est toujours tamisée, à croire que les chambres d’hôtel ne servent qu’aux rendez-vous coquins. Si on a des documents à lire, le mieux est encore d’aller s’asseoir sur la cuvette des toilettes, en général, c’est bien éclairé. Les tables de travail sont rares. On doit se contenter des tables de chevet et de l’éclairage soft pour écrire ses cartes postales. La télévision est souvent mal placée : par exemple au plafond et on doit se coucher sur le lit pour la regarder. Ou alors s’asseoir au bout de lit, sans dossier. Parfois, il n’y a que trois chaînes locales, par exemple en polonais, et CNN. Youpie.



Les salles de bains sont un chapitre à part : une douche minuscule, mansardée ou la baignoire sans rideau ; ou alors la demi-paroi en verre qui vous oblige à vous coincer dans un coin si vous ne voulez pas tout inonder ; les flacons avec de minuscules goulots d’où rien ne sort ; les sachets de gel douche impossibles à ouvrir les mains mouillées ; un porte-savon en forme de grille sur lequel il est impossible de poser le sachet de gel douche qu’on a de toutes façons massacré en tentant de l’ouvrir ; ou alors, pas de savon du tout… Ma préférence va clairement au distributeur de gel-shampooing fixé au mur.

Le petit-déjeuner : il coûte en général plus cher qu’une entrecôte aux morilles. En France, il arrive encore très souvent qu’on vous serve un croissant et un morceau de baguette. C’est absolument délicieux et so very French ! mais certainement très choquant pour des gens soucieux de leur santé. Il arrive souvent qu’on doive se farcir une radio qui est réglée juste assez fort pour faire bruit de fond, mais pas assez pour qu’on puisse suivre les nouvelles. Il m’est arrivé récemment de démarrer ma journée en compagnie de Jimmy Hendrix. Peut mieux faire…

Heureusement, les hôtels sont tous devenus non-fumeurs : une chambre sentant la cigarette froide est totalement déprimante. Un de mes critères de réservation est désormais la WiFi. Les petits hôtels l’offrent généralement gratuitement, alors que les chaînes et les hôtels pour hommes d'affaires la font payer très cher. De nos jours, internet devrait faire partie des services offerts par les hôtels, au même titre que le sèche-cheveux ou la télévision.

Quand je trouve un hôtel qui fait tout juste – calme, oreillers à plume, douche agréable, bon petit-déjeuner – j’y retourne volontiers. Et quand le personnel commence à me reconnaître, je me sens presque at home. Mais en fin de compte, on n’est jamais si bien que chez soi.
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*) sans vouloir être parano… on a sans doute donné à l’interprète une des pires chambres. Je ne voudrais donc pas condamner l’hôtel dans sa totalité. Les ministres et les princesses se voient certainement attribuer de meilleures chambres

2 commentaires:

fireatheart a dit…

Il y a 2 jours, j'ai dormi dans une de ces chambres de l'enfer. Le pompon: Les murs étaient recouverts d'un enduit qui "dégoulinait" comme de la morve peinte dans un orange hyper agressif.
Le distributeur de savon liquide tombait en morceaux chaque fois que je m'en servais.
Les "tables" (2) se limitaient à deux petits triangles fixés dans le mur.
Par contre la clim a bien fonctionné le soir (mais plus le matin) et le lit était confortable.

Tiina a dit…

Le papier peint qui dégouline, comme dans Barton Fink?
http://www.examiner.com/images/blog/wysiwyg/image/FinkWallpaperbarton-fink.jpg

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